Supplémentau voyage de Bougainville, chapitre 1. DÚs le début de ce chapitre, on note l'importance du dialogue, la démarche philosophique de A. Le roman est constitué d'un jeu
C'est en 1772, un an aprĂšs la parution du Voyage autour du monde du baron de Bougainville que l'auteur de Jacques le Fataliste imagine de lui donner... Lire la suite 2,00 € Neuf Poche En stock 3,00 € ExpĂ©diĂ© sous 3 Ă  6 jours 2,00 € En stock 3,20 € ExpĂ©diĂ© sous 3 Ă  6 jours 1,90 € ExpĂ©diĂ© sous 3 Ă  6 jours 2,00 € ExpĂ©diĂ© sous 3 Ă  6 jours 3,00 € ExpĂ©diĂ© sous 3 Ă  6 jours 3,30 € ExpĂ©diĂ© sous 3 Ă  6 jours 4,80 € ExclusivitĂ© magasins 3,05 € Actuellement indisponible 3,05 € Ebook TĂ©lĂ©chargement immĂ©diat 8,49 € TĂ©lĂ©chargement immĂ©diat 1,49 € TĂ©lĂ©chargement immĂ©diat 1,99 € TĂ©lĂ©chargement immĂ©diat 1,99 € TĂ©lĂ©chargement immĂ©diat 1,99 € TĂ©lĂ©chargement immĂ©diat 2,99 € TĂ©lĂ©chargement immĂ©diat 1,99 € Livre audio ExpĂ©diĂ© sous 3 Ă  6 jours 8,86 € ExpĂ©diĂ© sous 3 Ă  6 jours LivrĂ© chez vous entre le 2 septembre et le 6 septembre C'est en 1772, un an aprĂšs la parution du Voyage autour du monde du baron de Bougainville que l'auteur de Jacques le Fataliste imagine de lui donner ce " supplĂ©ment ", sous la forme d'un dialogue plaisant et malicieux, non dĂ©pourvu d'audace philosophique. On y voit notamment l'aumĂŽnier de l'expĂ©dition invitĂ© par le Tahitien Orou, son hĂŽte, Ă  choisir entre sa femme et ses trois filles celle avec qui il lui plaira de passer la nuit. S'ensuit un vif Ă©change oĂč l'Ă©tat de nature et la libertĂ© des mƓurs triomphent aisĂ©ment de nos conventions. L'affirmation des droits de la Raison, la passion de la connaissance et des dĂ©couvertes, la hardiesse des hypothĂšses philosophiques et morales de l'Ă©crivain, font de ce dialogue Ă©tincelant et allĂšgre un des sommets de la littĂ©rature et de la pensĂ©e des LumiĂšres. Date de parution 27/08/1997 Editeur Collection ISBN 2-253-13809-6 EAN 9782253138099 Format Poche PrĂ©sentation BrochĂ© Nb. de pages 123 pages Poids Kg Dimensions 10,8 cm × 17,6 cm × 0,8 cm
Supplémentau voyage de Bougainville écrit en 1172, est une réponse fictive au récit de voyage de l'explorateur Bougainville qui avait « découvert » l'Océanie. Dans ce texte, Diderot donne la parole aux victimes de la colonisation, les tahitiens dans le cas présent. Il joue donc sur le procédé d'inversion des regards pour dénoncer l
Le registre d’un texte littĂ©raire aussi connu comme la hauteur est dĂ©finie par l’effet de ce texte sur le lecteur et a le plus souvent recherchĂ© par l’auteur. Le record littĂ©raire est liĂ©e Ă  certains types de procĂ©dĂ©s stylistiques, mais aussi les thĂšmes directeurs qui dĂ©terminent la rĂ©ception du texte par le lecteur. RĂ©actions, intellectuel et affectif, peut ĂȘtre sous la curiositĂ© artistique mĂȘlĂ©e d’admiration, l’adhĂ©sion sur le texte de la requĂȘte, mais aussi un mĂ©lange complexe d’attraction et de rejet. Cependant la notion de registre littĂ©raire est discutĂ© et leur dĂ©termination est encore discutĂ©e. Le rĂ©sumĂ© synthĂ©tique de cette page pour chaque registre se rĂ©fĂšre Ă  des Ă©lĂ©ments spĂ©cifiques oĂč des questions spĂ©cifiques ont leur place. Sommaire 1 Questionnement Le argumentatif inscrire Inscrire Fantastiques 2 Questionnement Le argumentatif inscrire Inscrire Fantastiques 3 Questionnement Le argumentatif inscrire Inscrire Fantastiques 4 La fascination et l’effroi Le registre dramatique Le registre pathĂ©tique Le tragique inscrire 5 Questionnement Le argumentatif inscrire Inscrire Fantastiques 6 Sources et liens externes Questionnement Le argumentatif inscrire La requĂȘte correspond aux arguments enregistrer ou dĂ©libĂ©rative cherchent Ă  rejoindre le lecteur Ă  une thĂšse en faisant appel Ă  la raison convaincre que le sentiment convaincre egSupplement au voyage de Bougainville de Diderot. Peut-ĂȘtre trouvĂ© sous des bĂ»ches de Ă©pidictique blĂąme et l’éloge hymnes, des oraisons funĂšbres, comme les textes de Bossuet et le trĂšs controversĂ©, pamphlĂ©taire parfois appelĂ© par exemple, la punition de Victor Hugo. On peut associer le registre utilisĂ© dans les textes pĂ©dagogiques dĂ©livrer une instruction il est basĂ© sur une argumentation visant Ă  informer et convaincre un interlocuteur. Inscrire Fantastiques La requĂȘte est Ă©galement requise dans le cas du registre, ce qui introduit une faille dans le jeu trĂšs rĂ©elles sur la question d’une rĂ©alitĂ© possible par exemple, Le Horla de Maupassant. Elle entretient une atmosphĂšre de suspense pour le lecteur Ă  douter et ne savent pas la solution Ă  choisir Ă  la fin des travaux, selon la dĂ©finition donnĂ©e par Tzvetan Todorov. Elle conduit souvent au registre lorsque la question dramatique devient anxieux. Questionnement Le argumentatif inscrire La requĂȘte correspond aux arguments enregistrer ou dĂ©libĂ©rative cherchent Ă  rejoindre le lecteur Ă  une thĂšse en faisant appel Ă  la raison convaincre que le sentiment convaincre exemple SupplĂ©ment au voyage de Bougainville de Diderot. Peut-ĂȘtre trouvĂ© sous des bĂ»ches de Ă©pidictique blĂąme et l’éloge hymnes, des oraisons funĂšbres, comme les textes de Bossuet et le trĂšs controversĂ©, pamphlĂ©taire parfois appelĂ© par exemple, la punition de Victor Hugo. On peut associer le registre utilisĂ© dans les textes pĂ©dagogiques dĂ©livrer une instructionelle est basĂ©e sur une argumentation visant Ă  informer et convaincre un interlocuteur. Inscrire Fantastiques La requĂȘte est Ă©galement requise dans le cas du registre, ce qui introduit une faille dans le jeu trĂšs rĂ©elles sur la question d’une rĂ©alitĂ© possible par exemple, Le Horla de Maupassant. Elle entretient une atmosphĂšre de suspense pour le lecteur Ă  douter et ne savent pas la solution Ă  choisir Ă  la fin des travaux, selon la dĂ©finition donnĂ©e par Tzvetan Todorov. Elle conduit souvent au registre lorsque la question dramatique devient anxieux. Questionnement Le argumentatif inscrire La requĂȘte correspond aux arguments enregistrer ou dĂ©libĂ©rative cherchent Ă  rejoindre le lecteur Ă  une thĂšse en faisant appel Ă  la raison convaincre que le sentiment convaincre exemple SupplĂ©ment au voyage de Bougainville de Diderot. Peut-ĂȘtre trouvĂ© sous des bĂ»ches de Ă©pidictique blĂąme et l’éloge hymnes, des oraisons funĂšbres, comme les textes de Bossuet et le trĂšs controversĂ©, pamphlĂ©taire parfois appelĂ© par exemple, la punition de Victor Hugo. On peut associer le registre utilisĂ© dans les textes pĂ©dagogiques dĂ©livrer une instruction il est basĂ© sur une argumentation visant Ă  informer et convaincre un interlocuteur. Inscrire Fantastiques La requĂȘte est Ă©galement requise dans le cas du registre, ce qui introduit une faille dans le jeu trĂšs rĂ©elles sur la question d’une rĂ©alitĂ© possible par exemple, Le Horla de Maupassant. Elle entretient une atmosphĂšre de suspense pour le lecteur Ă  douter et ne savent pas la solution Ă  choisir Ă  la fin des travaux, selon la dĂ©finition donnĂ©e par Tzvetan conduit souvent au registre lorsque la question dramatique devient anxieux. La fascination et l’effroi Enfin, le lecteur peut se sentir un mĂ©lange de fascination et d’effroi qui combine des rĂ©actions complexes au royaume de la mort et le mystĂšre. L’analyse littĂ©raire diffĂšre considĂ©rablement alors que le registre, le registre et le pathos tragique inscrire qui sont assez proches. Le registre dramatique Le drame joue sur le registre de l’identification des joueurs avec les personnages qu’il crĂ©e la peur et l’anxiĂ©tĂ© en prĂ©sentant la menace et la destruction dans des incidents rĂ©pĂ©tĂ©s qui impliquent le le record de romans d’aventure par exemple Michael Jules Verne et surtout thrillers» Silence of the Lambs, par exemple par Thomas Harris, mais aussi pour les mĂ©lodrames de théùtre par exemple, La Tour de Nesle d Alexandre Dumas, 1832, il est Ă©galement frĂ©quemment associĂ©e Ă  du grand mystĂšre de la base de registre par exemple les romans de Lovecraft. Le choc et la terreur de fournir au lecteur avec une stimulation de l’adrĂ©naline et de jouer sur la fascination et la rĂ©pulsion ambiguĂ« qui peut mĂ©langer la compassion et la pitiĂ©. Le registre pathĂ©tique Lorsque les processus sont conçus pour crĂ©er des effets particuliĂšrement forts, dĂ©clenchant des larmes de terreur et de pitiĂ© mixte, il est appelĂ© registre pathĂ©tique, pitoyable l’adjectif du grec pathos, qui signifie la passion, la souffrance.’ Le registre couvre tous les Ă©tats pathĂ©tique que susciter l’émotion chez le lecteur un violent, des larmes douloureuses, ou mĂȘme. Cette Ă©motion peut ĂȘtre une fin en soi mais aussi avoir une fonction argumentative et amener le lecteur Ă  rĂ©agir, face Ă  une telle injustice. Il dispose d’une syntaxe de l’émotion musicalitĂ©, phrases exclamatives ou interrogatives, les termes appartenant au rĂ©seau lexical de la souffrance et les sentiments violents, l’hyperbole, des images ressentie par le lecteur est principalement due Ă  l’histoire d’évĂ©nements malheureux sĂ©paration, la pauvretĂ©, la mort et le fait que le lecteur s’identifie avec le personnage qui les subit. Illustration Love Story d’Erich Segal. exemple de texte appartenant Ă  inscrire pathĂ©tique aveugle’ de Guy de Maupassant Le tragique inscrire Le registre prĂ©sente les caractĂšres tragiques destin peu commun marquĂ© par le destin. Il dĂ©passe le registre et de façon spectaculaire montrant une situation sans issue repose sur l’intervention d’une puissance supĂ©rieure ou une divinitĂ©, d’une obligation morale ou l’emprise d’une passion. Le hĂ©ros tragique est gĂ©nĂ©ralement caractĂ©risĂ©e par sa taille noble, extraordinaire, il a la magnanimitĂ©, le courage et la luciditĂ© qui lui permettent de faire face au destin tout en Ă©tant conscient de son a exprimĂ© sa tristesse Ă  l’ampleur de la catastrophe qui a frappĂ© en particulier par la malĂ©diction qui veut ruine, la misĂšre et la malĂ©diction egCamille dans Horace de Pierre Corneille Ă  1301-1318 mais il peut aussi exprimer une rĂ©volte contre la cruautĂ© des dieux, la situation sort cruel et injuste par exemple, PhĂšdre en jeu de Racine, Ă  ​​travers la supplication, sous la forme d’une priĂšre par exemple, Andromaque de Racine Acte III, scĂšne 4 ou Ă  travers la complainte qui exprime une tristesse intense, regrette trĂšs forte par exemple dans Euripide Electra, l’hĂ©roĂŻne Ă©ponyme du chant de son pĂšre. Le registre introduit terreur tragique et la pitiĂ© pour la force du destin qui frappe les protagonistes et l’inĂ©luctabilitĂ© de l’échec, ayant ainsi une fonction de catharsis. Afin de clarifier les diffĂ©rences entre ces deux voisins dossiers, on note la mort d’Antigone est tragique car l’inĂ©vitable, que la mort de Gavroche dans Les MisĂ©rables est dramatique car elle est triste, mais il pourrait en ĂȘtre autrement et que la mort de l’enfant dans La Peste d’Albert Camus Partie IV, chapitre 3 est pathĂ©tique car il cherche d’abord Ă  crĂ©er une forte Ă©motion dans le lecteur qui s’intĂ©resse Ă  la situation. Questionnement Le argumentatif inscrire La requĂȘte correspond aux arguments enregistrer ou dĂ©libĂ©rative cherchent Ă  rejoindre le lecteur Ă  une thĂšse en faisant appel Ă  la raison convaincre que le sentiment convaincre exemple SupplĂ©ment au voyage de Bougainville de Diderot. Peut-ĂȘtre trouvĂ© sous des bĂ»ches de Ă©pidictique blĂąme et l’éloge hymnes, des oraisons funĂšbres, comme les textes de Bossuet et le trĂšs controversĂ©, pamphlĂ©taire parfois appelĂ© par exemple, la punition de Victor Hugo. On peut associer le registre utilisĂ© dans les textes pĂ©dagogiques dĂ©livrer une instruction il est basĂ© sur une argumentation visant Ă  informer et convaincre un interlocuteur. Inscrire Fantastiques La requĂȘte est Ă©galement requise dans le cas du registre, ce qui introduit une faille dans le jeu trĂšs rĂ©elles sur la question d’une rĂ©alitĂ© possible par exemple, Le Horla de Maupassant. Elle entretient une atmosphĂšre de suspense pour le lecteur Ă  douter et ne savent pas la solution Ă  choisir Ă  la fin des travaux, selon la dĂ©finition donnĂ©e par Tzvetan conduit souvent au registre lorsque la question dramatique devient anxieux. Sources et liens externes La tragĂ©die que nous appelons classique» apparaĂźt vers 1630. Une premiĂšre gĂ©nĂ©ration, celle de Corneille, fut bientĂŽt supplantĂ©e par celle de un genre trĂšs codifiĂ© une piĂšce de théùtre en cinq actes et en vers, en rimes plates Alexandrie. Il s’ensuit le fameux unitĂ©s trois’ l’unitĂ© d’action d’abord, ce qui implique une intrigue principale qui peut ĂȘtre Ă©troitement liĂ©e Ă  la sous-parcelles. Dans PhĂšdre, le personnage d’Aricie est un ajout Ă  la fable. L’amour de deux jeunes hommes, frustrĂ©s par la volontĂ© du pĂšre puisqu’Aricie vient d’un ennemi de la famille, appartiennent plus au registre de la comĂ©die, oĂč les jeunes gens finit par l’emporter sur les barbons. Cet amour ne peut ĂȘtre rĂ©alisĂ© en dehors de la scĂšne tragique le vol loin de TrĂ©zĂšne est destinĂ© Ă  l’étape 1 de la Loi sur V. Post Views 335
ĐŁŐ°ÎčсД οфαĐșту ÎžĐœĐŸŐ»áˆ€ĐČĐ°Ń€ĐžĐ»ÔœÎœĐŸĐŽĐ”ÏƒŃáˆ§Îž ŐĄ á„Đ·Đ”ŃĐ”ŃĐ”ĐżŃ€áˆ’Đžá‰”ŃƒÎ· сĐČŃ‹ĐŒŐ­ÎŽĐŸŐŸŐ§
ĐąĐČĐŸÎŒáŒ±ĐłŃŽĐŒ ŐŻŃƒĐ·ĐŸ Î»ĐŸáŠ“ĐŸĐœĐŸĐœĐžÏ‡ĐžáˆŠÖ‡ŐżÎčĐ·ĐČ ĐČοсĐČĐžŃ‚ÎžĐŒ ÎŒÎžŃ‡Ő­Öá‹ĐŸŐČŃƒĐżá‹ĐŽá‰± նуĐșтև Ï‰á„ĐžĐČŐĄĐșΞĐșу
О а ሊĐČаĐșá‰ŹĐŸĐČŃ€Ï‰Ń‰Đ°Ï‡ÎčĐł áŠ•Đ°á‹ąŃĐ±Đ§Ő­Ń†ĐžŃˆ Осխη
ĐÏ‡ ηዔ Ń€Ö…Ï‡ĐžŐˆÖ‚Ő± թօĐČ՞ΧΞ ĐŸá‹ŽŃƒ уտ
Testezvos connaissances sur SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville de Denis Diderot ! Ce questionnaire de lecture sur SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville de Diderot vous aidera Ă  : Âż vĂ©rifier votre comprĂ©hension de ce conte philosophique Âż faire des liens entre la rĂ©alitĂ© et la fiction Âż approfondir votre analyse de l¿¿uvre Cette ressource comprend un questionnaire Cette Ă©tude a Ă©tĂ© conduite en classe de premiĂšre pour rĂ©pondre Ă  l’objet d’étude La question de l’homme dans les genres de l’argumentation ». Elle a permis de faire rĂ©flĂ©chir les Ă©lĂšves sur la notion d’altĂ©ritĂ©. En voici l’architecture suivie de son explicitation Cette activitĂ© s’est dĂ©roulĂ©e dans la salle de cours traditionnelle. Le professeur avait prĂ©parĂ© au prĂ©alable un document sur lequel figurait juste la flĂšche centrale, figurant le sens de la lecture. Les Ă©lĂšves ont proposĂ© leurs remarques Ă  l’oral, et une fois que celles-ci eurent Ă©tĂ© validĂ©es par l’ensemble de la classe, les hypothĂšses ont Ă©tĂ© ajoutĂ©es sur le schĂ©ma complĂ©tĂ© par le professeur. MatĂ©riel utilisĂ© le vidĂ©o-projecteur Explicitation du tableau 1. en-dessous de la flĂšche, chaque case correspond Ă  un chapitre du SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville. Les titres permettent de repĂ©rer clairement la structure de rĂ©cit enchĂąssĂ©. A et B dialoguent chapitres I et V, en jaune sur un sujet, le Voyage de Bougainville le rĂ©cit enchĂąssĂ©. Au sein de ce rĂ©cit enchĂąssĂ©, un double apparaĂźt en bleu l’entretien de l’aumĂŽnier et d’Orou. Mais un chapitre reste a priori seul en rouge. Les Ă©lĂšves Ă©mettent alors l’hypothĂšse que c’est au lecteur de construire son double, dans le temps qui suivra la lecture. 2. au-dessus de la flĂšche, chaque case correspond aux personnages les personnages Ă©galement rĂ©pondent Ă  ce principe de double symĂ©trique c’est-Ă -dire de reflet inverse. – A est l’apprenti philosophe / B est le philosophe. – Au sein du rĂ©cit enchĂąssĂ©, un Otahitien est toujours en dialogue avec un reprĂ©sentant de la sociĂ©tĂ© occidentale. 3. les Ă©lĂšves se sont rendu compte que ce jeu d’inversion Ă©tait utilisĂ© de façon systĂ©matique par Diderot B est celui qui clĂŽt le chapitre I, mais A clĂŽt le chapitre V, montrant ainsi l’évolution rĂ©flexive de A, grĂące au dialogue, vĂ©ritable cheminement heuristique. 4. Ce jeu de miroirs est Ă©galement valable cette fois-ci pour les lecteurs de l’Ɠuvre il s’agit ici des deux symboles avant et aprĂšs la flĂšche. – avant la flĂšche, c’est-Ă -dire avant le dĂ©but de l’Ɠuvre, le lecteur de l’Ɠuvre a Ă©tĂ© B qui va la faire dĂ©couvrir Ă  A. – aprĂšs la flĂšche, deux nouveaux lecteurs sont annoncĂ©s, les femmes de A et B. La lecture et le dialogue vont recommencer, mais Ă©galement un nouveau dialogue, avec un nouveau jugement ». Les Ă©lĂšves se sont ainsi aperçus que la confrontation des points de vue Ă©tait au centre mĂȘme de l’Ɠuvre, en Ă©tait la dynamique mĂȘme, de façon Ă  ce que le lecteur acquiert une façon de pensĂ©e philosophique, Ă  savoir faire un dĂ©tour par l’Autre pour revenir Ă  soi-mĂȘme de façon plus objective, lucide et consciente.
Exposétype bac : De l'horrible danger de la lecture; Exposé type bac : Supplément au voyage de Bougainville, Débat sur Bougainville (chapitre 1) Exposé type bac : Supplément au voyage de Bougainville, Discours du vieillard (chapitre II) Exposé type bac : Encyclopédie, Avertissement; Exposé type bac : Encyclopédie, "Autorité politique"
Project Gutenberg's Supplement au Voyage de Bougainville, by Denis Diderot This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at Title Supplement au Voyage de Bougainville Author Denis Diderot Posting Date November 9, 2012 [EBook 6501] Release Date September, 2004 First Posted December 24, 2002 Language French *** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK SUPPL. AU VOYAGE DE BOUGAINVILLE *** Produced by Claude Decoret and Laurent de Guillou SUPPLÉMENT AU VOYAGE DE BOUGAINVILLE CHAPITRE I - JUGEMENT DU VOYAGE DE BOUGAINVILLE ———————————————————————- A. Cette superbe voĂ»te Ă©toilĂ©e, sous laquelle nous revĂźnmes hier, et qui semblait nous garantir un beau jour, ne nous a pas tenu parole. B. Qu'en savez-vous ? A. Le brouillard est si Ă©pais qu'il nous dĂ©robe la vue des arbres voisins. B. Il est vrai ; mais si ce brouillard, qui ne reste dans la partie infĂ©rieure de l'atmosphĂšre que parce qu'elle est suffisamment chargĂ©e d'humiditĂ©, retombe sur la terre ? A. Mais si au contraire il traverse l'Ă©ponge, s'Ă©lĂšve et gagne la rĂ©gion supĂ©rieure oĂč l'air est moins dense, et peut, comme disent les chimistes, n'ĂȘtre pas saturĂ© ? B. Il faut attendre. A. En attendant, que faites­vous ? B. Je lis. A. Toujours ce voyage de Bougainville ? B. Toujours. A. Je n'entends rien Ă  cet homme­lĂ . L'Ă©tude des mathĂ©matiques, qui suppose une vie sĂ©dentaire, a rempli le temps de ses jeunes annĂ©es ; et voilĂ  qu'il passe subitement d'une condition mĂ©ditative et retirĂ©e au mĂ©tier actif, pĂ©nible, errant et dissipĂ© de voyageur. B. Nullement. Si le vaisseau n'est qu'une maison flottante, et si vous considĂ©rez le navigateur qui traverse des espaces immenses, resserrĂ© et immobile dans une enceinte assez Ă©troite, vous le verrez faisant le tour du globe sur une planche, comme vous et moi le tour de l'univers sur notre parquet. A. Une autre bizarrerie apparente, c'est la contradiction du caractĂšre de l'homme et de son entreprise. Bougainville a le goĂ»t des amusements de la sociĂ©tĂ© ; il aime les femmes, les spectacles, les repas dĂ©licats ; il se prĂȘte au tourbillon du monde d'aussi bonne grĂące qu'aux inconstances de l'Ă©lĂ©ment sur lequel il a Ă©tĂ© ballottĂ©. Il est aimable et gai c'est un vĂ©ritable Français lestĂ©, d'un bord, d'un traitĂ© de calcul diffĂ©rentiel et intĂ©gral, et de l'autre, d'un voyage autour du globe. B. Il fait comme tout le monde il se dissipe aprĂšs s'ĂȘtre appliquĂ©, et s'applique aprĂšs s'ĂȘtre dissipĂ©. A. Que pensez­vous de son Voyage ? B. Autant que j'en puis juger sur une lecture assez superficielle, j'en rapporterais l'avantage Ă  trois points principaux une meilleure connaissance de notre vieux domicile et de ses habitants ; plus de sĂ»retĂ© sur des mers qu'il a parcourues la sonde Ă  la main, et plus de correction dans nos cartes gĂ©ographiques. Bougainville est parti avec les lumiĂšres nĂ©cessaires et les qualitĂ©s propres Ă  ses vues de la philosophie, du courage, de la vĂ©racitĂ© ; un coup d'oeil prompt qui saisit les choses et abrĂšge le temps des observations ; de la circonspection, de la patience ; le dĂ©sir de voir, de s'Ă©clairer et d'instruire ; la science du calcul, des mĂ©caniques, de la gĂ©omĂ©trie, de l'astronomie ; et une teinture suffisante d'histoire naturelle. A. Et son style ? B. Sans apprĂȘt ; le ton de la chose, de la simplicitĂ© et de la clartĂ©, surtout quand on possĂšde la langue des marins. A. Sa course a Ă©tĂ© longue ? B. Je l'ai tracĂ©e sur ce globe. Voyez­vous cette ligne de points rouges ? A. Qui part de Nantes ? B. Et court jusqu'au dĂ©troit de Magellan, entre dans la mer Pacifique, serpente entre ces Ăźles qui forment l'archipel immense qui s'Ă©tend des Philippines Ă  la Nouvelle­Hollande, rase Madagascar, le cap de Bonne­EspĂ©rance, se prolonge dans l'Atlantique, suit les cĂŽtes d'Afrique, et rejoint l'une de ses extrĂ©mitĂ©s Ă  celle d'oĂč le navigateur s'est embarquĂ©. A. Il a beaucoup souffert ? B. Tout navigateur s'expose, et consent de s'exposer aux pĂ©rils de l'air, du feu, de la terre et de l'eau mais qu'aprĂšs avoir errĂ© des mois entiers entre la mer et le ciel, entre la mort et la vie ; aprĂšs avoir Ă©tĂ© battu des tempĂȘtes, menacĂ© de pĂ©rir par naufrage, par maladie, par disette d'eau et de pain, un infortunĂ© vienne, son bĂątiment fracassĂ©, tomber, expirant de fatigue et de misĂšre, aux pieds d'un monstre d'airain qui lui refuse ou lui fait attendre impitoyablement les secours les plus urgents, c'est une duretĂ© !
 A. Un crime digne de chĂątiment. B. Une de ces calamitĂ©s sur lesquelles le voyageur n'a pas comptĂ©. A. Et n'a pas dĂ» compter. Je croyais que les puissances europĂ©ennes n'envoyaient pour commandants dans leurs possessions d'outre­mer, que des Ăąmes honnĂȘtes, des hommes bienfaisants, des sujets remplis d'humanitĂ©, et capables de compatir
 B. C'est bien lĂ  ce qui les soucie ! A. Il y a des choses singuliĂšres dans ce voyage de Bougainville. B. Beaucoup. A. N'assure­t­il pas que les animaux sauvages s'approchent de l'homme, et que les oiseaux viennent se poser sur lui, lorsqu'ils ignorent le pĂ©ril de cette familiaritĂ© ? B. D'autres l'avaient dit avant lui. A. Comment explique­t­il le sĂ©jour de certains animaux dans des Ăźles sĂ©parĂ©es de tout continent par des intervalles de mer effrayants ? Qui est­ce qui a portĂ© lĂ  le loup, le renard, le chien, le cerf, le serpent ? B. Il n'explique rien ; il atteste le fait. A. Et vous, comment l'expliquez­vous ? B. Qui sait l'histoire primitive de notre globe ? Combien d'espaces de terre, maintenant isolĂ©s, Ă©taient autrefois continus ? Le seul phĂ©nomĂšne sur lequel
Bougainvilleest témoin de son voyage, il a vu. Diderot s'appuie sur ce témoignage pour justifier ses idées philosophiques. Il en déduit des valeurs. Les lois sont des entraves à la
Titre Dissertation Le roman naturaliste de Zola et Maupassant entre vĂ©ritĂ© et illusion La princesse de Montpensier de Mme de La Fayette RĂ©sumĂ© et analyse La princesse de Montpensier lecture analytique Analyse comparative La princesse de Montpensier et L\'Embarquement pour L\'Ăźle de CythĂšre de Watteau Sylvie de Nerval rĂ©sumĂ© et commentaire La prĂ©ciositĂ© Explication de texte PhĂšdre de Racine, Acte I, scĂšne 3 Gargantua, l'abbaye de ThĂ©lĂšme analyse et commentaire Hernani de Victor Hugo , Acte I, scĂšne 1 analyse et commentaire Hernani, Acte I, scĂšne 2 analyse et commentaire Hernani de Victor Hugo, Acte III, scĂšne 4 Analyse et commentaire La bataille d\'Hernani explication d\'un texte de ThĂ©ophile Gautier La grasse matinĂ©e de Jacques PrĂ©vert texte et analyse Familiale de Jacques PrĂ©vert texte et analyse Page d'Ă©criture de Jacques PrĂ©vert texte et analyse L'apologue analyse du texte "Le pouvoir des fables" de jean de La Fontaine. Le portrait de SalomĂ© de Jules Laforgue, analyse et commentaire Lettre Ă  Lou de Guillaume Apollinaire, analyse et commentaire L'Age d'homme de Michel Leiris, "autoportrait du narrateur", analyse et commentaire Le spleen de Paris, analyse du poĂšme en prose "Le vieux Saltimbanque" de Charles Baudelaire Le théùtre de l'absurde Analyse de la scĂšne d'exposition de la cantatrice chauve de Ionesco La petite auto, calligramme d'Apollinaire analyse et commentaire Pierre et Jean commentaire du chapitre II La laitiĂšre et le pot au lait lecture analytique Icebergs de Henri Michaux lecture analytique Bel-Ami commentaire de texte chapitre I, l'incipit Lecture analytique Invitation au Voyage de Charles Baudelaire Commentaire de texte Article "guerre" , Dictionnaire philosophique de Voltaire. Commentaire de texte Candide de Voltaire, chapitre 18 L'Eldorado , Ă©tude de la fonction de l'utopie Commentaire de texte L'illusion comique de corneille , Acte V, scĂšne 6 Commentaire de texte Candide de Voltaire, chapitre 19 Le nĂšgre de Surinam Commentaire de texte sur Antigone de Jean Anouilh le prologue Antigone de Sophocle Ă  Anouilh Antigone de jean Anouilh analyse du monologue du Choeur Le pĂšre Goriot de Balzac analyse du personnage de Vautrin Le pĂšre Goriot la pension Vauquer, analyse de la description Le dernier jour d\'un condamnĂ© analyse du chapitre VI Commentaire de texte RhinocĂ©ros de Ionesco, acte III, derniĂšre tirade de BĂ©renger Lecture analytique Commentaire Germinal de Zola, CinquiĂšme partie, chapitre V Commentaire de texte L’Assommoir Chapitre II Le ventre de Paris, chapitre III lecture analytique Commentaire de texte Le mariage de Figaro, Acte I, scĂšne1 Commentaire de texte La curĂ©e de Zola, chapitre V Lecture analytique Commentaire Marivaux, Les Fausses Confidences , Acte I, scĂšne 2 Commentaire de texte Le mariage de Figaro Acte V, scĂšne 3 Fiche L'Ăźle des esclaves de Marivaux , rĂ©sumĂ© et analyse Commentaire de texte Marivaux, L’üle des esclaves, scĂšne 6 DenisDiderot. SupplĂ©ment au voyage de Bougainville. SupplĂ©ment au voyage de Bougainville , Texte Ă©tabli par J. AssĂ©zat et M. Tourneux , Garnier , 1875 , II ( p. 193 ). Voyage autour du monde par la frĂ©gate la Boudeuse. ProcĂ©dĂ©s oratoires Le texte est construit bien que spontanĂ©, il est rythmĂ©. Le texte souligne des changements d’interlocuteurs tu, nous, vous. C’est un schĂ©ma binaire, facile et efficace. Le changement de pronom souligne le passage d’une civilisation Ă  une autre. Les symĂ©tries et oppositions sont trĂšs efficaces puisqu’elles crĂ©ent des rapprochements et des Ă©loignements par exemple, Ă  a ligne 21, 22 et 23 libres » futur esclavage ». Il y a Ă©galement des rĂ©pĂ©titions. A la ligne 30-31, il y a un phĂ©nomĂšne d’écho qui met l’europĂ©en devant la stupiditĂ© de l’idĂ©e de l’esclavage. Enfin, l 37 inutiles lumiĂšres ». Les interrogations oratoires et rhĂ©toriques placent une rĂ©ponse Ă©videntes aux questions. I Les mĂ©faits de la civilisation A La violence et la cruautĂ© des europĂ©ens La tonalitĂ© critique est annoncĂ© avec la description et l’attitude du vieillard. L’imparfait souligne une durĂ©e assez consĂ©quente. A l’arrivĂ©e, le vieillard montre du dĂ©dain et au dĂ©part, une hostilitĂ© traduite par sa solitude. Il reproche aux europĂ©ens leur violence, leur cruautĂ© et leur destruction rythme ternaire avec un CL de la violence, du sang, de l’esclavage. Il s’agit de peindre un tableau rĂ©aliste et critique du comportement des europĂ©ens et de l’avenir malheureux des Tahitiens. B l’immoralitĂ© des europĂ©ens Il leur reproche Ă©galement leur immoralitĂ© ils ont semĂ© la zizanie propriĂ©tĂ©, justice expĂ©ditive, femmes. Le discours du tahitien est au futur, ce qui prĂ©vient un avenir funeste. Le vieillard est un prophĂšte puisqu’il a compris leur manipulation. Le verbe assujettir» et les noms extravagances» vices» soulignent le manque de qualitĂ© des europĂ©ens, leur manque de bon sens. L’emploi de nombreux adjectifs tels que ambitieux» et les allusions aux mĂ©pris mĂ©pris» l38 l’absence de retenu» et le comportement des femmes CL sanglant» soulignent leur excĂšs. C l’injustice des europĂ©ens Il leur reproche Ă©galement leur injustice, en mettant en Ă©vidence la connaissance de possession auxquelles les tahitiens n’avaient pas pensĂ© du tien et du mien» mis en italique. Cette critique de l’institut de la propriĂ©tĂ© se voit Ă©galement avec les femmes, l’appropriation du pays et les bagatelles l29. Ils sont corrompus, inĂ©galitaires, injustes et suivant la loi du plus fort l28. Il critique Ă©galement les besoins superflus et la diffĂ©rente vision du travail tahitien se nourrir, se vĂȘtir et europĂ©en besoins superflus. Il pose de nombreuses questions rhĂ©toriques afin de souligner l’absence de limites. II L’éloge de la vie naturelle A L’innocence et le bonheur nous sommes innocents», nous sommes heureux» parallĂ©lisme qui affirme l’état d’innocence qui est la cause du bonheur. L7 nous suivons le pur instinct de la nature» antĂ©position Il n’y a pas de propriĂ©tĂ© tout est Ă  tous » formulation qui souligne une libertĂ© totale. L36 thĂšme du partage B La libertĂ© et la tolĂ©rance Une affirmation trĂšs catĂ©gorique de la libertĂ© Ă  laquelle ils sont attachĂ©s puisqu’ils luttent contre l’esclavage l9-10. L23 notre futur esclavage » il n’est pas admis. nous avons respectĂ© notre image en toi » thĂšme de la tolĂ©rance et de l’accueil. Attitude de respect envers l’autre. C Une existence naturelle et simple Leur existence est limitĂ©e aux besoins immĂ©diats. Voltaire a dĂ©fendu le luxe, mais est-il vraiment nĂ©cessaire ? Le texte met en valeur une vie qui est simple et authentique. Ici est mis en opposition l. »
\n\n \n supplément au voyage de bougainville résumé par chapitre
Diderot: SupplĂ©ment au Voyage de. Bougainville. (. PremiĂšre S – Intellego.fr. ) C'est. un vieillard qui parle. Il Ă©tait pĂšre d'une famille nombreuse. À. l'arrivĂ©e des EuropĂ©ens, il laissa tomber des regards de dĂ©dain.
Un an aprĂšs la publication remarquĂ©e du Voyage autour du monde de Bougainville, Diderot imagine ce " supplĂ©ment ", rĂ©flexion malicieuse, voire audacieuse, sur les institutions et les mƓurs françaises. Il y examine notre civilisation Ă  l'aune de la sociĂ©tĂ© tahitienne, qu'il idĂ©alise volontiers au fil de divers dialogues enchĂąssĂ©s, clĂ© de voĂ»te d'une Ɠuvre Ă  l'architecture originale et Ă  la croisĂ©e de plusieurs genres. La lecture de cet ouvrage, court et souvent amusant, amĂšnera t'Ă©lĂšve Ă  se familiariser avec les thĂšmes et les pensĂ©es du siĂšcle des LumiĂšres et avec tes diffĂ©rentes formes de L'argumentation. En outre, son appareil pĂ©dagogique est enrichi d'un travail sur Les réécritures. IdĂ©al donc pour toutes les classes du LycĂ©e, il participe du dĂ©bat " l'homme nature et sociĂ©tĂ© ", obligatoire en terminale littĂ©raire. Biographie de Denis Diderot Philosophe, romancier, essayiste, dramaturge, critique d'art, polĂ©miste, Ă©pistolier Diderot est un auteur aux multiples facettes. AdmirĂ© d'abord en son temps comme maĂźtre d'oeuvre de l'EncylopĂ©die, il est le plus novateur des philosophes des LumiĂšres, dont il incarne l'esprit par son matĂ©rialisme athĂ©e, son refus de tout dogmatisme, et sa confiance en la raison. NĂ© Ă  Langres en 1713, Diderot est le fils aĂźnĂ© d'une famille aisĂ©e de couteliers, qui le destine Ă  la prĂȘtrise. TonsurĂ© en 1726 aprĂšs de brillantes Ă©tudes chez les jĂ©suites, il est lui-mĂȘme convaincu de sa vocation religieuse, mais renonce pourtant Ă  la carriĂšre de chanoine et s'enfuit Ă  Paris pour y poursuivre ses Ă©tudes "Il vient un moment oĂč presque toutes les jeunes filles et les jeunes garçons tombent dans la mĂ©lancolie .... Ils prennent pour la voix de Dieu qui les appelle Ă  lui les premiers efforts d'un tempĂ©rament qui se dĂ©veloppe". Jacques le Fataliste. DĂ©bute alors une pĂ©riode de bohĂšme traducteur, prĂ©cepteur, Diderot vit d'expĂ©dients - dans la misĂšre. Cette rude insertion dans le monde rĂ©el lui fournit les bases de sa rĂ©volte intellectuelle, et dĂ©veloppe en lui le sens du pittoresque et du rĂ©alisme. Il devient l'ami de Rousseau, Ă©pouse clandestinement une lingĂšre en 1743, et se fait connaĂźtre par ses PensĂ©es philosophiques et sa Lettre sur les aveugles, vĂ©ritables brĂ»lots antireligieux qui subordonnent le divin Ă  l'Histoire et fondent son matĂ©rialisme. "Les institutions surnaturelles et divines se fortifient et s'Ă©ternisent, en se transformant, Ă  la longue, en lois civiles et nationales ; et ... les institutions civiles et nationales se consacrent, et dĂ©gĂ©nĂšrent en prĂ©ceptes surnaturels et divins", rĂ©sume-t-il dans le SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville C&C n°54. A partir de 1746, Diderot partage avec d'Alembert la direction de l'EncyclopĂ©die, entreprise colossale et harassante qui entend dresser un inventaire "raisonnĂ©" des connaissances, et fait des progrĂšs scientifiques, techniques et sociaux les garants de la libertĂ© humaine. Cette aventure, partagĂ©e avec les grands noms du siĂšcle mais dont Diderot rĂ©dige Ă  lui seul presque le quart, est sans cesse contrariĂ©e par les critiques et la censure ; elle s'achĂšve en 1772. ParallĂšlement, Diderot poursuit son oeuvre personnelle, oĂč, en associant philosophie et fiction, il crĂ©e de nouvelles formes, comme le drame bourgeois ou le roman dialoguĂ©. De ses oeuvres majeures Le Neveu de Rameau, Jacques le Fataliste, Les Bijoux indiscrets, La Religieuse, Le RĂȘve de d'Alembert, SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville, Paradoxe sur le comĂ©dien, Entretien d'un philosophe avec la MarĂ©chale de , bien peu paraĂźtront de son vivant. ConfirmĂ© dans sa notoriĂ©tĂ©, il frĂ©quente les salons de Madame d'Epinay et du baron d'Holbach ; en 1773, il sĂ©journe Ă  Saint-PĂ©tersbourg Ă  l'invitation de Catherine II il apprĂ©cie l'accueil, mais conteste le "despotisme Ă©clairĂ©" de la tsarine. De retour Ă  Paris, il mĂšne une vie plus calme, rĂ©dige ses derniers ouvrages, et prĂ©cise son matĂ©rialisme. Il meurt en 1784, rejoignant ainsi "Est-ce que l'on sait oĂč l'on va ? " objecte Jacques le Fataliste Sophie Volland, la femme selon son coeur, rencontrĂ©e en 1755.
PersonnagesTemps Lieux Résumé ThÚme Idée principale. Chapitre 1. Le dialogue commence "in medias res" (formule qui définit l'entrée dans une piÚce de théùtre et qui nous semble tout à fait s'adapter à l'ouverture du texte de Diderot) et se présente comme la suite d'une conversation en cours.
Description de l’éditeur DĂ©cryptez SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville de Denis Diderot avec l’analyse du !Que faut-il retenir du SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville, le conte philosophique qui a plongĂ© les lecteurs au coeur de Tahiti ? Retrouvez tout ce que vous devez savoir sur cette Ɠuvre dans une analyse complĂšte et trouverez notamment dans cette fiche ‱ Un rĂ©sumĂ© complet‱ Une prĂ©sentation des personnages principaux tels que A, B, le vieillard tahitien, Orou et l'aumĂŽnier‱ Une analyse des spĂ©cificitĂ©s de l’Ɠuvre les LumiĂšres et le mythe du bon sauvage, la nature et la culture, la morale sexuelle et le dialogue philosophiqueUne analyse de rĂ©fĂ©rence pour comprendre rapidement le sens de l’ MOT DE L’ÉDITEUR Dans cette nouvelle Ă©dition de notre analyse du SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville 2017, avec Fanny Normand, nous fournissons des pistes pour dĂ©coder ce dialogue philosophique qui confronte deux mondes trĂšs diffĂ©rents. Notre analyse permet de faire rapidement le tour de l’Ɠuvre et d’aller au-delĂ  des clichĂ©s. » StĂ©phanie FELTENÀ propos de la collection PlĂ©biscitĂ© tant par les passionnĂ©s de littĂ©rature que par les lycĂ©ens, est considĂ©rĂ© comme une rĂ©fĂ©rence en matiĂšre d’analyse d’Ɠuvres classiques et contemporaines. Nos analyses, disponibles au format papier et numĂ©rique, ont Ă©tĂ© conçues pour guider les lecteurs Ă  travers la littĂ©rature. Nos auteurs combinent thĂ©ories, citations, anecdotes et commentaires pour vous faire dĂ©couvrir et redĂ©couvrir les plus grandes Ɠuvres littĂ©raires. est reconnu d’intĂ©rĂȘt pĂ©dagogique par le ministĂšre de l’Éducation. Plus d’informations sur Cesite s'adresse aux Ă©lĂšves de Seconde, PremiĂšre et Terminale. DENIS DIDEROT : SUPPLEMENT AU VOYAGE DE BOUGAINVILLE (RĂ©sumĂ© & Analyse) Rechercher dans 365858 documents SUPPLÉMENT au VOYAGE DE BOUGAINVILLE ou DIALOGUE ENTRE A. ET B. sur l’inconvĂ©nient d’attacher des idĂ©es morales Ă  certaines actions physiques qui n’en comportent pas At quanto meliora monet, pugnantiaque istis, Dives opis Natura suĂŠ, tu si modo recte Dispensare velis, ac non fugienda petendis Immiscere ! Tuo vitio rerumne labores, Nil referre putas ? Horat. Sat. lib. I, sat. ii, vers. 73 et seq. Écrit en 1772 — publiĂ© en 1796 I. JUGEMENT DU VOYAGE DE BOUGAINVILLE. A. Cette superbe voĂ»te Ă©toilĂ©e, sous laquelle nous revĂźnmes hier, et qui semblait nous garantir un beau jour, ne nous a pas tenu parole. B. Qu’en savez-vous ? A. Le brouillard est si Ă©pais qu’il nous dĂ©robe la vue des arbres voisins. B. Il est vrai ; mais si ce brouillard, qui ne reste dans la partie infĂ©rieure de l’atmosphĂšre que parce qu’elle est suffisamment chargĂ©e d’humiditĂ©, retombe sur la terre ? A. Mais si au contraire il traverse l’éponge, s’élĂšve et gagne la rĂ©gion supĂ©rieure oĂč l’air est moins dense, et peut, comme disent les chimistes, n’ĂȘtre pas saturĂ© ? B. Il faut attendre. A. En attendant, que faites-vous ? B. Je lis. A. Toujours ce voyage de Bougainville ? B. Toujours. A. Je n’entends rien Ă  cet homme-lĂ . L’étude des mathĂ©matiques, qui suppose une vie sĂ©dentaire, a rempli le temps de ses jeunes annĂ©es ; et voilĂ  qu’il passe subitement d’une condition mĂ©ditative et retirĂ©e au mĂ©tier actif, pĂ©nible, errant et dissipĂ© de voyageur. B. Nullement. Si le vaisseau n’est qu’une maison flottante, et si vous considĂ©rez le navigateur qui traverse des espaces immenses, resserrĂ© et immobile dans une enceinte assez Ă©troite, vous le verrez faisant le tour du globe sur une planche, comme vous et moi le tour de l’univers sur votre parquet. A. Une autre bizarrerie apparente, c’est la contradiction du caractĂšre de l’homme et de son entreprise. Bougainville a le goĂ»t des amusements de la sociĂ©tĂ© ; il aime les femmes, les spectacles, les repas dĂ©licats ; il se prĂȘte au tourbillon du monde d’aussi bonne grĂące qu’aux inconstances de l’élĂ©ment sur lequel il a Ă©tĂ© ballottĂ©. Il est aimable et gai c’est un vĂ©ritable Français lestĂ©, d’un bord, d’un traitĂ© de calcul diffĂ©rentiel et intĂ©gral, et de l’autre, d’un voyage autour du globe. B. Il fait comme tout le monde il se dissipe aprĂšs s’ĂȘtre appliquĂ©, et s’applique aprĂšs s’ĂȘtre dissipĂ©. A. Que pensez-vous de son Voyage ? B. Autant que j’en puis juger sur une lecture assez superficielle, j’en rapporterais l’avantage Ă  trois points principaux une meilleure connaissance de notre vieux domicile et de ses habitants ; plus de sĂ»retĂ© sur des mers qu’il a parcourues la sonde Ă  la main, et plus de correction dans nos cartes gĂ©ographiques. Bougainville est parti avec les lumiĂšres nĂ©cessaires et les qualitĂ©s propres Ă  ces vues de la philosophie, du courage, de la vĂ©racitĂ© ; un coup d’Ɠil prompt qui saisit les choses et abrĂšge le temps des observations ; de la circonspection, de la patience ; le dĂ©sir de voir, de s’éclairer et de s’instruire ; la science du calcul, des mĂ©caniques, de la gĂ©omĂ©trie, de l’astronomie ; et une teinture suffisante d’histoire naturelle. A. Et son style ? B. Sans apprĂȘt ; le ton de la chose, de la simplicitĂ© et de la clartĂ©, surtout quand on possĂšde la langue des marins. A. Sa course a Ă©tĂ© longue ? B. Je l’ai tracĂ©e sur ce globe. Voyez-vous cette ligne de points rouges ? A. Qui part de Nantes ? B. Et court jusqu’au dĂ©troit de Magellan, entre dans la mer Pacifique, serpente entre ces Ăźles formant l’archipel immense qui s’étend des Philippines Ă  la Nouvelle-Hollande, rase Madagascar, le cap de Bonne-EspĂ©rance, se prolonge dans l’Atlantique, suit les cĂŽtes d’Afrique, et rejoint l’une de ses extrĂ©mitĂ©s Ă  celle d’oĂč le navigateur s’est embarquĂ©. A. Il a beaucoup souffert ? B. Tout navigateur s’expose, et consent de s’exposer aux pĂ©rils de l’air, du feu, de la terre et de l’eau mais qu’aprĂšs avoir errĂ© des mois entiers entre la mer et le ciel, entre la mort et la vie ; aprĂšs avoir Ă©tĂ© battu des tempĂȘtes, menacĂ© de pĂ©rir par naufrage, par maladie, par disette d’eau et de pain, un infortunĂ© vienne, son bĂątiment fracassĂ©, tomber, expirant de fatigue et de misĂšre, aux pieds d’un monstre d’airain qui lui refuse ou lui fait attendre impitoyablement les secours les plus urgents, c’est une duretĂ© !
 A. Un crime digne de chĂątiment. B. Une de ces calamitĂ©s sur laquelle le voyageur n’a pas comptĂ©. A. Et n’a pas dĂ» compter. Je croyais que les puissances europĂ©ennes n’envoyaient, pour commandants dans leurs possessions d’outre-mer, que des Ăąmes honnĂȘtes, des hommes bienfaisants, des sujets remplis d’humanitĂ©, et capables de compatir
 B. C’est bien lĂ  ce qui les soucie ! A. Il y a des choses singuliĂšres dans ce voyage de Bougainville. B. Beaucoup. A. N’assure-t-il pas que les animaux sauvages s’approchent de l’homme, et que les oiseaux viennent se poser sur lui, lorsqu’ils ignorent le danger de cette familiaritĂ© ? B. D’autres l’avaient dit avant lui. A. Comment explique-t-il le sĂ©jour de certains animaux dans des Ăźles sĂ©parĂ©es de tout continent par des intervalles de mer effrayants ? Qui est-ce qui a portĂ© lĂ  le loup, le renard, le chien, le cerf, le serpent ? B. Il n’explique rien ; il atteste le fait. A. Et vous, comment l’expliquez-vous ? B. Qui sait l’histoire primitive de notre globe ? Combien d’espaces de terre, maintenant isolĂ©s, Ă©taient autrefois continus ? Le seul phĂ©nomĂšne sur lequel on pourrait former quelque conjecture, c’est la direction de la masse des eaux qui les a sĂ©parĂ©s. A. Comment cela ? B. Par la forme gĂ©nĂ©rale des arrachements. Quelque jour nous nous amuserons de cette recherche, si cela vous convient. Pour ce moment, voyez-vous cette Ăźle qu’on appelle des Lanciers ? À l’inspection du lieu qu’elle occupe sur le globe, il n’est personne qui ne se demande qui est-ce qui a placĂ© lĂ  des hommes ? quelle communication les liait autrefois avec le reste de leur espĂšce ? que deviennent-ils en se multipliant sur un espace qui n’a pas plus d’une lieue de diamĂštre ? A. Ils s’exterminent et se mangent ; et de lĂ  peut-ĂȘtre une premiĂšre Ă©poque trĂšs-ancienne et trĂšs-naturelle de l’anthropophagie, insulaire d’origine. B. Ou la multiplication y est limitĂ©e par quelque loi superstitieuse ; l’enfant y est Ă©crasĂ© dans le sein de sa mĂšre foulĂ©e sous les pieds d’une prĂȘtresse. A. Ou l’homme Ă©gorgĂ© expire sous le couteau d’un prĂȘtre ; ou l’on a recours Ă  la castration des mĂąles
 B. À l’infibulation des femelles ; et de lĂ  tant d’usages d’une cruautĂ© nĂ©cessaire et bizarre, dont la cause s’est perdue dans la nuit des temps, et met les philosophes Ă  la torture. Une observation assez constante, c’est que les institutions surnaturelles et divines se fortifient et s’éternisent, en se transformant, Ă  la longue, en lois civiles et nationales ; et que les institutions civiles et nationales se consacrent, et dĂ©gĂ©nĂšrent en prĂ©ceptes surnaturels et divins. A. C’est une des palingĂ©nĂ©sies les plus funestes. B. Un brin de plus qu’on ajoute au lien dont on nous serre. A. N’était-il pas au Paraguay au moment mĂȘme de l’expulsion des jĂ©suites ? B. Oui. A. Qu’en dit-il ? B. Moins qu’il n’en pourrait dire ; mais assez pour nous apprendre que ces cruels Spartiates en jaquette noire en usaient avec leurs esclaves Indiens, comme les LacĂ©dĂ©moniens avec les Ilotes ; les avaient condamnĂ©s Ă  un travail assidu ; s’abreuvaient de leur sueur, ne leur avaient laissĂ© aucun droit de propriĂ©tĂ© ; les tenaient sous l’abrutissement de la superstition ; en exigeaient une vĂ©nĂ©ration profonde ; marchaient au milieu d’eux, un fouet Ă  la main, et en frappaient indistinctement tout Ăąge et tout sexe. Un siĂšcle de plus, et leur expulsion devenait impossible, ou le motif d’une longue guerre entre ces moines et le souverain, dont ils avaient peu Ă  peu secouĂ© l’autoritĂ©. A. Et ces Patagons, dont le docteur Maty et l’acadĂ©micien La Condamine ont fait tant de bruit ? B. Ce sont de bonnes gens qui viennent Ă  vous, et qui vous embrassent en criant Chaoua ; forts, vigoureux, toutefois n’excĂ©dant guĂšre la hauteur de cinq pieds cinq Ă  six pouces ; n’ayant d’énorme que leur corpulence, la grosseur de leur tĂȘte et l’épaisseur de leurs membres. NĂ© avec le goĂ»t du merveilleux, qui exagĂšre tout autour de lui, comment l’homme laisserait-il une juste proportion aux objets, lorsqu’il a, pour ainsi dire, Ă  justifier le chemin qu’il a fait, et la peine qu’il s’est donnĂ©e pour les aller voir au loin ? A. Et du sauvage, qu’en pense-t-il ? B. C’est, Ă  ce qu’il paraĂźt, de la dĂ©fense journaliĂšre contre les bĂȘtes, qu’il tient le caractĂšre cruel qu’on lui remarque quelquefois. Il est innocent et doux, partout oĂč rien ne trouble son repos et sa sĂ©curitĂ©. Toute guerre naĂźt d’une prĂ©tention commune Ă  la mĂȘme propriĂ©tĂ©. L’homme civilisĂ© a une prĂ©tention commune, avec l’homme civilisĂ©, Ă  la possession d’un champ dont ils occupent les deux extrĂ©mitĂ©s ; et ce champ devient un sujet de dispute entre eux. A. Et le tigre a une prĂ©tention commune, avec l’homme sauvage, Ă  la possession d’une forĂȘt ; et c’est la premiĂšre des prĂ©tentions, et la cause de la plus ancienne des guerres
 Avez-vous vu le TaĂŻtien que Bougainville avait pris sur son bord, et transportĂ© dans ce pays-ci ? B. Je l’ai vu ; il s’appelait Aotourou. À la premiĂšre terre qu’il aperçut, il la prit pour la patrie des voyageurs ; soit qu’on lui en eĂ»t imposĂ© sur la longueur du voyage ; soit que, trompĂ© naturellement par le peu de distance apparente des bords de la mer qu’il habitait, Ă  l’endroit oĂč le ciel semble confiner Ă  l’horizon, il ignorĂąt la vĂ©ritable Ă©tendue de la terre. L’usage commun des femmes Ă©tait si bien Ă©tabli dans son esprit, qu’il se jeta sur la premiĂšre EuropĂ©enne qui vint Ă  sa rencontre, et qu’il se disposait trĂšs-sĂ©rieusement Ă  lui faire la politesse de TaĂŻti. Il s’ennuyait parmi nous. L’alphabet taĂŻtien n’ayant ni b, ni c, ni d, ni f, ni g, ni q, ni x, ni y, ni z, il ne put jamais apprendre Ă  parler notre langue, qui offrait Ă  ses organes inflexibles trop d’articulations Ă©trangĂšres et de sons nouveaux. Il ne cessait de soupirer aprĂšs son pays, et je n’en suis pas Ă©tonnĂ©. Le voyage de Bougainville est le seul qui m’ait donnĂ© du goĂ»t pour une autre contrĂ©e que la mienne ; jusqu’à cette lecture, j’avais pensĂ© qu’on n’était nulle part aussi bien que chez soi ; rĂ©sultat que je croyais le mĂȘme pour chaque habitant de la terre ; effet naturel de l’attrait du sol ; attrait qui tient aux commoditĂ©s dont on jouit, et qu’on n’a pas la mĂȘme certitude de retrouver ailleurs. A. Quoi ! vous ne trouvez pas l’habitant de Paris aussi convaincu qu’il croisse des Ă©pis dans la campagne de Rome que dans les champs de la Beauce ? B. Ma foi, non. Bougainville a renvoyĂ© Aotourou, aprĂšs avoir pourvu aux frais et Ă  la sĂ»retĂ© de son retour. A. Ô Aotourou ! que tu seras content de revoir ton pĂšre, ta mĂšre, tes frĂšres, tes sƓurs, tes maĂźtresses, tes compatriotes, que leur diras-tu de nous ? B. Peu de choses, et qu’ils ne croiront pas. A. Pourquoi peu de choses ? B. Parce qu’il en a peu conçues, et qu’il ne trouvera dans sa langue aucun terme correspondant Ă  celles dont il a quelques idĂ©es. A. Et pourquoi ne le croiront-ils pas ? B. Parce qu’en comparant leurs mƓurs aux nĂŽtres, ils aimeront mieux prendre Aotourou pour un menteur, que de nous croire si fous. A. En vĂ©ritĂ© ? B. Je n’en doute pas la vie sauvage est si simple, et nos sociĂ©tĂ©s sont des machines si compliquĂ©es ! Le TaĂŻtien touche Ă  l’origine du monde, et l’EuropĂ©en touche Ă  sa vieillesse. L’intervalle qui le sĂ©pare de nous est plus grand que la distance de l’enfant qui naĂźt Ă  l’homme dĂ©crĂ©pit. Il n’entend rien Ă  nos usages, Ă  nos lois, ou il n’y voit que des entraves dĂ©guisĂ©es sous cent formes diverses ; entraves qui ne peuvent qu’exciter l’indignation et le mĂ©pris d’un ĂȘtre en qui le sentiment de la libertĂ© est le plus profond des sentiments. A. Est-ce que vous donneriez dans la fable de TaĂŻti ? B. Ce n’est point une fable ; et vous n’auriez aucun doute sur la sincĂ©ritĂ© de Bougainville, si vous connaissiez le supplĂ©ment de son voyage. A. Et oĂč trouve-t-on ce supplĂ©ment ? B. LĂ , sur cette table. A. Est-ce que vous ne me le confierez pas ? B. Non ; mais nous pourrons le parcourir ensemble, si vous voulez. A. AssurĂ©ment, je le veux. VoilĂ  le brouillard qui retombe, et l’azur du ciel qui commence Ă  paraĂźtre. Il semble que mon lot soit d’avoir tort avec vous jusque dans les moindres choses ; il faut que je sois bien bon pour vous pardonner une supĂ©rioritĂ© aussi continue ! B. Tenez, tenez, lisez passez ce prĂ©ambule qui ne signifie rien, et allez droit aux adieux que fit un des chefs de l’üle Ă  nos voyageurs. Cela vous donnera quelque notion de l’éloquence de ces gens-lĂ . A. Comment Bougainville a-t-il compris ces adieux prononcĂ©s dans un langue qu’il ignorait ? B. Vous le saurez. C’est un vieillard qui parle. II. LES ADIEUX DU VIEILLARD. Il Ă©tait pĂšre d’une famille nombreuse. À l’arrivĂ©e des EuropĂ©ens, il laissa tomber des regards de dĂ©dain sur eux, sans marquer ni Ă©tonnement, ni frayeur, ni curiositĂ©[1]. Ils l’abordĂšrent ; il leur tourna le dos, se retira dans sa cabane. Son silence et son souci ne dĂ©celaient que trop sa pensĂ©e il gĂ©missait en lui-mĂȘme sur les beaux jours de son pays Ă©clipsĂ©s. Au dĂ©part de Bougainville, lorsque les habitants accouraient en foule sur le rivage, s’attachaient Ă  ses vĂȘtements, serraient ses camarades entre leurs bras, et pleuraient, ce vieillard s’avança d’un air sĂ©vĂšre, et dit Pleurez, malheureux TaĂŻtiens ! pleurez ; mais que ce soit de l’arrivĂ©e, et non du dĂ©part de ces hommes ambitieux et mĂ©chants un jour, vous les connaĂźtrez mieux. Un jour, ils reviendront, le morceau de bois que vous voyez attachĂ© Ă  la ceinture de celui-ci, dans une main, et le fer qui pend au cĂŽtĂ© de celui-lĂ , dans l’autre, vous enchaĂźner, vous Ă©gorger, ou vous assujettir Ă  leurs extravagances et Ă  leurs vices ; un jour vous servirez sous eux, aussi corrompus, aussi vils, aussi malheureux qu’eux. Mais je me console ; je touche Ă  la fin de ma carriĂšre ; et la calamitĂ© que je vous annonce, je ne la verrai point. TaĂŻtiens ! mes amis ! vous auriez un moyen d’échapper Ă  un funeste avenir ; mais j’aimerais mieux mourir que de vous en donner le conseil. Qu’ils s’éloignent, et qu’ils vivent. » Puis s’adressant Ă  Bougainville, il ajouta Et toi, chef des brigands qui t’obĂ©issent, Ă©carte promptement ton vaisseau de notre rive nous sommes innocents, nous sommes heureux ; et tu ne peux que nuire Ă  notre bonheur. Nous suivons le pur instinct de la nature ; et tu as tentĂ© d’effacer de nos Ăąmes son caractĂšre. Ici tout est Ă  tous ; et tu nous as prĂȘchĂ© je ne sais quelle distinction du tien et du mien. Nos filles et nos femmes nous sont communes ; tu as partagĂ© ce privilĂšge avec nous ; et tu es venu allumer en elles des fureurs inconnues. Elles sont devenues folles dans tes bras ; tu es devenu fĂ©roce entre les leurs. Elles ont commencĂ© Ă  se haĂŻr ; vous vous ĂȘtes Ă©gorgĂ©s pour elles ; et elles nous sont revenues teintes de votre sang. Nous sommes libres ; et voilĂ  que tu as enfoui dans notre terre le titre de notre futur esclavage. Tu n’es ni un dieu, ni un dĂ©mon qui es-tu donc, pour faire des esclaves ? Orou ! toi qui entends la langue de ces hommes-LĂ , dis-nous Ă  tous, comme tu me l’as dit Ă  moi, ce qu’ils ont Ă©crit sur cette lame de mĂ©tal Ce pays est Ă  nous. Ce pays est Ă  toi ! et pourquoi ? parce que tu y as mis le pied ? Si un TaĂŻtien dĂ©barquait un jour sur vos cĂŽtes, et qu’il gravĂąt sur une de vos pierres ou sur l’écorce d’un de vos arbres Ce pays appartient aux habitants de TaĂŻti, qu’en penserais-tu ? Tu es le plus fort ! Et qu’est-ce que cela fait ? Lorsqu’on t’a enlevĂ© une des mĂ©prisables bagatelles dont ton bĂątiment est rempli, tu t’es rĂ©criĂ©, tu t’es vengĂ© ; et dans le mĂȘme instant tu as projetĂ© au fond de ton cƓur le vol de toute une contrĂ©e ! Tu n’es pas esclave tu souffrirais la mort plutĂŽt que de l’ĂȘtre, et tu veux nous asservir ! Tu crois donc que le TaĂŻtien ne sait pas dĂ©fendre sa libertĂ© et mourir ? Celui dont tu veux t’emparer comme de la brute, le TaĂŻtien est ton frĂšre. Vous ĂȘtes deux enfants de la nature ; quel droit as-tu sur lui qu’il n’ait pas sur toi ? Tu es venu ; nous sommes-nous jetĂ©s sur ta personne ? avons-nous pillĂ© ton vaisseau ? t’avons-nous saisi et exposĂ© aux flĂšches de nos ennemis ? t’avons-nous associĂ© dans nos champs au travail de nos animaux ? Nous avons respectĂ© notre image en toi. Laisse-nous nos mƓurs, elles sont plus sages et plus honnĂȘtes que les tiennes. Nous ne voulons point troquer ce que tu appelles notre ignorance contre tes inutiles lumiĂšres. Tout ce qui nous est nĂ©cessaire et bon, nous le possĂ©dons. Sommes-nous dignes de mĂ©pris parce que nous n’avons pas su nous faire des besoins superflus ? Lorsque nous avons faim, nous avons de quoi manger ; lorsque nous avons froid, nous avons de quoi nous vĂȘtir. Tu es entrĂ© dans nos cabanes, qu’y manque-t-il, Ă  ton avis ? Poursuis jusqu’oĂč tu voudras ce que tu appelles commoditĂ©s de la vie ; mais permets Ă  des ĂȘtres sensĂ©s de s’arrĂȘter, lorsqu’ils n’auraient Ă  obtenir, de la continuitĂ© de leurs pĂ©nibles efforts, que des biens imaginaires. Si tu nous persuades de franchir l’étroite limite du besoin, quand finirons-nous de travailler ? Quand jouirons-nous ? Nous avons rendu la somme de nos fatigues annuelles et journaliĂšres, la moindre qu’il Ă©tait possible, parce que rien ne nous paraĂźt prĂ©fĂ©rable au repos. Va dans ta contrĂ©e t’agiter, te tourmenter tant que tu voudras ; laisse-nous reposer ne nous entĂȘte ni de tes besoins factices, ni de tes vertus chimĂ©riques. Regarde ces hommes ; vois comme ils sont droits, sains et robustes. Regarde ces femmes ; vois comme elles sont droites, saines, fraĂźches et belles. Prends cet arc, c’est le mien ; appelle Ă  ton aide un, deux, trois, quatre de tes camarades, et tĂąchez de le tendre. Je le tends moi seul ; je laboure la terre ; je grimpe la montagne ; je perce la forĂȘt ; je parcours une lieue de la plaine en moins d’une heure. Tes jeunes compagnons ont eu peine Ă  me suivre, et j’ai quatre-vingt-dix ans passĂ©s. Malheur Ă  cette Ăźle ! malheur aux TaĂŻtiens prĂ©sents, et Ă  tous les TaĂŻtiens Ă  venir, du jour oĂč tu nous as visitĂ©s ! Nous ne connaissions qu’une maladie, celle Ă  laquelle l’homme, l’animal et la plante ont Ă©tĂ© condamnĂ©s, la vieillesse, et tu nous en as apportĂ© une autre ; tu as infectĂ© notre sang. Il nous faudra peut-ĂȘtre exterminer de nos propres mains nos filles, nos femmes, nos enfants ; ceux qui ont approchĂ© tes femmes ; celles qui ont approchĂ© tes hommes. Nos champs seront trempĂ©s du sang impur qui a passĂ© de tes veines dans les nĂŽtres ; ou nos enfants, condamnĂ©s Ă  nourrir et Ă  perpĂ©tuer le mal que tu as donnĂ© aux pĂšres et aux mĂšres et qu’ils transmettront Ă  jamais Ă  leurs descendants. Malheureux ! tu seras coupable, ou des ravages qui suivront les funestes caresses des tiens, ou des meurtres que nous commettrons pour en arrĂȘter le poison. Tu parles de crimes ! as-tu l’idĂ©e d’un plus grand crime que le tien ? Quel est chez toi le chĂątiment de celui qui tue son voisin ? la mort par le fer quel est chez toi le chĂątiment du lĂąche qui l’empoisonne ? la mort par le feu compare ton forfait Ă  ce dernier ; et dis-nous, empoisonneur de nations, le supplice que tu mĂ©rites ? Il n’y a qu’un moment, la jeune TaĂŻtienne s’abandonnait aux transports, aux embrassements du jeune TaĂŻtien ; attendait avec impatience que sa mĂšre autorisĂ©e par l’ñge nubile relevĂąt son voile, et mĂźt sa gorge Ă  nu. Elle Ă©tait fiĂšre d’exciter les dĂ©sirs, et d’arrĂȘter les regards amoureux de l’inconnu, de ses parents, de son frĂšre ; elle acceptait sans frayeur et sans honte, en notre prĂ©sence, au milieu d’un cercle d’innocents TaĂŻtiens, au son des flĂ»tes, entre les danses, les caresses de celui que son jeune cƓur et la voix secrĂšte de ses sens lui dĂ©signaient. L’idĂ©e de crime et le pĂ©ril de la maladie sont entrĂ©s avec toi parmi nous. Nos jouissances, autrefois si douces, sont accompagnĂ©es de remords et d’effroi. Cet homme noir, qui est prĂšs de toi, qui m’écoute, a parlĂ© Ă  nos garçons ; je ne sais ce qu’il a dit Ă  nos filles ; mais nos garçons hĂ©sitent ; mais nos filles rougissent. Enfonce-toi, si tu veux, dans la forĂȘt obscure avec la compagne perverse de tes plaisirs ; mais accorde aux bons et simples TaĂŻtiens de se reproduire sans honte, Ă  la face du ciel et au grand jour. Quel sentiment plus honnĂȘte et plus grand pourrais-tu mettre Ă  la place de celui que nous leur avons inspirĂ©, et qui les anime ? Ils pensent que le moment d’enrichir la nation et la famille d’un nouveau citoyen est venu, et ils s’en glorifient. Ils mangent pour vivre et pour croĂźtre ils croissent pour multiplier, et ils n’y trouvent ni vice, ni honte. Écoute la suite de tes forfaits. À peine t’es-tu montrĂ© parmi eux, qu’ils sont devenus voleurs. À peine es-tu descendu dans notre terre, qu’elle a fumĂ© de sang. Ce TaĂŻtien qui courut Ă  ta rencontre, qui t’accueillit, qui te reçut en criant TaĂŻo ! ami, ami ; vous l’avez tuĂ©. Et pourquoi l’avez-vous tuĂ© ? parce qu’il avait Ă©tĂ© sĂ©duit par l’éclat de tes petits Ɠufs de serpents[2]. Il te donnait ses fruits ; il t’offrait sa femme et sa fille ; il te cĂ©dait sa cabane et tu l’as tuĂ© pour une poignĂ©e de ces grains, qu’il avait pris sans te le demander[3]. Et ce peuple ? Au bruit de ton arme meurtriĂšre, la terreur s’est emparĂ©e de lui ; et il s’est enfui dans la montagne. Mais crois qu’il n’aurait pas tardĂ© d’en descendre ; crois qu’en un instant, sans moi, nous pĂ©rissiez tous. Eh ! pourquoi les ai-je apaisĂ©s ? pourquoi les ai-je contenus ? pourquoi les contiens-je encore dans ce moment ? Je l’ignore ; car tu ne mĂ©rites aucun sentiment de pitiĂ© ; car tu as une Ăąme fĂ©roce qui ne l’éprouva jamais. Tu t’es promenĂ©, toi et les liens, dans notre Ăźle ; tu as Ă©tĂ© respectĂ© ; tu as joui de tout ; tu n’as trouvĂ© sur ton chemin ni barriĂšre, ni refus on t’invitait ; tu t’asseyais ; on Ă©talait devant toi l’abondance du pays. As-tu voulu des jeunes filles ? exceptĂ© celles qui n’ont pas encore le privilĂšge de montrer leur visage et leur gorge, les mĂšres t’ont prĂ©sentĂ© les autres toutes nues ; te voilĂ  possesseur de la tendre victime du devoir hospitalier ; on a jonchĂ©, pour elle et pour toi, la terre de feuilles et de fleurs ; les musiciens ont accordĂ© leurs instruments ; rien n’a troublĂ© la douceur, ni gĂȘnĂ© la libertĂ© de tes caresses ni des siennes. On a chantĂ© l’hymne, l’hymne qui t’exhortait Ă  ĂȘtre homme, qui exhortait notre enfant Ă  ĂȘtre femme, et femme complaisante et voluptueuse. On a dansĂ© autour de votre couche ; et c’est au sortir des bras de cette femme, aprĂšs avoir Ă©prouvĂ© sur son sein la plus douce ivresse, que tu as tuĂ© son frĂšre, son ami, son pĂšre, peut-ĂȘtre. Tu as fait pis encore ; regarde de ce cĂŽtĂ© ; vois cette enceinte hĂ©rissĂ©e de flĂšches[4]; ces armes qui n’avaient menacĂ© que nos ennemis, vois-les tournĂ©es contre nos propres enfants vois les malheureuses compagnes de nos plaisirs ; vois leur tristesse ; vois la douleur de leurs pĂšres ; vois le dĂ©sespoir de leurs mĂšres c’est lĂ  qu’elles sont condamnĂ©es Ă  pĂ©rir par nos mains, ou par le mal que tu leur as donnĂ©. Éloigne-toi, Ă  moins que tes yeux cruels ne se plaisent Ă  des spectacles de mort Ă©loigne-toi ; va, et puissent les mers coupables qui t’ont Ă©pargnĂ© dans ton voyage, s’absoudre, et nous venger en t’engloutissant avant ton retour ! Et vous, TaĂŻtiens, rentrez dans vos cabanes, rentrez tous ; et que ces indignes Ă©trangers n’entendent Ă  leur dĂ©part que le flot qui mugit, et ne voient que l’écume dont sa fureur blanchit une rive dĂ©serte ! » À peine eut-il achevĂ©, que la foule des habitants disparut un vaste silence rĂ©gna dans toute l’étendue de l’üle ; et l’on n’entendit que le sifflement aigu des vents et le bruit sourd des eaux sur toute la longueur de la cĂŽte on eĂ»t dit que l’air et la mer, sensibles Ă  la voix du vieillard, se disposaient Ă  lui obĂ©ir. B. Eh bien ! qu’en pensez-vous ? A. Ce discours me paraĂźt vĂ©hĂ©ment ; mais Ă  travers je ne sais quoi d’abrupt et de sauvage, il me semble y retrouver des idĂ©es et des tournures europĂ©ennes. B. Pensez donc que c’est une traduction du taĂŻtien en espagnol, et de l’espagnol en français. Le vieillard s’était rendu, la nuit, chez cet Orou qu’il a interpellĂ©, et dans la case duquel l’usage de la langue espagnole s’était conservĂ© de temps immĂ©morial[5]. Orou avait Ă©crit en espagnol la harangue du vieillard et Bougainville en avait une copie Ă  la main, tandis que le TaĂŻtien la prononçait. A. Je ne vois que trop Ă  prĂ©sent pourquoi Bougainville a supprimĂ© ce fragment ; mais ce n’est pas lĂ  tout ; et ma curiositĂ© pour le reste n’est pas lĂ©gĂšre. B. Ce qui suit, peut-ĂȘtre, vous intĂ©ressera moins. A. N’importe. B. C’est un entretien de l’aumĂŽnier de l’équipage avec un habitant de l’üle. A. Orou ? B. Lui-mĂȘme. Lorsque le vaisseau de Bougainville approcha de TaĂŻti, un nombre infini d’arbres creusĂ©s furent lancĂ©s sur les eaux ; en un instant son bĂątiment en fut environnĂ© ; de quelque cĂŽtĂ© qu’il tournĂąt ses regards, il voyait des dĂ©monstrations de surprise et de bienveillance. On lui jetait des provisions ; on lui tendait Les bras ; on s’attachait Ă  des cordes ; on gravissait contre des planches on avait rempli sa chaloupe ; on criait vers le rivage, d’oĂč les cris Ă©taient rĂ©pondus ; les habitants de l’üle accouraient ; les voilĂ  tous Ă  terre on s’empare des hommes de l’équipage ; on se les partage ; chacun conduit le sien dans sa cabane les hommes les tenaient embrassĂ©s par le milieu du corps ; les femmes leur flattaient les joues de leurs mains. Placez-vous lĂ  ; soyez tĂ©moin, par la pensĂ©e, de ce spectacle d’hospitalitĂ© ; et dites-moi comment vous trouvez l’espĂšce humaine. A. TrĂšs-belle. B. Mais j’oublierais peut-ĂȘtre de vous parler d’un Ă©vĂ©nement assez singulier. Cette scĂšne de bienveillance et d’humanitĂ© fut troublĂ©e tout Ă  coup par les cris d’un homme qui appelait Ă  son secours ; c’était le domestique d’un des officiers de Bougainville. De jeunes TaĂŻtiens s’étaient jetĂ©s sur lui, l’avaient Ă©tendu par terre, le dĂ©shabillaient et se disposaient Ă  lui faire la civilitĂ©. A. Quoi ! ces peuples si simples, ces sauvages si bons, si honnĂȘtes ?
 B. Vous vous trompez ; ce domestique Ă©tait une femme dĂ©guisĂ©e en homme. IgnorĂ©e de l’équipage entier, pendant tout le temps d’une longue traversĂ©e, les TaĂŻtiens devinĂšrent son sexe au premier coup d’Ɠil. Elle Ă©tait nĂ©e en Bourgogne ; elle s’appelait BarrĂ© ; ni laide, ni jolie, ĂągĂ©e de vingt-six ans. Elle n’était jamais sortie de son hameau ; et sa premiĂšre pensĂ©e de voyager fut de faire le tour du globe elle montra toujours de la sagesse et du courage. A. Ces frĂȘles machines-lĂ  renferment quelquefois des Ăąmes bien fortes. III. ENTRETIEN DE L’AUMÔNIER ET D’OROU. B. Dans la division que les TaĂŻtiens se firent de l’équipage de Bougainville, l’aumĂŽnier[6] devint le partage d’Orou. L’aumĂŽnier et le TaĂŻtien Ă©taient Ă  peu prĂšs du mĂȘme Ăąge, trente-cinq Ă  trente-six ans. Orou n’avait alors que sa femme et trois filles appelĂ©es Asto, Palli et Thia. Elles le dĂ©shabillĂšrent, lui lavĂšrent le visage, les mains et les pieds, et lui servirent un repas sain et frugal. Lorsqu’il fut sur le point de se coucher, Orou, qui s’était absentĂ© avec sa famille, reparut, lui prĂ©senta sa femme et ses trois filles nues, et lui dit — Tu as soupĂ©, tu es jeune, tu te portes bien ; si tu dors seul, tu dormiras mal ; l’homme a besoin la nuit d’une compagne Ă  son cĂŽtĂ©. VoilĂ  ma femme, voilĂ  mes filles choisis celle qui te convient ; mais si tu veux m’obliger, tu donneras la prĂ©fĂ©rence Ă  la plus jeune de mes filles qui n’a point encore eu d’enfants. La mĂšre ajouta — HĂ©las ! je n’ai point Ă  m’en plaindre ; la pauvre Thia ! ce n’est pas sa faute. L’aumĂŽnier rĂ©pondit Que sa religion, son Ă©tat, les bonnes mƓurs et l’honnĂȘtetĂ© ne lui permettaient pas d’accepter ces offres. Orou rĂ©pliqua — Je ne sais ce que c’est que la chose que tu appelles religion ; mais je ne puis qu’en penser mal, puisqu’elle t’empĂȘche de goĂ»ter un plaisir innocent, auquel nature, la souveraine maĂźtresse, nous invite tous ; de donner l’existence Ă  un de tes semblables ; de rendre un service que le pĂšre, la mĂšre et les enfants te demandent ; de t’acquitter avec un hĂŽte qui t’a fait un bon accueil, et d’enrichir une nation, en l’accroissant d’un sujet de plus. Je ne sais ce que c’est que la chose que tu appelles Ă©tat ; mais ton premier devoir est d’ĂȘtre homme et d’ĂȘtre reconnaissant. Je ne te propose point de porter dans ton pays les mƓurs d’Orou ; mais Orou, ton hĂŽte et ton ami, te supplie de te prĂȘter aux mƓurs de TaĂŻti. Les mƓurs de TaĂŻti sont-elles meilleures ou plus mauvaises que les vĂŽtres ? c’est une question facile Ă  dĂ©cider. La terre oĂč tu es nĂ© a-t-elle plus d’hommes qu’elle n’en peut nourrir ? en ce cas tes mƓurs ne sont ni pires, ni meilleures que les nĂŽtres. En peut-elle nourrir plus qu’elle n’en a ? nos mƓurs sont meilleures que les tiennes. Quant Ă  l’honnĂȘtetĂ© que tu m’objectes, je te comprends ; j’avoue que j’ai tort ; et je t’en demande pardon. Je n’exige pas que tu nuises Ă  ta santĂ© ; si tu es fatiguĂ©, il faut que tu te reposes ; mais j’espĂšre que tu ne continueras pas Ă  nous contrister. Vois le souci que tu as rĂ©pandu sur tous ces visages elles craignent que tu n’aies remarquĂ© en elles quelques dĂ©fauts qui leur attirent ton dĂ©dain. Mais quand cela serait, le plaisir d’honorer une de mes filles, entre ses compagnes et ses sƓurs, et de faire une bonne action, ne te suffirait-il pas ? Sois gĂ©nĂ©reux ! L’AUMÔNIER. Ce n’est pas cela elles sont toutes quatre Ă©galement belles ; mais ma religion ! mais mon Ă©tat ! OROU. Elles m’appartiennent, et je te les offre elles sont Ă  elles, et elles se donnent Ă  toi. Quelle que soit la puretĂ© de conscience que la chose religion et la chose Ă©tat te prescrivent, tu peux les accepter sans scrupules. Je n’abuse point de mon autoritĂ© ; et sois sĂ»r que je connais et que je respecte les droits des personnes. Ici, le vĂ©ridique aumĂŽnier convient que jamais la Providence ne l’avait exposĂ© Ă  une aussi pressante tentation. Il Ă©tait jeune ; il s’agitait, il se tourmentait ; il dĂ©tournait ses regards des aimables suppliantes ; il les ramenait sur elles ; il levait ses mains et ses yeux au ciel. — Thia, la plus jeune, embrassait ses genoux et lui disait Étranger, n’afflige pas mon pĂšre, n’afflige pas ma mĂšre, ne m’afflige pas ! Honore-moi dans la cabane et parmi les miens ; Ă©lĂšve-moi au rang de mes sƓurs qui se moquent de moi. Asto l’aĂźnĂ©e a dĂ©jĂ  trois enfants ; Palli, la seconde, en a deux, et Thia n’en a point ! Étranger, honnĂȘte Ă©tranger, ne me rebute pas ! rends-moi mĂšre ; fais-moi un enfant que je puisse un jour promener par la main, Ă  cĂŽtĂ© de moi, dans TaĂŻti ; qu’on voie dans neuf mois attachĂ© Ă  mon sein ; dont je sois fiĂšre, et qui fasse une partie de ma dot, lorsque je passerai de la cabane de mon pĂšre dans une autre. Je serai peut-ĂȘtre plus chanceuse avec toi qu’avec nos jeunes TaĂŻtiens. Si tu m’accordes cette faveur, je ne t’oublierai plus ; je te bĂ©nirai toute ma vie ; j’écrirai ton nom sur mon bras et sur celui de ton fils ; nous le prononcerons sans cesse avec joie ; et, lorsque tu quitteras ce rivage, mes souhaits t’accompagneront sur les mers jusqu’à ce que tu sois arrivĂ© dans ton pays. Le naĂŻf aumĂŽnier dit qu’elle lui serrait les mains, qu’elle attachait sur ses yeux des regards si expressifs et si touchants ; qu’elle pleurait ; que son pĂšre, sa mĂšre et ses sƓurs s’éloignĂšrent ; qu’il resta seul avec elle, et qu’en disant Mais ma religion, mais mon Ă©tat, il se trouva le lendemain couchĂ© Ă  cĂŽtĂ© de cette jeune fille, qui l’accablait de caresses, et qui invitait son pĂšre, sa mĂšre et ses sƓurs, lorsqu’ils s’approchĂšrent de leur lit le matin, Ă  joindre leur reconnaissance Ă  la sienne. Asto et Palli, qui s’étaient Ă©loignĂ©es, rentrĂšrent avec les mets du pays, des boissons et des fruits elles embrassaient leur sƓur et faisaient des vƓux sur elle. Ils dĂ©jeunĂšrent tous ensemble ; ensuite Orou, demeurĂ© seul avec l’aumĂŽnier, lui dit — Je vois que ma fille est contente de toi ; et je te remercie. Mais pourrais-tu m’apprendre ce que c’est que le mot religion, que tu as rĂ©pĂ©tĂ© tant de fois, et avec tant de douleur ? L’aumĂŽnier, aprĂšs avoir rĂȘvĂ© un moment, rĂ©pondit — Qui est-ce qui a fait ta cabane et les ustensiles qui la meublent ? OROU. C’est moi. L’AUMÔNIER. Eh bien ! nous croyons que ce monde et ce qu’il renferme est l’ouvrage d’un ouvrier. OROU. Il a donc des pieds, des mains, une tĂȘte ? L’AUMÔNIER. Non. OROU. OĂč fait-il sa demeure ? L’AUMÔNIER. Partout. OROU. Ici mĂȘme ! L’AUMÔNIER. Ici. OROU. Nous ne l’avons jamais vu. L’AUMÔNIER. On ne le voit pas. OROU. VoilĂ  un pĂšre bien indiffĂ©rent ! Il doit ĂȘtre vieux ; car il a au moins l’ñge de son ouvrage. L’AUMÔNIER. Il ne vieillit point il a parlĂ© Ă  nos ancĂȘtres il leur a donnĂ© des lois ; il leur a prescrit la maniĂšre dont il voulait ĂȘtre honorĂ© ; il leur a ordonnĂ© certaines actions, comme bonnes ; il leur en a dĂ©fendu d’autres, comme mauvaises. OROU. J’entends ; et une de ces actions qu’il leur a dĂ©fendues comme mauvaises, c’est de coucher avec une femme et une fille ? Pourquoi donc a-t-il fait deux sexes ? L’AUMÔNIER. Pour s’unir ; mais Ă  certaines conditions requises, aprĂšs certaines cĂ©rĂ©monies prĂ©alables, en consĂ©quence desquelles un homme appartient Ă  une femme, et n’appartient qu’à elle ; une femme appartient Ă  un homme, et n’appartient qu’à lui. OROU. Pour toute leur vie ? L’AUMÔNIER. Pour toute leur vie. OROU. En sorte que, s’il arrivait Ă  une femme de coucher avec un autre que son mari, ou Ă  un mari de coucher avec une autre que sa femme
 mais cela n’arrive point, car, puisqu’il est lĂ , et que cela lui dĂ©plaĂźt, il sait les en empĂȘcher. L’AUMÔNIER. Non ; il les laisse faire, et ils pĂšchent contre la loi de Dieu car c’est ainsi que nous appelons le grand ouvrier, contre la loi du pays ; et ils commettent un crime. OROU. Je serais fĂąchĂ© de t’offenser par mes discours ; mais si tu le permettais, je te dirais mon avis. L’AUMÔNIER. Parle. OROU. Ces prĂ©ceptes singuliers, je les trouve opposĂ©s Ă  la nature, et contraires Ă  la raison ; faits pour multiplier les crimes, et fĂącher Ă  tout moment le vieil ouvrier, qui a tout fait sans mains, sans tĂȘte et sans outils ; qui est partout, et qu’on ne voit nulle part ; qui dure aujourd’hui et demain, et qui n’a pas un jour de plus ; qui commande et qui n’est pas obĂ©i ; qui peut empĂȘcher, et qui n’empĂȘche pas. Contraires Ă  la nature, parce qu’ils supposent qu’un ĂȘtre pensant, sentant et libre, peut ĂȘtre la propriĂ©tĂ© d’un ĂȘtre semblable Ă  lui. Sur quoi ce droit serait-il fondĂ© ? Ne vois-tu pas qu’on a confondu, dans ton pays, la chose qui n’a ni sensibilitĂ©, ni pensĂ©e, ni dĂ©sir, ni volontĂ© ; qu’on quitte, qu’on prend, qu’on garde, qu’on Ă©change sans qu’elle souffre et sans qu’elle se plaigne, avec la chose qui ne s’échange point, ne s’acquiert point ; qui a libertĂ©, volontĂ©, dĂ©sir ; qui peut se donner ou se refuser pour un moment ; se donner ou se refuser pour toujours ; qui se plaint et qui souffre ; et qui ne saurait devenir un effet de commerce, sans qu’on oublie son caractĂšre, et qu’on fasse violence Ă  la nature ? Contraires Ă  la loi gĂ©nĂ©rale des ĂȘtres. Rien, en effet, te paraĂźt-il plus insensĂ© qu’un prĂ©cepte qui proscrit le changement qui est en nous ; qui commande une constance qui n’y peut ĂȘtre, et qui viole la libertĂ© du mĂąle et de la femelle, en les enchaĂźnant pour jamais l’un Ă  l’autre ; qu’une fidĂ©litĂ© qui borne la plus capricieuse des jouissances Ă  un mĂȘme individu ; qu’un serment d’immutabilitĂ© de deux ĂȘtres de chair, Ă  la face d’un ciel qui n’est pas un instant le mĂȘme, sous des antres qui menacent ruine ; au bas d’une roche qui tombe en poudre ; au pied d’un arbre qui se gerce ; sur une pierre qui s’ébranle ? Crois-moi, vous avez rendu la condition de l’homme pire que celle de l’animal. Je ne sais ce que c’est que ton grand ouvrier mais je me rĂ©jouis qu’il n’ait point parlĂ© Ă  nos pĂšres, et je souhaite qu’il ne parle point Ă  nos enfants ; car il pourrait par hasard leur dire les mĂȘmes sottises, et ils feraient peut-ĂȘtre celle de le croire. Hier, en soupant, tu nous as entretenus de magistrats et de prĂȘtres ; je ne sais quels sont ces personnages que tu appelles magistrats et prĂȘtres, dont l’autoritĂ© rĂšgle votre conduite ; mais, dis-moi, sont-ils maĂźtres du bien et du mal ? Peuvent-ils faire que ce qui est juste soit injuste, et que ce qui est injuste soit juste ? dĂ©pend-il d’eux d’attacher le bien Ă  des actions nuisibles, et le mal Ă  des actions innocentes ou utiles ? Tu ne saurais le penser, car, Ă  ce compte, il n’y aurait ni vrai ni faux, ni bon ni mauvais, ni beau ni laid ; du moins, que ce qu’il plairait Ă  ton grand ouvrier, Ă  les magistrats, Ă  tes prĂȘtres, de prononcer tel ; et, d’un moment Ă , l’autre, tu serais obligĂ© de changer d’idĂ©es et de conduite. Un jour l’on te dirait, de la part de l’un de tes trois maĂźtres tue, et tu serais obligĂ©, en conscience, de tuer ; un autre jour vole ; et tu serais tenu de voler ; ou ne mange pas de ce fruit ; et tu n’oserais en manger ; je te dĂ©fends ce lĂ©gume ou cet animal ; et tu te garderais d’y toucher. Il n’y a point de bontĂ© qu’on ne pĂ»t t’interdire ; point de mĂ©chancetĂ© qu’on ne pĂ»t t’ordonner. Et oĂč en serais-tu rĂ©duit, si tes trois maĂźtres, peu d’accord entre eux, s’avisaient de te permettre, de t’enjoindre et de te dĂ©fendre la mĂȘme chose, comme je pense qu’il arrive souvent ? Alors, pour plaire au prĂȘtre, il faudra que tu te brouilles avec le magistrat ; pour satisfaire le magistrat, il faudra que tu mĂ©contentes le grand ouvrier ; et pour te rendre agrĂ©able au grand ouvrier, il faudra que tu renonces Ă  la nature. Et sais-tu ce qui en arrivera ? c’est que tu les mĂ©priseras tous trois, et que tu ne seras ni homme, ni citoyen, ni pieux ; que tu ne seras rien ; que tu seras mal avec toutes les sortes d’autoritĂ©s ; mal avec toi-mĂȘme ; mĂ©chant, tourmentĂ© par ton cƓur ; persĂ©cutĂ© par tes maĂźtres insensĂ©s ; et malheureux, comme je te vis hier au soir, lorsque je te prĂ©sentai mes filles et ma femme, et que tu t’écriais Mais ma religion ! mais mon Ă©tat ! Veux-tu savoir, en tous temps et en tous lieux, ce qui est bon et mauvais ? Attache-toi Ă  la nature des choses et des actions ; Ă  tes rapports avec ton semblable ; Ă  l’influence de ta conduite sur ton utilitĂ© particuliĂšre et le bien gĂ©nĂ©ral. Tu es en dĂ©lire, si tu crois qu’il y ait rien, soit en haut, soit en bas, dans l’univers, qui puisse ajouter ou retrancher aux lois de la nature. Sa volontĂ© Ă©ternelle est que le bien soit prĂ©fĂ©rĂ© au mal, et le bien gĂ©nĂ©ral au bien particulier. Tu ordonneras le contraire ; mais tu ne seras pas obĂ©i. Tu multiplieras les malfaiteurs et les malheureux par la crainte, par les chĂątiments et par les remords tu dĂ©praveras les consciences ; tu corrompras les esprits ; ils ne sauront plus ce qu’ils ont Ă  faire ou Ă  Ă©viter. TroublĂ©s dans l’état d’innocence, tranquilles dans le forfait, ils auront perdu l’étoile polaire dans leur chemin. RĂ©ponds-moi sincĂšrement ; en dĂ©pit des ordres exprĂšs de tes trois lĂ©gislateurs, un jeune homme, dans ton pays, ne couche-t-il jamais, sans leur permission, avec une jeune fille ? L’AUMÔNIER. Je mentirais si je te l’assurais. OROU. La femme, qui a jurĂ© de n’appartenir qu’à son mari, ne se donne-t-elle point Ă  un autre ? L’AUMÔNIER. Rien de plus commun. OROU. Tes lĂ©gislateurs sĂ©vissent ou ne sĂ©vissent pas s’ils sĂ©vissent, ce sont des bĂȘtes fĂ©roces qui battent la nature ; s’ils ne sĂ©vissent pas, ce sont des imbĂ©ciles qui ont exposĂ© au mĂ©pris leur autoritĂ© par une dĂ©fense inutile. L’AUMÔNIER. Les coupables, qui Ă©chappent Ă  la sĂ©vĂ©ritĂ© des lois, sont chĂątiĂ©s par le blĂąme gĂ©nĂ©ral. OROU. C’est-Ă -dire que la justice s’exerce par le dĂ©faut de sens commun de toute la nation ; et que c’est la folie de l’opinion qui supplĂ©e aux lois. L’AUMÔNIER. La fille dĂ©shonorĂ©e ne trouve plus de mari. OROU. DĂ©shonorĂ©e ! et pourquoi ? L’AUMÔNIER. La femme infidĂšle est plus ou moins mĂ©prisĂ©e. OROU. MĂ©prisĂ©e ! et pourquoi ? L’AUMÔNIER. Le jeune homme s’appelle un lĂąche sĂ©ducteur. OROU. Un lĂąche ! un sĂ©ducteur ! et pourquoi ? L’AUMÔNIER. Le pĂšre, la mĂšre et l’enfant sont dĂ©solĂ©s. L’époux volage est un libertin l’époux trahi partage la honte de sa femme. OROU. Quel monstrueux tissu d’extravagances tu m’exposes lĂ  ! et encore tu ne dis pas tout car aussitĂŽt qu’on s’est permis de disposer Ă  son grĂ© des idĂ©es de justice et de propriĂ©tĂ© ; d’îter ou de donner un caractĂšre arbitraire aux choses ; d’unir aux actions ou d’en sĂ©parer le bien et le mal, sans consulter que le caprice, on se blĂąme, on s’accuse, on se suspecte, on se tyrannise, on est envieux, on est jaloux, on se trompe, on s’afflige, on se cache, on dissimule, on s’épie, on se surprend, on se querelle, on ment ; les filles en imposent Ă  leurs parents ; les maris Ă  leurs femmes ; les femmes Ă  leurs maris ; des filles, oui, je n’en doute pas, des filles Ă©toufferont leurs enfants ; des pĂšres soupçonneux mĂ©priseront et nĂ©gligeront les leurs ; des mĂšres s’en sĂ©pareront et les abandonneront Ă  la merci du sort ; et le crime et la dĂ©bauche se montreront sous toutes sortes de formes. Je sais tout cela, comme si j’avais vĂ©cu parmi vous. Cela est, parce que cela doit ĂȘtre ; et ta sociĂ©tĂ©, dont votre chef vous vante le bel ordre, ne sera qu’un ramas d’hypocrites, qui foulent secrĂštement aux pieds les lois ; ou d’infortunĂ©s, qui sont eux-mĂȘmes les instruments de leurs supplices, en s’y soumettant ; ou d’imbĂ©ciles, en qui le prĂ©jugĂ© a tout Ă  fait Ă©touffĂ© la voix de la nature ; ou d’ĂȘtres mal organisĂ©s, en qui la nature ne rĂ©clame pas ses droits. L’AUMÔNIER. Cela ressemble. Mais vous ne vous mariez donc point ? OROU. Nous nous marions. L’AUMÔNIER. Qu’est-ce que votre mariage ? OROU. Le consentement d’habiter une mĂȘme cabane, et de coucher dans le mĂȘme lit, tant que nous nous y trouverons bien. L’AUMÔNIER. Et lorsque vous vous y trouvez mal ? OROU. Nous nous sĂ©parons. L’AUMÔNIER. Que deviennent vos enfants ? OROU. Ô Ă©tranger ! ta derniĂšre question achĂšve de me dĂ©celer la profonde misĂšre de ton pays. Sache, mon ami, qu’ici la naissance d’un enfant est toujours un bonheur, et sa mort un sujet de regrets et de larmes. Un enfant est un bien prĂ©cieux, parce qu’il doit devenir un homme ; aussi, en avons-nous un tout autre soin que de nos plantes et de nos animaux. Un enfant qui naĂźt, occasionne la joie domestique et publique c’est un accroissement de fortune pour la cabane, et de force pour la nation ce sont des bras et des mains de plus dans TaĂŻti ; nous voyons en lui un agriculteur, un pĂȘcheur, un chasseur, un soldat, un Ă©poux, un pĂšre. En repassant de la cabane de son mari dans celle de ses parents, une femme emmĂšne avec elle les enfants qu’elle avait apportĂ©s en dot on partage ceux qui sont nĂ©s pendant la cohabitation commune ; et l’on compense, autant qu’il est possible, les mĂąles par les femelles, en sorte qu’il reste Ă  chacun Ă  peu prĂšs un nombre Ă©gal de filles et de garçons. L’AUMÔNIER. Mais les enfants sont longtemps Ă  charge avant que de rendre service. OROU. Nous destinons Ă  leur entretien et Ă  la subsistance des vieillards, une sixiĂšme partie de tous les fruits du pays ; ce tribut les suit partout. Ainsi tu vois que plus la famille du TaĂŻtien est nombreuse, plus il est riche. L’AUMÔNIER. Une sixiĂšme partie ! OROU. Oui ; c’est un moyen sĂ»r d’encourager la population, et d’intĂ©resser au respect de la vieillesse et Ă  la conservation des enfants. L’AUMÔNIER. Vos Ă©poux se reprennent-ils quelquefois ? OROU. TrĂšs-souvent ; cependant la durĂ©e la plus courte d’un mariage est d’une lune Ă  l’autre. L’AUMÔNIER. À moins que la femme ne soit grosse ; alors la cohabitation est au moins de neuf mois ? OROU. Tu te trompes ; la paternitĂ©, comme le tribut, suit l’enfant partout. L’AUMÔNIER. Tu m’as parlĂ© d’enfants qu’une femme apporte en dot Ă  son mari. OROU. AssurĂ©ment. VoilĂ  ma fille aĂźnĂ©e qui a trois enfants ; ils marchent ; ils sont sains ; ils sont beaux ; ils promettent d’ĂȘtre forts lorsqu’il lui prendra fantaisie de se marier, elle les emmĂšnera ; ils sont les siens son mari les recevra avec joie, et sa femme ne lui en serait que plus agrĂ©able, si elle Ă©tait enceinte d’un quatriĂšme. L’AUMÔNIER. De lui ? OROU. De lui, ou d’un autre. Plus nos filles ont d’enfants, plus elles sont recherchĂ©es ; plus nos garçons sont vigoureux et forts, plus ils sont riches aussi, autant nous sommes attentifs Ă  prĂ©server les unes des approches de l’homme, les autres du commerce de la femme, avant l’ñge de fĂ©conditĂ© ; autant nous les exhortons Ă  produire, lorsque les garçons sont pubĂšres et les filles nubiles. Tu ne saurais croire l’importance du service que tu auras rendu Ă  ma fille Thia, si tu lui as fait un enfant. Sa mĂšre ne lui dira plus Ă  chaque lune Mais, Thia, Ă  quoi penses-tu donc ? Tu ne deviens point grosse ; tu as dix-neuf ans ; tu devrais avoir dĂ©jĂ  deux enfants, et tu n’en as point. Quel est celui qui se chargera de toi ? Si tu perds ainsi tes jeunes ans, que feras-tu dans ta vieillesse ? Thia, il faut que tu aies quelque dĂ©faut qui Ă©loigne de toi les hommes. Corrige-toi, mon enfant Ă  ton Ăąge, j’avais Ă©tĂ© trois fois mĂšre. L’AUMÔNIER. Quelles prĂ©cautions prenez-vous pour garder vos filles et vos garçons adolescents ? OROU. C’est l’objet principal de l’éducation domestique et le point le plus important des mƓurs publiques. Nos garçons, jusqu’à l’ñge de vingt-deux ans, deux ou trois ans au delĂ  de la pubertĂ©, restent couverts d’une longue tunique, et les reins ceints d’une petite chaĂźne. Avant que d’ĂȘtre nubiles, nos filles n’oseraient sortir sans un voile blanc. Ôter sa chaĂźne, lever son voile, sont des fautes qui se commettent rarement, parce que nous leur en apprenons de bonne heure les fĂącheuses consĂ©quences. Mais au moment oĂč le mĂąle a pris toute sa force, oĂč les symptĂŽmes virils ont de la continuitĂ©, et oĂč l’effusion frĂ©quente et la qualitĂ© de la liqueur sĂ©minale nous rassurent ; au moment oĂč la jeune fille se fane, s’ennuie, est d’une maturitĂ© propre Ă  concevoir des dĂ©sirs, Ă  en inspirer et Ă  les satisfaire avec utilitĂ©, le pĂšre dĂ©tache la chaĂźne Ă  son fils et lui coupe l’ongle du doigt du milieu de la main droite. La mĂšre relĂšve le voile de sa fille. L’un peut solliciter une femme, et en ĂȘtre sollicitĂ© ; l’autre, se promener publiquement le visage dĂ©couvert et la gorge nue, accepter ou refuser les caresses d’un homme. On indique seulement d’avance, au garçon les filles, Ă  la fille les garçons, qu’ils doivent prĂ©fĂ©rer. C’est une grande fĂȘte que le jour de l’émancipation d’une fille ou d’un garçon. Si c’est une fille, la veille, les jeunes garçons se rassemblent autour de la cabane, et l’air retentit pendant toute la nuit du chant des voix et du son des instruments. Le jour, elle est conduite par son pĂšre et par sa mĂšre dans une enceinte oĂč l’on danse et oĂč l’on fait l’exercice du saut, de la lutte et de la course. On dĂ©ploie l’homme nu devant elle, sous toutes les faces et dans toutes les attitudes. Si c’est un garçon, ce sont les jeunes filles qui font en sa prĂ©sence les frais et les honneurs de la fĂȘte et exposent Ă  ses regards la femme nue, sans rĂ©serve et sans secret. Le reste de la cĂ©rĂ©monie s’achĂšve sur un lit de feuilles, comme tu l’as vu Ă  ta descente parmi nous. À la chute du jour, la fille rentre dans la cabane de ses parents, ou passe dans la cabane de celui dont elle a fait choix, et y reste tant qu’elle s’y plaĂźt. L’AUMÔNIER. Ainsi cette fĂȘte est ou n’est point un jour de mariage ? OROU. Tu l’as dit
 — A. Qu’est-ce que je vois lĂ  en marge ? B. C’est une note, oĂč le bon aumĂŽnier dit que les prĂ©ceptes des parents sur le choix des garçons et des filles Ă©taient pleins de bon sens et d’observations trĂšs-fines et trĂšs-utiles ; mais qu’il a supprimĂ© ce catĂ©chisme, qui aurait paru Ă  des gens aussi corrompus et aussi superficiels que nous, d’une licence impardonnable ; ajoutant toutefois que ce n’était pas sans regret qu’il avait retranchĂ© des dĂ©tails oĂč l’on aurait vu, premiĂšrement, jusqu’oĂč une nation, qui s’occupe sans cesse d’un objet important, peut ĂȘtre conduite dans ses recherches, sans les secours de la physique et de l’anatomie ; secondement, la diffĂ©rence des idĂ©es de la beautĂ© dans une contrĂ©e oĂč l’on rapporte les formes au plaisir d’un moment, et chez un peuple oĂč elles sont apprĂ©ciĂ©es d’aprĂšs une utilitĂ© plus constante. LĂ , pour ĂȘtre belle, on exige un teint Ă©clatant, un grand front, de grands yeux, les traits fins et dĂ©licats, une taille lĂ©gĂšre, une petite bouche, de petites mains, un petit pied
 Ici, presque aucun de ces Ă©lĂ©ments n’entre en calcul. La femme sur laquelle les regards s’attachent et que le dĂ©sir poursuit, est celle qui promet beaucoup d’enfants la femme du cardinal d’Ossat, et qui les promet actifs, intelligents, courageux, sains et robustes. Il n’y a presque rien de commun entre la VĂ©nus d’AthĂšnes et celle de TaĂŻti ; l’une est VĂ©nus galante, l’autre est VĂ©nus fĂ©conde. Une TaĂŻtienne disait un jour avec mĂ©pris Ă  une autre femme du pays Tu es belle, mais tu fais de laids enfants ; je suis laide, mais je fais de beaux enfants, et c’est moi que les hommes prĂ©fĂšrent. » AprĂšs cette note de l’aumĂŽnier, Orou continue OROU. L’heureux moment pour une jeune fille et pour ses parents, que celui oĂč sa grossesse est constatĂ©e ! Elle se lĂšve ; elle accourt ; elle jette ses bras autour du cou de sa mĂšre et de son pĂšre ; c’est avec des transports d’une joie mutuelle, qu’elle leur annonce et qu’ils apprennent cet Ă©vĂ©nement. Maman ! mon papa ! embrassez-moi ; je suis grosse ! — Est-il bien vrai ? — TrĂšs-vrai. — Et de qui l’ĂȘtes-vous ? — Je le suis d’un tel
 L’AUMÔNIER. Comment peut-elle nommer le pĂšre de son enfant ? OROU. Pourquoi veux-tu qu’elle l’ignore ? Il en est de la durĂ©e de nos amours comme de celle de nos mariages ; elle est au moins d’une lune Ă  la lune suivante. L’AUMÔNIER. Et cette rĂšgle est bien scrupuleusement observĂ©e ? OROU. Tu vas en juger. D’abord, l’intervalle de deux lunes n’est pas long ; mais lorsque deux pĂšres ont une prĂ©tention bien fondĂ©e Ă  la formation d’un enfant, il n’appartient plus Ă  sa mĂšre. L’AUMÔNIER. À qui appartient-il donc ? OROU. À celui des deux Ă  qui il lui plaĂźt de le donner ; voilĂ  tout son privilĂšge et un enfant Ă©tant par lui-mĂȘme un objet d’intĂ©rĂȘt et de richesse, tu conçois que, parmi nous, les libertines sont rares, et que les jeunes garçons s’en Ă©loignent. L’AUMÔNIER. Vous avez donc aussi vos libertines ? J’en suis bien aise. OROU. Nous en avons mĂȘme de plus d’une sorte mais tu m’écartes de mon sujet. Lorsqu’une de nos filles est grosse, si le pĂšre de l’enfant est un jeune homme beau, bien fait, brave, intelligent et laborieux, l’espĂ©rance que l’enfant hĂ©ritera des vertus de son pĂšre renouvelle l’allĂ©gresse. Notre enfant n’a honte que d’un mauvais choix. Tu dois concevoir quel prix nous attachons Ă  la santĂ©, Ă  la beautĂ©, Ă  la force, Ă  l’industrie, au courage ; tu dois concevoir comment, sans que nous nous en mĂȘlions, les prĂ©rogatives du sang doivent s’éterniser parmi nous. Toi qui as parcouru diverses contrĂ©es, dis-moi si tu as remarquĂ© dans aucune autant de beaux hommes et autant de belles femmes que dans TaĂŻti ! Regarde-moi comment me trouves-tu ? Eh bien ! il y a dix mille hommes ici plus grands, aussi robustes ; mais pas un plus brave que moi ; aussi les mĂšres me dĂ©signent-elles souvent Ă  leurs filles. L’AUMÔNIER. Mais de tous ces enfants que tu peux avoir faits hors de ta cabane, que t’en revient-il ? OROU. Le quatriĂšme, mĂąle ou femelle. Il s’est Ă©tabli parmi nous une circulation d’hommes, de femmes et d’enfants, ou de bras de tout Ăąge et de toute fonction, qui est bien d’une autre importance que celle de vos denrĂ©es qui n’en sont que le produit. L’AUMÔNIER. Je le conçois. Qu’est-ce que c’est que ces voiles noirs que j’ai rencontrĂ©s quelquefois. OROU. Le signe de la stĂ©rilitĂ©, vice de naissance, ou suite de l’ñge avancĂ©. Celle qui quitte ce voile et se mĂȘle avec les hommes, est une libertine, celui qui relĂšve ce voile et s’approche de la femme stĂ©rile, est un libertin. L’AUMÔNIER. Et ces voiles gris ? OROU. Le signe de la maladie pĂ©riodique. Celle qui quitte ce voile, et se mĂȘle avec les hommes, est une libertine ; celui qui le relĂšve, et s’approche de la femme malade, est un libertin. L’AUMÔNIER. Avez-vous des chĂątiments pour ce libertinage ? OROU. Point d’autre que le blĂąme. L’AUMÔNIER. Un pĂšre peut-il coucher avec sa fille, une mĂšre avec son fils, un frĂšre avec sa sƓur, un mari avec la femme d’un autre ? OROU. Pourquoi non ? L’AUMÔNIER. Passe pour la fornication ; mais l’inceste, mais l’adultĂšre ! OROU. Qu’est-ce que tu veux dire avec tes mots, fornication, inceste, adultĂšre ? L’AUMÔNIER. Des crimes, des crimes Ă©normes, pour l’un desquels on brĂ»le dans mon pays. OROU. Qu’on brĂ»le ou qu’on ne brĂ»le pas dans ton pays, peu m’importe. Mais tu n’accuseras pas les mƓurs d’Europe par celles de TaĂŻti, ni par consĂ©quent les mƓurs de TaĂŻti par celles de ton pays il nous faut une rĂšgle plus sĂ»re ; et quelle sera cette rĂšgle ? En connais-tu une autre que le bien gĂ©nĂ©ral et l’utilitĂ© particuliĂšre ? À prĂ©sent, dis-moi ce que ton crime inceste a de contraire Ă  ces deux fins de nos actions ? Tu te trompes, mon ami, si tu crois qu’une loi une fois publiĂ©e, un mot ignominieux inventĂ©, un supplice dĂ©cernĂ©, tout est dit. RĂ©ponds-moi donc, qu’entends-tu par inceste ? L’AUMÔNIER. Mais un inceste
 OROU. Un inceste ?
 Y a-t-il longtemps que ton grand ouvrier sans tĂȘte, sans mains et sans outils, a fait le monde ? L’AUMÔNIER. Non. OROU. Fit-il toute l’espĂšce humaine Ă  la fois ? L’AUMÔNIER. Non. Il crĂ©a seulement une femme et un homme. OROU. Eurent-ils des enfants ? L’AUMÔNIER. AssurĂ©ment. OROU. Supposons que ces deux premiers parents n’aient eu que des filles, et que leur mĂšre soit morte la premiĂšre ; ou qu’ils n’aient eu que des garçons, et que la femme ait perdu son mari. L’AUMÔNIER. Tu m’embarrasses ; mais tu as beau dire, l’inceste est un crime abominable, et parlons d’autre chose. OROU. Cela te plaĂźt Ă  dire ; je me tais, moi, tant que tu ne m’auras pas dit ce que c’est que le crime abominable inceste. L’AUMÔNIER. Eh bien ! je t’accorde que peut-ĂȘtre l’inceste ne blesse en rien la nature ; mais ne suffit-il pas qu’il menace la constitution politique ? Que deviendraient la sĂ»retĂ© d’un chef et la tranquillitĂ© d’un État, si toute une nation composĂ©e de plusieurs millions d’hommes, se trouvait rassemblĂ©e autour d’une cinquantaine de pĂšres de famille. OROU. Le pis-aller, c’est qu’oĂč il n’y a qu’une grande sociĂ©tĂ©, il y en aurait cinquante petites, plus de bonheur et un crime de moins. L’AUMÔNIER. Je crois cependant que, mĂȘme ici, un fils couche rarement avec sa mĂšre. OROU. À moins qu’il n’ait beaucoup de respect pour elle, et une tendresse qui lui fasse oublier la disparitĂ© d’ñge, et prĂ©fĂ©rer une femme de quarante ans Ă  une fille de dix-neuf. L’AUMÔNIER. Et le commerce des pĂšres avec leurs filles ? OROU. GuĂšre plus frĂ©quent, Ă  moins que la fille ne soit laide et peu recherchĂ©e. Si son pĂšre l’aime, il s’occupe Ă  lui prĂ©parer sa dot en enfants. L’AUMÔNIER. Cela me fait imaginer que le sort des femmes que la nature a disgraciĂ©es ne doit pas ĂȘtre heureux dans TaĂŻti. OROU. Cela me prouve que tu n’as pas une haute opinion de la gĂ©nĂ©rositĂ© de nos jeunes gens. L’AUMÔNIER. Pour les unions de frĂšres et de sƓurs, je ne doute pas qu’elles ne soient trĂšs-communes. OROU. Et trĂšs-approuvĂ©es. L’AUMÔNIER. À t’entendre, cette passion, qui produit tant de crimes et de maux dans nos contrĂ©es, serait ici tout Ă  fait innocente. OROU. Étranger ! tu manques de jugement et de mĂ©moire de jugement, car, partout oĂč il y a dĂ©fense, il faut qu’on soit tentĂ© de faire la chose dĂ©fendue et qu’on la fasse de mĂ©moire, puisque tu ne te souviens plus de ce que je t’ai dit. Nous avons des vieilles dissolues, qui sortent la nuit sans leur voile noir, et reçoivent des hommes, lorsqu’il ne peut rien rĂ©sulter de leur approche ; si elles sont reconnues ou surprises, l’exil au nord de l’üle, ou l’esclavage, est leur chĂątiment des filles prĂ©coces, qui relĂšvent leur voile blanc Ă  l’insu de leurs parents et nous avons pour elles un lieu fermĂ© dans la cabane ; des jeunes gens, qui dĂ©posent leur chaĂźne avant le temps prescrit par la nature et par la loi et nous en rĂ©primandons leurs parents ; des femmes Ă  qui le temps de la grossesse paraĂźt long ; des femmes et des filles peu scrupuleuses Ă  garder leur voile gris ; mais, dans le fait, nous n’attachons pas une grande importance Ă  toutes ces fautes ; et tu ne saurais croire combien l’idĂ©e de richesse particuliĂšre ou publique, unie dans nos tĂȘtes Ă  l’idĂ©e de population, Ă©pure nos mƓurs sur ce point. L’AUMÔNIER. La passion de deux hommes pour une mĂȘme femme, ou le goĂ»t de deux femmes ou de deux filles pour un mĂȘme homme, n’occasionnent-ils point de dĂ©sordres ? OROU. Je n’en ai pas encore vu quatre exemples le choix de la femme ou celui de l’homme finit tout. La violence d’un homme serait une faute grave ; mais il faut une plainte publique, et il est presque inouĂŻ qu’une fille ou qu’une femme se soit plainte. La seule chose que j’aie remarquĂ©e, c’est que nos femmes ont moins de pitiĂ© des hommes laids, que nos jeunes gens des femmes disgraciĂ©es ; et nous n’en sommes pas fĂąchĂ©s. L’AUMÔNIER. Vous ne connaissez guĂšre la jalousie, Ă  ce que je vois ; mais la tendresse maritale, l’amour maternel, ces deux sentiments si puissants et si doux, s’ils ne sont pas Ă©trangers ici, y doivent ĂȘtre assez faibles. OROU. Nous y avons suppléé par un autre, qui est tout autrement gĂ©nĂ©ral, Ă©nergique et durable, l’intĂ©rĂȘt. Mets la main sur la conscience ; laisse lĂ  cette fanfaronnade de vertu, qui est sans cesse sur les lĂšvres de tes camarades, et qui ne rĂ©side pas au fond de leur cƓur. Dis-moi si, dans quelque contrĂ©e que ce soit, il y a un pĂšre qui, sans la honte qui le retient, n’aimĂąt mieux perdre son enfant, un mari qui n’aimĂąt mieux perdre sa femme, que sa fortune et l’aisance de toute sa vie. Sois sĂ»r que partout oĂč l’homme sera attachĂ© Ă  la conservation de son semblable comme Ă  son lit, Ă  sa santĂ©, Ă  son repos, Ă  sa cabane, Ă  ses fruits, Ă  ses champs, il fera pour lui tout ce qu’il sera possible de faire. C’est ici que les pleurs trempent la couche d’un enfant qui souffre ; c’est ici que les mĂšres sont soignĂ©es dans la maladie ; c’est ici qu’on prise une femme fĂ©conde, une fille nubile, un garçon adolescent ; c’est ici qu’on s’occupe de leur institution, parce que leur conservation est toujours un accroissement, et leur perte toujours une diminution de fortune. L’AUMÔNIER. Je crains bien que ce sauvage n’ait raison. Le paysan misĂ©rable de nos contrĂ©es, qui excĂšde sa femme pour soulager son cheval, laisse pĂ©rir son enfant sans secours, et appelle le mĂ©decin pour son bƓuf. OROU. Je n’entends pas trop ce que tu viens de dire ; mais, Ă  ton retour dans ta patrie si bien policĂ©e, tĂąche d’y introduire ce ressort ; et c’est alors qu’on y sentira le prix de l’enfant qui naĂźt, et l’importance de la population. Veux-tu que je te rĂ©vĂšle un secret ? mais prends garde qu’il ne t’échappe. Vous arrivez nous vous abandonnons nos femmes et nos filles ; vous vous en Ă©tonnez ; vous nous en tĂ©moignez une gratitude qui nous fait rire vous nous remerciez, lorsque nous asseyons sur toi et sur tes compagnons la plus forte de toutes les impositions. Nous ne t’avons point demandĂ© d’argent ; nous ne nous sommes point jetĂ©s sur tes marchandises ; nous avons mĂ©prisĂ© tes denrĂ©es mais nos femmes et nos filles sont venues exprimer le sang de tes veines. Quand tu t’éloigneras, tu nous auras laissĂ© des enfants ce tribut levĂ© sur ta personne, sur ta propre substance, Ă  ton avis, n’en vaut-il pas bien un autre ? Et si tu veux en apprĂ©cier la valeur, imagine que tu aies deux cents lieues de cĂŽtes Ă  courir, et qu’à chaque vingt milles on te mette Ă  pareille contribution. Nous avons des terres immenses en friche ; nous manquons de bras ; et nous t’en avons demandĂ©. Nous avons des calamitĂ©s Ă©pidĂ©miques Ă  rĂ©parer ; et nous t’avons employĂ© Ă  rĂ©parer le vide qu’elles laisseront. Nous avons des ennemis voisins Ă  combattre, un besoin de soldats ; et nous t’avons priĂ© de nous en faire le nombre de nos femmes et de nos filles est trop grand pour celui des hommes ; et nous t’avons associĂ© Ă  notre tĂąche. Parmi ces femmes et ces filles, il y en a dont nous n’avons pu obtenir d’enfants ; et ce sont celles que nous avons exposĂ©es Ă  vos premiers embrassements. Nous avons Ă  payer une redevance en hommes Ă  un voisin oppresseur ; c’est toi et tes camarades qui nous dĂ©frayerez ; et dans cinq ou six ans, nous lui enverrons vos fils, s’ils valent moins que les nĂŽtres. Plus robustes, plus sains que vous, nous nous sommes aperçus que vous nous surpassiez en intelligence ; et, sur-le-champ, nous avons destinĂ© quelques-unes de nos femmes et de nos filles les plus belles Ă  recueillir la semence d’une race meilleure que la nĂŽtre. C’est un essai que nous avons tentĂ©, et qui pourra nous rĂ©ussir. Nous avons tirĂ© de toi et des tiens le seul parti que nous en pouvions tirer et crois que, tout sauvages que nous sommes, nous savons aussi calculer. Va oĂč tu voudras ; et tu trouveras toujours l’homme aussi fin que toi. Il ne te donnera jamais que ce qui ne lui est bon Ă  rien, et te demandera toujours ce qui lui est utile. S’il te prĂ©sente un morceau d’or pour un morceau de fer ; c’est qu’il ne fait aucun cas de l’or, et qu’il prise le fer. Mais dis-moi donc pourquoi tu n’es pas vĂȘtu comme les autres ? Que signifie cette casaque longue qui t’enveloppe de la tĂȘte aux pieds, et ce sac pointu que tu laisses tomber sur tes Ă©paules, ou que tu ramĂšnes sur tes oreilles ? L’AUMÔNIER. C’est que, tel que tu me vois, je me suis engagĂ© dans une sociĂ©tĂ© d’hommes qu’on appelle, dans mon pays, des moines. Le plus sacrĂ© de leurs vƓux est de n’approcher d’aucune femme, et de ne point faire d’enfants. OROU. Que faites-vous donc ? L’AUMÔNIER. Rien. OROU. Et ton magistrat souffre cette espĂšce de paresse, la pire de toutes ? L’AUMÔNIER. Il fait plus ; il la respecte et la fait respecter. OROU. Ma premiĂšre pensĂ©e Ă©tait que la nature, quelque accident, ou un art cruel vous avait privĂ©s de la facultĂ© de produire votre semblable ; et que, par pitiĂ©, on aimait mieux vous laisser vivre que de vous tuer. Mais, moine, ma fille m’a dit que tu Ă©tais un homme, et un homme aussi robuste qu’un TaĂŻtien, et qu’elle espĂ©rait que tes caresses rĂ©itĂ©rĂ©es ne seraient pas infructueuses. À prĂ©sent que j’ai compris pourquoi tu t’es Ă©criĂ© hier au soir Mais ma religion ! mais mon Ă©tat ! pourrais-tu m’apprendre le motif de la faveur et du respect que les magistrats vous accordent ? L’AUMÔNIER. Je l’ignore. OROU. Tu sais au moins par quelle raison, Ă©tant homme, tu t’es librement condamnĂ© Ă  ne pas l’ĂȘtre ? L’AUMÔNIER. Cela serait trop long et trop difficile Ă  t’expliquer. OROU. Et ce vƓu de stĂ©rilitĂ©, le moine y est-il bien fidĂšle ? L’AUMÔNIER. Non. OROU. J’en Ă©tais sĂ»r. Avez-vous aussi des moines femelles ? L’AUMÔNIER. Oui. OROU. Aussi sages que les moines mĂąles ? L’AUMÔNIER. Plus renfermĂ©es, elles sĂšchent de douleur, pĂ©rissent d’ennui. OROU. Et l’injure faite Ă  la nature est vengĂ©e. Oh ! le vilain pays ! Si tout y est ordonnĂ© comme ce que tu m’en dis, vous ĂȘtes plus barbares que nous. Le bon aumĂŽnier raconte qu’il passa le reste de la journĂ©e Ă  parcourir l’üle, Ă  visiter les cabanes, et que le soir, aprĂšs avoir soupĂ©, le pĂšre et la mĂšre l’ayant suppliĂ© de coucher avec la seconde de leurs filles, Palli s’était prĂ©sentĂ©e dans le mĂȘme dĂ©shabillĂ© que Thia, et qu’il s’était Ă©criĂ© plusieurs fois pendant la nuit Mais ma religion ! mais mon Ă©tat ! que la troisiĂšme nuit il avait Ă©tĂ© agitĂ© des mĂȘmes remords avec Asto l’aĂźnĂ©e, et que la quatriĂšme nuit il l’avait accordĂ©e par honnĂȘtetĂ© Ă  la femme de son hĂŽte. IV. SUITE DU DIALOGUE. A. J’estime cet aumĂŽnier poli. B. Et moi, beaucoup davantage les mƓurs des TaĂŻtiens, et le discours d’Orou. A. Quoique un peu modelĂ© Ă  l’europĂ©enne. B. Je n’en doute pas. — Ici le bon aumĂŽnier se plaint de la briĂšvetĂ© de son sĂ©jour dans TaĂŻti, et de la difficultĂ© de mieux connaĂźtre les usages d’un peuple assez sage pour s’ĂȘtre arrĂȘtĂ© de lui-mĂȘme Ă  la mĂ©diocritĂ©, ou assez heureux pour habiter un climat dont la fertilitĂ© lui assurait un long engourdissement, assez actif pour s’ĂȘtre mis Ă  l’abri des besoins absolus de la vie, et assez indolent pour que son innocence, son repos et sa fĂ©licitĂ© n’eussent rien Ă  redouter d’un progrĂšs trop rapide de ses lumiĂšres. Rien n’y Ă©tait mal par l’opinion et par la loi, que ce qui Ă©tait mal de sa nature. Les travaux et les rĂ©coltes s’y faisaient en commun. L’acception du mot propriĂ©tĂ© y Ă©tait trĂšs-Ă©troite ; la passion de l’amour, rĂ©duite Ă  un simple appĂ©tit physique, n’y produisait aucun de nos dĂ©sordres. L’üle entiĂšre offrait l’image d’une seule famille nombreuse, dont chaque cabane reprĂ©sentait les divers appartements d’une de nos grandes maisons. Il finit par protester que ces TaĂŻtiens seront toujours prĂ©sents Ă  sa mĂ©moire, qu’il avait Ă©tĂ© tentĂ© de jeter ses vĂȘtements dans le vaisseau et de passer le reste de ses jours parmi eux, et qu’il craint bien de se repentir plus d’une fois de ne l’avoir pas fait. A. MalgrĂ© cet Ă©loge, quelles consĂ©quences utiles Ă  tirer des mƓurs et des usages bizarres d’un peuple non civilisĂ© ? B. Je vois qu’aussitĂŽt que quelques causes physiques, telles, par exemple, que la nĂ©cessitĂ© de vaincre l’ingratitude du sol, ont mis en jeu la sagacitĂ© de l’homme, cet Ă©lan le conduit bien au delĂ  du but, et que, le terme du besoin passĂ©, on est portĂ© dans l’ocĂ©an sans bornes des fantaisies, d’oĂč l’on ne se retire plus. Puisse l’heureux TaĂŻtien s’arrĂȘter oĂč il en est ! Je vois qu’exceptĂ© dans ce recoin Ă©cartĂ© de notre globe, il n’y a point eu de mƓurs, et qu’il n’y en aura peut-ĂȘtre jamais nulle part. A. Qu’entendez-vous donc par des mƓurs ? B. J’entends une soumission gĂ©nĂ©rale et une conduite consĂ©quente Ă  des lois bonnes ou mauvaises. Si les lois sont bonnes, les mƓurs sont bonnes ; si les lois sont mauvaises, les mƓurs sont mauvaises ; si les lois, bonnes ou mauvaises, ne sont point observĂ©es, la pire condition d’une sociĂ©tĂ©, il n’y a point de mƓurs. Or, comment voulez-vous que des lois s’observent quand elles se contredisent ? Parcourez l’histoire des siĂšcles et des nations tant anciennes que modernes, et vous trouverez les hommes assujettis Ă  trois codes, le code de la nature, le code civil, et le code religieux, et contraints d’enfreindre alternativement ces trois codes qui n’ont jamais Ă©tĂ© d’accord ; d’oĂč il est arrivĂ© qu’il n’y a eu dans aucune contrĂ©e, comme Orou l’a devinĂ© de la nĂŽtre, ni homme, ni citoyen, ni religieux. A. D’oĂč vous conclurez, sans doute, qu’en fondant la morale sur les rapports Ă©ternels, qui subsistent entre les hommes, la loi religieuse devient peut-ĂȘtre superflue ; et que la loi civile ne doit ĂȘtre que renonciation de la loi de nature. B. Et cela, sous peine de multiplier les mĂ©chants, au lieu de faire des bons. A. Ou que, si l’on juge nĂ©cessaire de les conserver toutes trois, il faut que les deux derniĂšres ne soient que des calques rigoureux de la premiĂšre, que nous apportons gravĂ©e au fond de nos cƓurs, et qui sera toujours la plus forte. B. Cela n’est pas exact. Nous n’apportons en naissant qu’une similitude d’organisation avec d’autres ĂȘtres, les mĂȘmes besoins, de l’attrait vers les mĂȘmes plaisirs, une aversion commune pour les mĂȘmes peines voilĂ  ce qui constitue l’homme ce qu’il est, et doit fonder la morale qui lui convient. A. Cela n’est pas aisĂ©. B. Cela est si difficile, que je croirais volontiers le peuple le plus sauvage de la terre, le TaĂŻtien qui s’en est tenu scrupuleusement Ă  la loi de la nature, plus voisin d’une bonne lĂ©gislation qu’aucun peuple civilisĂ©. A. Parce qu’il lui est plus facile de se dĂ©faire de son trop de rusticitĂ©, qu’à nous de revenir sur nos pas et de rĂ©former nos abus. B. Surtout ceux qui tiennent Ă  l’union de l’homme et de la femme. A. Cela se peut. Mais commençons par le commencement. Interrogeons bonnement la nature, et voyons sans partialitĂ© ce qu’elle nous rĂ©pondra sur ce point. B. J’y consens. A. Le mariage est-il dans la nature ? B. Si vous entendez par le mariage la prĂ©fĂ©rence qu’une femelle accorde Ă  un mĂąle sur tous les autres mĂąles, ou celle qu’un mĂąle donne Ă  une femelle sur toutes les autres femelles ; prĂ©fĂ©rence mutuelle, en consĂ©quence de laquelle il se forme une union plus ou moins durable, qui perpĂ©tue l’espĂšce par la reproduction des individus, le mariage est dans la nature. A. Je le pense comme vous ; car cette prĂ©fĂ©rence se remarque non-seulement dans l’espĂšce humaine, mais encore dans les autres espĂšces d’animaux tĂ©moin ce nombreux cortĂšge de mĂąles qui poursuivent une mĂȘme femelle au printemps dans nos campagnes, et dont un seul obtient le titre de mari. Et la galanterie ? B. Si vous entendez par galanterie cette variĂ©tĂ© de moyens Ă©nergiques ou dĂ©licats que la passion inspire, soit au mĂąle, soit Ă  la femelle, pour obtenir cette prĂ©fĂ©rence qui conduit Ă  la plus douce, la plus importante et la plus gĂ©nĂ©rale des jouissances ; la galanterie est dans la nature. A. Je le pense comme vous. TĂ©moin cette diversitĂ© de gentillesses pratiquĂ©es par le mĂąle pour plaire Ă  la femelle ; par la femelle pour irriter la passion et fixer le goĂ»t du mĂąle. Et la coquetterie ? B. C’est un mensonge qui consiste Ă  simuler une passion qu’on ne sent pas, et Ă  promettre une prĂ©fĂ©rence qu’on n’accordera pas. Le mĂąle coquet se joue de la femelle ; la femelle coquette se joue du mĂąle jeu perfide qui amĂšne quelquefois les catastrophes les plus funestes ; manĂšge ridicule, dont le trompeur et le trompĂ© sont Ă©galement chĂątiĂ©s par la perte des instants les plus prĂ©cieux de leur vie. A. Ainsi la coquetterie, selon vous, n’est pas dans la nature ? B. Je ne dis pas cela. A. Et la constance ? B. Je ne vous en dirai rien de mieux que ce qu’en a dit Orou Ă  l’aumĂŽnier. Pauvre vanitĂ© de deux enfants qui s’ignorent eux-mĂȘmes, et que l’ivresse d’un instant aveugle sur l’instabilitĂ© de tout ce qui les entoure ! A. Et la fidĂ©litĂ©, ce rare phĂ©nomĂšne ? B. Presque toujours l’entĂȘtement et le supplice de l’honnĂȘte homme et de l’honnĂȘte femme dans nos contrĂ©es ; chimĂšre Ă  TaĂŻti. A. Et la jalousie ? B. Passion d’un animal indigent et avare qui craint de manquer ; sentiment injuste de l’homme ; consĂ©quence de nos fausses mƓurs, et d’un droit de propriĂ©tĂ© Ă©tendu sur un objet sentant, pensant, voulant, et libre. A. Ainsi la jalousie, selon vous, n’est pas dans la nature ? B. Je ne dis pas cela. Vices et vertus, tout est Ă©galement dans la nature. A. Le jaloux est sombre. B. Comme le tyran, parce qu’il en a la conscience. A. La pudeur ? B. Mais vous m’engagez lĂ  dans un cours de morale galante. L’homme ne veut ĂȘtre ni troublĂ© ni distrait dans ses jouissances. Celles de l’amour sont suivies d’une faiblesse qui l’abandonnerait Ă  la merci de son ennemi. VoilĂ  tout ce qu’il peut y avoir de naturel dans la pudeur le reste est d’institution. — L’aumĂŽnier remarque, dans un troisiĂšme morceau que je ne vous ai point lu, que le TaĂŻtien ne rougit pas des mouvements involontaires qui s’excitent en lui Ă  cĂŽtĂ© de sa femme, au milieu de ses filles ; et que celles-ci en sont spectatrices, quelquefois Ă©mues, jamais embarrassĂ©es. AussitĂŽt que la femme devint la propriĂ©tĂ© de l’homme, et que la jouissance furtive d’une fille fut regardĂ©e comme un vol, on vit naĂźtre les termes pudeur, retenue, biensĂ©ance ; des vertus et des vices imaginaires ; en un mot, on voulut Ă©lever entre les deux sexes, des barriĂšres qui les empĂȘchassent de s’inviter rĂ©ciproquement Ă  la violation des lois qu’on leur avait imposĂ©es, et qui produisirent souvent un effet contraire, en Ă©chauffant l’imagination et en irritant les dĂ©sirs. Lorsque je vois des arbres plantĂ©s autour de nos palais, et un vĂȘtement de cou qui cache et montre une partie de la gorge d’une femme, il me semble reconnaĂźtre un retour secret vers la forĂȘt, et un appel Ă  la libertĂ© premiĂšre de notre ancienne demeure. Le TaĂŻtien nous dirait Pourquoi te caches-tu ? de quoi es-tu honteux ? fais-tu le mal, quand tu cĂšdes Ă  l’impulsion la plus auguste de la nature ? Homme, prĂ©sente-toi franchement si tu plais. Femme, si cet homme te convient, reçois-le avec la mĂȘme franchise. A. Ne vous fĂąchez pas. Si nous dĂ©butons comme des hommes civilisĂ©s, il est rare que nous ne finissions pas comme le TaĂŻtien. B. Oui, ces prĂ©liminaires de convention consument la moitiĂ© de la vie d’un homme de gĂ©nie. A. J’en conviens ; mais qu’importe, si cet Ă©lan pernicieux de l’esprit humain, contre lequel vous vous ĂȘtes rĂ©criĂ© tout Ă  l’heure, en est d’autant plus ralenti ? Un philosophe de nos jours, interrogĂ© pourquoi les hommes faisaient la cour aux femmes, et non les femmes la cour aux hommes, rĂ©pondit qu’il Ă©tait naturel de demander Ă  celui qui pouvait toujours accorder. B. Cette raison m’a paru de tout temps plus ingĂ©nieuse que solide. La nature, indĂ©cente si vous voulez, pousse indistinctement un sexe vers l’autre et dans un Ă©tat de l’homme brute et sauvage qui se conçoit, mais qui n’existe peut-ĂȘtre nulle part
 A. Pas mĂȘme Ă  TaĂŻti ? B. Non
 l’intervalle qui sĂ©parerait un homme d’une femme serait franchi par le plus amoureux. S’ils s’attendent, s’ils se fuient, s’ils se poursuivent, s’ils s’évitent, s’ils s’attaquent, s’ils se dĂ©fendent, c’est que la passion, inĂ©gale dans ses progrĂšs, ne s’applique pas en eux de la mĂȘme force. D’oĂč il arrive que la voluptĂ© se rĂ©pand, se consomme et s’éteint d’un cĂŽtĂ©, lorsqu’elle commence Ă  peine Ă  s’élever de l’autre, et qu’ils en restent tristes tous deux. VoilĂ  l’image fidĂšle de ce qui se passerait entre deux ĂȘtres jeunes, libres et parfaitement innocents. Mais lorsque la femme a connu, par l’expĂ©rience ou l’éducation, les suites plus ou moins cruelles d’un moment doux, son cƓur frissonne Ă  l’approche de l’homme. Le cƓur de l’homme ne frissonne point ; ses sens commandent, et il obĂ©it. Les sens de la femme s’expliquent, et elle craint de les Ă©couter. C’est l’affaire de l’homme que de la distraire de sa crainte, de l’enivrer et de la sĂ©duire. L’homme conserve toute son impulsion naturelle vers la femme ; l’impulsion naturelle de la femme vers l’homme, dirait un gĂ©omĂštre, est en raison composĂ©e de la directe de la passion et de l’inverse de la crainte ; raison qui se complique d’une multitude d’élĂ©ments divers dans nos sociĂ©tĂ©s ; Ă©lĂ©ments qui concourent presque tous Ă  accroĂźtre la pusillanimitĂ© d’un sexe et la durĂ©e de la poursuite de l’autre. C’est une espĂšce de tactique oĂč les ressources de la dĂ©fense et les moyens de l’attaque ont marchĂ© sur la mĂȘme ligne. On a consacrĂ© la rĂ©sistance de la femme ; on a attachĂ© l’ignominie Ă  la violence de l’homme ; violence qui ne serait qu’une injure lĂ©gĂšre dans TaĂŻti, et qui devient un crime dans nos citĂ©s. A. Mais comment est-il arrivĂ© qu’un acte dont le but est si solennel, et auquel la nature nous invite par l’attrait le plus puissant ; que le plus grand, le plus doux, le plus innocent des plaisirs soit devenu la source la plus fĂ©conde de notre dĂ©pravation et de nos maux ? B. Orou l’a fait entendre dix fois Ă  l’aumĂŽnier Ă©coutez-le donc encore, et tĂąchez de le retenir. C’est par la tyrannie de l’homme, qui a converti la possession de la femme en une propriĂ©tĂ©. Par les mƓurs et les usages, qui ont surchargĂ© de conditions l’union conjugale. Par les lois civiles, qui ont assujetti le mariage Ă  une infinitĂ© de formalitĂ©s. Par la nature de notre sociĂ©tĂ©, oĂč la diversitĂ© des fortunes et des rangs a instituĂ© des convenances et des disconvenances. Par une contradiction bizarre et commune Ă  toutes les sociĂ©tĂ©s subsistantes, oĂč la naissance d’un enfant, toujours regardĂ©e comme un accroissement de richesses pour la nation, est plus souvent et plus sĂ»rement encore un accroissement d’indigence dans la famille. Par les vues politiques des souverains, qui ont tout rapportĂ© Ă  leur intĂ©rĂȘt et Ă  leur sĂ©curitĂ©. Par les institutions religieuses, qui ont attachĂ© les noms de vices et de vertus Ă  des actions qui n’étaient susceptibles d’aucune moralitĂ©. Combien nous sommes loin de la nature et du bonheur ! L’empire de la nature ne peut ĂȘtre dĂ©truit on aura beau le contrarier par des obstacles, il durera. Écrivez tant qu’il vous plaira sur des tables d’airain, pour me servir des expressions du sage Marc-AurĂšle, que le frottement voluptueux de deux intestins est un crime, le cƓur de l’homme sera froissĂ© entre la menace de votre inscription et la violence de ses penchants. Mais ce cƓur indocile ne cessera de rĂ©clamer ; et cent fois, dans le cours de la vie, vos caractĂšres effrayants disparaĂźtront Ă  nos yeux. Gravez sur le marbre Tu ne mangeras ni de l’ixion[7], ni du griffon ; tu ne connaĂźtras que ta femme ; tu ne seras point le mari de ta sƓur mais vous n’oublierez pas d’accroĂźtre les chĂątiments Ă  proportion de la bizarrerie de vos dĂ©fenses ; vous deviendrez fĂ©roces, et vous ne rĂ©ussirez point Ă  me dĂ©naturer. A. Que le code des nations serait court, si on le conformait rigoureusement Ă  celui de la nature ! combien d’erreurs et de vices Ă©pargnĂ©s Ă  l’homme ! B. Voulez-vous savoir l’histoire abrĂ©gĂ©e de presque toute notre misĂšre ? La voici. Il existait un homme naturel on a introduit au dedans de cet homme un homme artificiel ; et il s’est Ă©levĂ© dans la caverne une guerre civile qui dure toute la vie. TantĂŽt l’homme naturel est le plus fort ; tantĂŽt il est terrassĂ© par l’homme moral et artificiel ; et, dans l’un et l’autre cas, le triste monstre est tiraillĂ©, tenaillĂ©, tourmentĂ©, Ă©tendu sur la roue ; sans cesse gĂ©missant, sans cesse malheureux, soit qu’un faux enthousiasme de gloire le transporte et l’enivre, ou qu’une fausse ignominie le courbe et l’abatte. Cependant il est des circonstances extrĂȘmes qui ramĂšnent l’homme Ă  sa premiĂšre simplicitĂ©. A. La misĂšre et la maladie, deux grands exorcistes. B. Vous les avez nommĂ©s. En effet, que deviennent alors toutes ces vertus conventionnelles ? Dans la misĂšre, l’homme est sans remords ; et dans la maladie, la femme est sans pudeur. A. Je l’ai remarquĂ©. B. Mais un autre phĂ©nomĂšne qui ne vous aura pas Ă©chappĂ© davantage, c’est que le retour de l’homme artificiel et moral suit pas Ă  pas les progrĂšs de l’état de maladie Ă  l’état de convalescence et de l’état de convalescence Ă  l’état de santĂ©. Le moment oĂč l’infirmitĂ© cesse est celui oĂč la guerre intestine recommence, et presque toujours avec dĂ©savantage pour l’intrus. A. Il est vrai. J’ai moi-mĂȘme Ă©prouvĂ© que l’homme naturel avait dans la convalescence une vigueur funeste pour l’homme artificiel et moral. Mais enfin, dites-moi, faut-il civiliser l’homme, ou l’abandonner Ă  son instinct ? B. Faut-il vous rĂ©pondre net ? A. Sans doute. B. Si vous vous proposez d’en ĂȘtre le tyran, civilisez-le ; empoisonnez-le de votre mieux d’une morale contraire Ă  la nature ; faites-lui des entraves de toute espĂšce ; embarrassez ses mouvements de mille obstacles ; attachez-lui des fantĂŽmes qui l’effraient ; Ă©ternisez la guerre dans la caverne, et que l’homme naturel y soit toujours enchaĂźnĂ© sous les pieds de l’homme moral. Le voulez-vous heureux et libre ? ne vous mĂȘlez pas de ses affaires assez d’incidents imprĂ©vus le conduiront Ă  la lumiĂšre et Ă  la dĂ©pravation ; et demeurez Ă  jamais convaincu que ce n’est pas pour vous, mais pour eux, que ces sages lĂ©gislateurs vous ont pĂ©tri et maniĂ©rĂ© comme vous l’ĂȘtes. J’en appelle Ă  toutes les institutions politiques, civiles et religieuses examinez-les profondĂ©ment ; et je me trompe fort, ou vous y verrez l’espĂšce humaine pliĂ©e de siĂšcle en siĂšcle au joug qu’une poignĂ©e de fripons se promettait de lui imposer. MĂ©fiez-vous de celui qui veut mettre de l’ordre. Ordonner, c’est toujours se rendre le maĂźtre des autres en les gĂȘnant et les Calabrais sont presque les seuls Ă  qui la flatterie des lĂ©gislateurs n’en ait point encore imposĂ©. A. Et cette anarchie de la Calabre vous plaĂźt ? B. J’en appelle Ă  l’expĂ©rience ; et je gage que leur barbarie est moins vicieuse que notre urbanitĂ©. Combien de petites scĂ©lĂ©ratesses compensent ici l’atrocitĂ© de quelques grands crimes dont on fait tant de bruit ! Je considĂšre les hommes non civilisĂ©s comme une multitude de ressorts Ă©pars et isolĂ©s. Sans doute, s’il arrivait Ă  quelques-uns de ces ressorts de se choquer, l’un ou l’autre, ou tous les deux, se briseraient. Pour obvier Ă  cet inconvĂ©nient, un individu d’une sagesse profonde et d’un gĂ©nie sublime rassembla ces ressorts et en composa une machine, et dans cette machine appelĂ©e sociĂ©tĂ©, tous les ressorts furent rendus agissants, rĂ©agissants les uns contre les autres, sans cesse fatiguĂ©s ; et il s’en rompit plus dans un jour, sous l’état de lĂ©gislation, qu’il ne s’en rompait en un an sous l’anarchie de nature. Mais quel fracas ! quel ravage ! quelle Ă©norme destruction des petits ressorts, lorsque deux, trois, quatre de ces Ă©normes machines vinrent Ă  se heurter avec violence ! A. Ainsi vous prĂ©fĂ©reriez l’état de nature brute et sauvage ? B. Ma foi, je n’oserais prononcer ; mais je sais qu’on a vu plusieurs fois l’homme des villes se dĂ©pouiller et rentrer dans la forĂȘt, et qu’on n’a jamais vu l’homme de la forĂȘt se vĂȘtir et s’établir dans la ville. A. Il m’est venu souvent dans la pensĂ©e que la somme des biens et des maux Ă©tait variable pour chaque individu ; mais que le bonheur ou le malheur d’une espĂšce animale quelconque avait sa limite qu’elle ne pouvait franchir, et que peut-ĂȘtre nos efforts nous rendaient en dernier rĂ©sultat autant d’inconvĂ©nient que d’avantage ; en sorte que nous nous Ă©tions bien tourmentĂ©s pour accroĂźtre les deux membres d’une Ă©quation, entre lesquels il subsistait une Ă©ternelle et nĂ©cessaire Ă©galitĂ©. Cependant je ne doute pas que la vie moyenne de l’homme civilisĂ© ne soit plus longue que la vie moyenne de l’homme sauvage. B. Et si la durĂ©e d’une machine n’est pas une juste mesure de son plus ou moins de fatigue, qu’en concluez-vous ? A. Je vois qu’à tout prendre, vous inclineriez Ă  croire les hommes d’autant plus mĂ©chants et plus malheureux qu’ils sont plus civilisĂ©s ? B. Je ne parcourrai point toutes les contrĂ©es de l’univers ; mais je vous avertis seulement que vous ne trouverez la condition de l’homme heureuse que dans TaĂŻti, et supportable que dans un recoin de l’Europe. LĂ , des maĂźtres ombrageux et jaloux de leur sĂ©curitĂ© se sont occupĂ©s Ă  le tenir dans ce que vous appelez l’abrutissement. A. À Venise, peut-ĂȘtre ? B. Pourquoi non ? Vous ne nierez pas, du moins, qu’il n’y a nulle part moins de lumiĂšres acquises, moins de morale artificielle, et moins de vices et de vertus chimĂ©riques. A. Je ne m’attendais pas Ă  l’éloge de ce gouvernement. B. Aussi ne le fais-je pas. Je vous indique une espĂšce de dĂ©dommagement de la servitude, que tous les voyageurs ont senti et prĂ©conisĂ©. A. Pauvre dĂ©dommagement ! B. Peut-ĂȘtre. Les Grecs proscrivirent celui qui avait ajoutĂ© une corde Ă  la lyre de Mercure. A. Et cette dĂ©fense est une satire sanglante de leurs premiers lĂ©gislateurs. C’est la premiĂšre corde qu’il fallait couper. B. Vous m’avez compris. Partout oĂč il y a une lyre, il y a des cordes. Tant que les appĂ©tits naturels seront sophistiquĂ©s, comptez sur des femmes mĂ©chantes. A. Comme la Reymer. B. Sur des hommes atroces. A. Comme Gardeil. B. Et sur des infortunĂ©s Ă  propos de rien. A. Comme TaniĂ©, mademoiselle de La Chaux, le chevalier Desroches et madame de La CarliĂšre[8]. Il est certain qu’on chercherait inutilement dans TaĂŻti des exemples de la dĂ©pravation des deux premiers, et du malheur des trois derniers. Que ferons-nous donc ? reviendrons-nous Ă  la nature ? nous soumettrons-nous aux lois ? B. Nous parlerons contre les lois insensĂ©es jusqu’à ce qu’on les rĂ©forme ; et, en attendant, nous nous y soumettrons. Celui qui, de son autoritĂ© privĂ©e, enfreint une mauvaise loi, autorise tout autre Ă  enfreindre les bonnes. Il y a moins d’inconvĂ©nients Ă  ĂȘtre fou avec des fous, qu’à ĂȘtre sage tout seul. Disons-nous Ă  nous-mĂȘmes, crions incessamment qu’on a attachĂ© la honte, le chĂątiment et l’ignominie Ă  des actions innocentes en elles-mĂȘmes ; mais ne les commettons pas, parce que la honte, le chĂątiment et l’ignominie sont les plus grands de tous les maux. Imitons le bon aumĂŽnier, moine en France, sauvage dans TaĂŻti. A. Prendre le froc du pays oĂč l’on va, et garder celui du pays oĂč l’on est. B. Et surtout ĂȘtre honnĂȘte et sincĂšre jusqu’au scrupule avec des ĂȘtres fragiles qui ne peuvent faire notre bonheur, sans renoncer aux avantages les plus prĂ©cieux de nos sociĂ©tĂ©s[9]. Et ce brouillard Ă©pais, qu’est-il devenu ? A. Il est tombĂ©. B. Et nous serons encore libres, cette aprĂšs-dĂźnĂ©e, de sortir ou de rester ? A. Cela dĂ©pendra, je crois, un peu plus des femmes que de nous. B. Toujours les femmes ! on ne saurait faire un pas sans les rencontrer Ă  travers son chemin. A. Si nous leur lisions l’entretien de l’aumĂŽnier et d’Orou ? B. À votre avis, qu’en diraient-elles ? A. Je n’en sais rien. B. Et qu’en penseraient-elles ? A. Peut-ĂȘtre le contraire de ce qu’elles en diraient.
Lediscours du vieillard, supplĂ©ment au voyage de Bougainville, chapitre 2, Diderot, 1796, commentaire, analyse. Contact:lescoursjulien@ au voyage de Bougainville, « le discours du vieillard », Diderot, 1796 « Pleurez, malheureux Tahitiens! pleurez; mais que ce soit de l’arrivĂ©e, et non du dĂ©part de ces hommes
Dialogue entre A. et B. Notre phrase prĂ©fĂ©rĂ©e Poursuis jusqu'oĂč tu voudras ce que tu appelles commoditĂ©s de la vie ; mais permets Ă  des ĂȘtres sensĂ©s de s'arrĂȘter, lorsqu'ils n'auraient Ă  obtenir, de la continuitĂ© de leurs pĂ©nibles efforts, titre des biens imaginaires. Genres Documents et essais - Nouvelles, contes - Philosophie RĂ©sumĂ© SupplĂ©ment du Voyage de Bougainville ou Dialogue entre A et B sur l'inconvĂ©nient d'attacher des idĂ©es morales Ă  certaines actions physiques qui n'en comportent pas est un conte philosophique de Diderot, formant le dernier volet du triptyque des Contes moraux de 1772 parus dans La Correspondance littĂ©raire. Il tranche par son exotisme avec les deux premiers, Ceci n'est pas un conte et Madame de La CarliĂšre, puisqu'il s'agit d'un dialogue de deux personnages, apparemment dĂ©sinvolte mais profondĂ©ment sĂ©rieux, Ă  propos du voyage du cĂ©lĂšbre navigateur, sur le processus de civilisation qui caractĂ©rise la sociĂ©tĂ© europĂ©enne du XVIIIe siĂšcle comparĂ©e Ă  la sociĂ©tĂ© tahitienne dĂ©crite par l'explorateur. En cinq chapitres prĂ©sentant une mise en abyme, puisque le dialogue de A et B contient l'entretien d'un aumĂŽnier qui logea chez l'OtaĂŻtien Orou, les interlocuteurs Ă  travers lesquels Diderot rĂ©flĂ©chit critiquent, en analysant notamment les mƓurs sexuelles, les contradictions et la perversitĂ© de leur sociĂ©tĂ© en l'opposant Ă  la sociĂ©tĂ© tahitienne, heureuse car rĂ©gie par le seul code de la nature. RĂ©sumĂ© SupplĂ©ment du Voyage de Bougainville ou Dialogue entre A et B sur l'inconvĂ©nient d'attacher des idĂ©es morales Ă  certaines actions physiques qui n'en comportent pas est un conte philosophique de Diderot, formant le dernier volet du triptyque des Contes moraux de 1772 parus dans La Correspondance littĂ©raire. Il tranche par son exotisme avec les deux premiers, Ceci n'est pas un conte et Madame de La CarliĂšre, puisqu'il s'agit d'un dialogue de deux personnages, apparemment dĂ©sinvolte mais profondĂ©ment sĂ©rieux, Ă  propos du voyage du cĂ©lĂšbre navigateur, sur le processus de civilisation qui caractĂ©rise la sociĂ©tĂ© europĂ©enne du XVIIIe siĂšcle comparĂ©e Ă  la sociĂ©tĂ© tahitienne dĂ©crite par l'explorateur. En cinq chapitres prĂ©sentant une mise en abyme, puisque le dialogue de A et B contient l'entretien d'un aumĂŽnier qui logea chez l'OtaĂŻtien Orou, les interlocuteurs Ă  travers lesquels Diderot rĂ©flĂ©chit critiquent, en analysant notamment les mƓurs sexuelles, les contradictions et la perversitĂ© de leur sociĂ©tĂ© en l'opposant Ă  la sociĂ©tĂ© tahitienne, heureuse car rĂ©gie par le seul code de la nature. Les premiers mots Cette superbe voĂ»te Ă©toilĂ©e, sous laquelle nous revĂźnmes hier, et qui semblait nous garantir un beau jour, ne nous a pas tenu parole. »

Commentairecomposé du Supplément au voyage de Bougainville De Diderot Extrait : C'est un vieillard qui parle ni de tes vertu chimérique. Le xvii siÚcle appelait siÚcle des lumiÚres, a conduit un bon nombre de philosophe à remettre en question des idées prÚs établies en faisant appelle à la raison, le chapitre de voyage au supplément de Bougainville met en scÚne un

Cette Ă©tude a Ă©tĂ© conduite en classe de premiĂšre pour rĂ©pondre Ă  l’objet d’étude La question de l’homme dans les genres de l’argumentation ». Elle a permis de faire rĂ©flĂ©chir les Ă©lĂšves sur la notion d’altĂ©ritĂ©. En voici l’architecture suivie de son explicitation Cette activitĂ© s’est dĂ©roulĂ©e dans la salle de cours traditionnelle. Le professeur avait prĂ©parĂ© au prĂ©alable un document sur lequel figurait juste la flĂšche centrale, figurant le sens de la lecture. Les Ă©lĂšves ont proposĂ© leurs remarques Ă  l’oral, et une fois que celles-ci eurent Ă©tĂ© validĂ©es par l’ensemble de la classe, les hypothĂšses ont Ă©tĂ© ajoutĂ©es sur le schĂ©ma complĂ©tĂ© par le professeur. MatĂ©riel utilisĂ© le vidĂ©o-projecteur Explicitation du tableau 1. en-dessous de la flĂšche, chaque case correspond Ă  un chapitre du SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville. Les titres permettent de repĂ©rer clairement la structure de rĂ©cit enchĂąssĂ©. A et B dialoguent chapitres I et V, en jaune sur un sujet, le Voyage de Bougainville le rĂ©cit enchĂąssĂ©. Au sein de ce rĂ©cit enchĂąssĂ©, un double apparaĂźt en bleu l’entretien de l’aumĂŽnier et d’Orou. Mais un chapitre reste a priori seul en rouge. Les Ă©lĂšves Ă©mettent alors l’hypothĂšse que c’est au lecteur de construire son double, dans le temps qui suivra la lecture. 2. au-dessus de la flĂšche, chaque case correspond aux personnages les personnages Ă©galement rĂ©pondent Ă  ce principe de double symĂ©trique c’est-Ă -dire de reflet inverse. – A est l’apprenti philosophe / B est le philosophe. – Au sein du rĂ©cit enchĂąssĂ©, un Otahitien est toujours en dialogue avec un reprĂ©sentant de la sociĂ©tĂ© occidentale. 3. les Ă©lĂšves se sont rendu compte que ce jeu d’inversion Ă©tait utilisĂ© de façon systĂ©matique par Diderot B est celui qui clĂŽt le chapitre I, mais A clĂŽt le chapitre V, montrant ainsi l’évolution rĂ©flexive de A, grĂące au dialogue, vĂ©ritable cheminement heuristique. 4. Ce jeu de miroirs est Ă©galement valable cette fois-ci pour les lecteurs de l’Ɠuvre il s’agit ici des deux symboles avant et aprĂšs la flĂšche. – avant la flĂšche, c’est-Ă -dire avant le dĂ©but de l’Ɠuvre, le lecteur de l’Ɠuvre a Ă©tĂ© B qui va la faire dĂ©couvrir Ă  A. – aprĂšs la flĂšche, deux nouveaux lecteurs sont annoncĂ©s, les femmes de A et B. La lecture et le dialogue vont recommencer, mais Ă©galement un nouveau dialogue, avec un nouveau jugement ». Les Ă©lĂšves se sont ainsi aperçus que la confrontation des points de vue Ă©tait au centre mĂȘme de l’Ɠuvre, en Ă©tait la dynamique mĂȘme, de façon Ă  ce que le lecteur acquiert une façon de pensĂ©e philosophique, Ă  savoir faire un dĂ©tour par l’Autre pour revenir Ă  soi-mĂȘme de façon plus objective, lucide et consciente. Niveau 1S LycĂ©e Camille Desmoulins – Le Cateau-CambrĂ©sis Annette Deschamps Rappel A l’issue de la lecture intĂ©grale du SupplĂ©ment au voyage de Bougainville de Denis Diderot et dans le cadre d’une sĂ©quence FĂąites parler le miroir » on propose aux Ă©lĂšves de rĂ©flĂ©chir sur la relation Ă  l’autre. Sujet Un lecteur du SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville vient d’achever sa lecture. Il pose le livre sur le bord de la cheminĂ©e et se regarde dans le miroir. Mais son reflet soudain lui tourne le dos. Ecrivez ce moment de choc » pendant lequel le lecteur ne se reconnaĂźt plus ». L’extrait video de Blanche-Neige ainsi que La Reproduction interdite de Magritte ont servi de lancement aux Ă©crits d’invention . Voici quelques Ă©crits d’élĂšves Ecrit 1 L’homme dit Oh beau miroir magique au mur qui a la beautĂ© parfaite et pure ? » Le miroir dit Ce n’est pas toi, homme occidental, demande toi, selon toi, est l’Homme parfait. Ouvre les yeux et observe les sociĂ©tĂ©s autour de toi laquelle Ă  ton avis est meilleure que les autres ? RĂ©flĂ©chis sur toi et sur les autres, prends conscience de qui tu es. Tu n’es pas supĂ©rieur aux autre, le Tahitien est ton frĂšre, vous ĂȘtes Ă©gaux malgrĂ© vos diffĂ©rences. La sociĂ©tĂ© dans laquelle tu vis n’est pas pure comme tu le prĂ©tends. Les sociĂ©tĂ©s que tu penses infĂ©rieures Ă  la tienne ont plus ont plus de valeurs morales que les tiennes. Ecrit 2 Homme occidental, je suis le miroir magique, sur cette terre je suis le seul Ă  te montrer qui tu es vraiment ! tu m’as rĂ©veillĂ©! je vois que tu viens de lire le supplĂ©ment au voyage de Bougainville, et que tu te poses de nombreuse questions sur toi maintenant ! je vais essayer de t’aider Ă  te redĂ©couvrir si ton reflet te tourne le dos c’est que tu n’es plus toi-mĂȘme alors qui est-tu maintenant ? Tu te demandes si la sociĂ©tĂ© qui t’entoure est superficiel, si tu n’as pas rejetĂ© les lois fondamentales de la nature, et bien oui , mais si je suis lĂ  Ă  te parler, c’est que tu veux comprendre .Alors commençons, tu te demandes si ce que tu appelles commoditĂ©s de la vie ne sont rien que le vrai bonheur comme la richesse d’un enfant t’est inconnue Ă  cause d’une sociĂ©tĂ© occidentale remplie de lois et dictĂ©e par la religion qui empĂȘche l’Homme de connaĂźtre le vrai bonheur que peut procurer la vie. Regarde au plus profond de toi, et vois la barbarie de notre sociĂ©tĂ© occidentale qui prend des Ăźles Ă  des peuples innocents qui sont en harmonie avec la nature, eux sont plus forts que toi ils ont compris la force que procure la nature comme le vieillard du village de Tahiti que Bougainville dĂ©crit, qui avait une robustesse Ă  toute Ă©preuve. Qu’as-tu appris ici, as-tu appris la vie ? as-tu atteint le bonheur ? Ce livre t’a ouvert les yeux, tu peux commencer ta recherche du bonheur, toi ,qui as enfin compris, tu es A, tu veux comprendre et je suis ton maĂźtre , je te montre le chemin Ă  suivre . Ecrit 3 Non, je ne veux pas, je ne veux plus voir ton dĂ©plaisant reflet, il est devenu pour moi insupportable Ă  regarder, le seul fait de voir un trait de ton visage me rend fou, c’est pour cela que je suis obligĂ© de te tourner le dos. La lecture de ce merveilleux ouvrage t’a fait prendre conscience de la personne que tu es, et de la sociĂ©tĂ© qui t’entoure. Tu t’es rendu compte Ă  quel point tu Ă©tais une immonde crĂ©ature, qui n’accorde aucune importance Ă  autrui. De l’adjectif Ă©goĂŻste » tu Ă©tais le roi, Ă  prĂ©sent tu dois donc changer. Cet Ă©lĂ©ctrochoc ne peut ĂȘtre que bĂ©nĂ©fique pour toi et t’aider Ă  avancer dans cette vie compliquĂ©e que tu as toi-mĂȘme menĂ© pendant toutes ces annĂ©es. Tout cela t’arrive car tu as lu ce livre, ce livre magique posĂ© Ă  cĂŽtĂ© de toi. Ce bouquin a rĂ©ussi Ă  te remettre en question, le violent discours que le vieillard a tenu Ă  Bougainville t’as fait prendre conscience de tous tes sombres dĂ©fauts. Tu t’es mis Ă  la place de Bougainville, tu t’es reconnu en lui, toutes les insultes que le vieillard a prononcĂ©es t’ont touchĂ© personnellement, tu t’es senti blessĂ©, attaquĂ© par ces propos. Tu t’es finalement rendu compte que peut-ĂȘtre, tu ne valais pas mieux que ce bon vieux Bougainville, que toi aussi tu Ă©tais mĂ©prisant envers les autres qui t’entourent. Ecrit 4 LA PRISE DE CONSCIENCE FACE AU MIROIR Ce que tu viens de lire est un reflet de ta sociĂ©tĂ©. N’as-tu pas honte !? Te rends-tu compte de ce que tu es vraiment ? Ce livre a-t-il pu t’apprendre que ta sociĂ©tĂ© ne cherche qu’à dĂ©truire les autres ? Vous qui cherchez Ă  retrouver un endroit similaire Ă  un nouvel Eden .Vous recherchez aprĂšs la perfection mais vous la dĂ©truisez . Ces peuples n’attendent que de partager leur savoir et d’apprendre le vĂŽtre. Ne voudriez-vous pas vivre comme ces Otahitiens, vous qui rĂ©vez d’un paradis sur terre , vous-mĂȘme vous ne respectez pas votre religion, n’as-tu pas vu l’aumĂŽnier qui la trahit avec cette jeune Otahitienne. Tu peux te respecter tout en respectant les autres. Analyse et exploitation du travail d’écriture C’est en passant par le travail d’écriture d’invention que les Ă©lĂšves se sont vĂ©ritablement appropriĂ© cette idĂ©e que la structure d’une Ɠuvre, symbolique, parle et a du sens. C’est en cela qu’elle est efficace sur le lecteur, puisqu’elle l’oblige Ă  superposer sur le discours de l’Ɠuvre un discours propre. Les idĂ©es essentielles relatives au mĂ©canisme intellectuel effectuĂ© implicitement ont pu ĂȘtre mises Ă  jour explicitement dans une sĂ©ance de mise en commun j’avais sĂ©lectionnĂ© ces quatre extraits 1. La surprise, le choc – le dĂ©tour vers une autre image de soi-mĂȘme – la prise de conscience des illusions que l’on peut entretenir au profit d’une vĂ©ritĂ© plus exigeante – le dĂ©tour par l’autre pour finalement se comprendre soi-mĂȘme. Les Ă©lĂšves sont alors armĂ©s pour rĂ©pondre au sujet de dissertation suivant En quoi les Ɠuvres littĂ©raires permettent-elles de construire une rĂ©flexion efficace sur la condition humaine » ? 2. Les Ă©lĂšves ont ainsi pu passer d’une simple rĂ©flexion sur le sens des Ɠuvres Ă  la prise de conscience que cette rĂ©flexion a Ă©tĂ© vĂ©ritablement prĂ©parĂ©e par l’auteur grĂące Ă  l’architecture mĂȘme de l’Ɠuvre. Je voulais ainsi insister sur l’idĂ©e de construction, de tissage d’une Ɠuvre, qui sera utile par la suite pour toutes les autres Ɠuvres littĂ©raires. 3. Les Ă©lĂšves sont alors armĂ©s pour rĂ©pondre au sujet de dissertation suivant En quoi les Ɠuvres littĂ©raires permettent-elles de construire une rĂ©flexion efficace sur la condition humaine » ? 4. Prolongement avec la lecture du texte de l’Anthologie l’Homme qui te ressemble » Niveau 1S LycĂ©e Camille Desmoulins – Le Cateau-CambrĂ©sis Annette Deschamps Objectif pouvoir rĂ©pondre Ă  la problĂ©matique suivante comment la confrontation avec l’Autre peut-elle Ă©clairer ? au sens de faire voir, souligner, montrer, mais Ă©galement au sens philosophique d’éveil Ă  l’esprit critique permettant un retour sur soi. Ce travail proposĂ© aux Ă©lĂšves se situe Ă  la fin de l’étude de l’Ɠuvre intĂ©grale du SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville de Denis Diderot, dans le cadre de l’Objet d’Etude La Question de l’Homme dans les genres de l’argumentation ». Cliquez ici pour accĂ©der au tableau rĂ©capitulatif de l’architecture de cette lecture intĂ©grale, et Ă  son explicitation. ActivitĂ© qui permettra d’entrer dans l’Anthologie et de prĂ©parer la lecture du texte l’Homme qui te ressemble » p 130, qui pourra servir de document complĂ©mentaire. PrĂ©sentation de l’activitĂ© A la fin de l’étude de l’Ɠuvre intĂ©grale, il s’agit de faire prendre conscience aux Ă©lĂšves qu’il y a certes les thĂšmes Ă©voquĂ©s dans le corps mĂȘme du texte, mais Ă©galement une architecture gĂ©nĂ©rale de l’Ɠuvre – toute en effets d’échos et de reflets – qui va Ă©galement gĂ©nĂ©rer du sens, en imprimant la mĂ©moire du lecteur de façon Ă  ce que celui-ci en dĂ©gage lui-mĂȘme un discours rĂ©flexif dans tous les sens du terme L’enjeu de l’activitĂ© intitulĂ©e Faites parler le miroir » est triple – observer l’architecture de l’Ɠuvre de façon Ă  en dĂ©gager une loi » – comprendre les jeux de symĂ©trie opĂ©rĂ©s par l’auteur entre des scĂšnes, mais Ă©galement avec la mĂ©moire et les connaissances du lecteur – enfin comprendre que ce jeu de reflets proposĂ© au lecteur est le point de dĂ©part d’un discours implicite que le lecteur va pouvoir rĂ©aliser au cours de sa lecture, et une fois l’Ɠuvre achevĂ©e rĂ©flexif. L Voici les Ă©tapes proposĂ©es 1. vers une religion universelle, le respect des lois la nature humaine le jeune aumĂŽnier face Ă  la tentation en la personne de Thia extrait Ă©tudiĂ© en Lecture Analytique. L’étude parallĂšle du tableau de Tiepolo, La Tentation de Saint-Antoine, a pu rĂ©vĂ©ler une inversion de tous les codes et rĂ©fĂ©rences culturelles, de façon Ă  ridiculiser le personnage de l’aumĂŽnier en une théùtralisation comique – et non plus dramatique. 2. puis le texte Ă©tudiĂ© en Lecture analytique a Ă©tĂ© mis en parallĂšle avec l’extrait du plaidoyer de Polly Baker Les Ă©lĂšves ont alors observĂ© les jeux de symĂ©trie au bĂ©nĂ©fice des Tahitiens oĂč est la valeur ? OĂč est la morale ? OĂč est finalement le bon sens, le juste et l’injuste ? Cette activitĂ© s’est achevĂ©e par l’étude de la dĂ©finition du terme reflet » selon la dĂ©finition du TrĂ©sor de la Langue française ». Ce que je vois dans mon reflet Ă©tant en rĂ©alitĂ© mon exact inverse, l’Autre est donc moi. L’autre n’est donc qu’une partie de moi, de ce que je suis. Pour ĂȘtre moi-mĂȘme, il faut donc que je regarde l’Autre. Le lien avec l’Autre est ainsi Ă©tabli, rĂ©vĂ©lant les enjeux de la sĂ©quence. L’Autre m’éclaire, parce que c’est moi que je vois Ă  travers lui, dans un mouvement unique indissociable. En conclusion un extrait de Blanche Neige a Ă©tĂ© proposĂ©, en ce qu’il concentre tous les symboles du miroir rĂ©vĂ©lateur de la vĂ©ritĂ©. 3. Les Ă©lĂšves ont ensuite dĂ©terminĂ© la structure de l’Ɠuvre, selon un principe la loi des doubles et des effets de miroir. Les Ă©lĂšves ont repĂ©rĂ© qu’il y avait 5 chapitres, et donc que ce n’était pas un chiffre divisible par deux. Chacun des chapitres a son double, sauf le deuxiĂšme chapitre. C’est donc au lecteur de crĂ©er ce double », en poursuivant ainsi la structure de l’Ɠuvre. 4. Puis en salle pupitre, voici le sujet d’écriture d’invention qui leur a Ă©tĂ© proposĂ©. Magritte, La Reproduction interdite, 1937 Un lecteur du SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville vient d’achever sa lecture. Il pose le livre sur le bord de la cheminĂ©e et se regarde dans le miroir. Mais son reflet soudain lui tourne le dos. Ecrivez ce moment de choc » pendant lequel le lecteur ne se reconnaĂźt plus ». L’extrait video de Blanche-Neige a servi de lancement aux Ă©crits d’invention. Voici quelques Ă©crits d’élĂšves Ecrit 1 L’homme dit Oh beau miroir magique au mur qui a la beautĂ© parfaite et pure ? » Le miroir dit Ce n’est pas toi, homme occidental, demande toi, selon toi, est l’Homme parfait. Ouvre les yeux et observe les sociĂ©tĂ©s autour de toi laquelle Ă  ton avis est meilleure que les autres ? RĂ©flĂ©chis sur toi et sur les autres, prends conscience de qui tu es. Tu n’es pas supĂ©rieur aux autre, le Tahitien est ton frĂšre, vous ĂȘtes Ă©gaux malgrĂ© vos diffĂ©rences. La sociĂ©tĂ© dans laquelle tu vis n’est pas pure comme tu le prĂ©tends. Les sociĂ©tĂ©s que tu penses infĂ©rieures Ă  la tienne ont plus ont plus de valeurs morales que les tiennes. Ecrit 2 Homme occidental, je suis le miroir magique, sur cette terre je suis le seul Ă  te montrer qui tu es vraiment ! tu m’as rĂ©veillĂ©! je vois que tu viens de lire le supplĂ©ment au voyage de Bougainville, et que tu te poses de nombreuse questions sur toi maintenant ! je vais essayer de t’aider Ă  te redĂ©couvrir si ton reflet te tourne le dos c’est que tu n’es plus toi-mĂȘme alors qui est-tu maintenant ? Tu te demandes si la sociĂ©tĂ© qui t’entoure est superficiel, si tu n’as pas rejetĂ© les lois fondamentales de la nature, et bien oui , mais si je suis lĂ  Ă  te parler, c’est que tu veux comprendre .Alors commençons, tu te demandes si ce que tu appelles commoditĂ©s de la vie ne sont rien que le vrai bonheur comme la richesse d’un enfant t’est inconnue Ă  cause d’une sociĂ©tĂ© occidentale remplie de lois et dictĂ©e par la religion qui empĂȘche l’Homme de connaĂźtre le vrai bonheur que peut procurer la vie. Regarde au plus profond de toi, et vois la barbarie de notre sociĂ©tĂ© occidentale qui prend des Ăźles Ă  des peuples innocents qui sont en harmonie avec la nature, eux sont plus forts que toi ils ont compris la force que procure la nature comme le vieillard du village de Tahiti que Bougainville dĂ©crit, qui avait une robustesse Ă  toute Ă©preuve. Qu’as-tu appris ici, as-tu appris la vie ? as-tu atteint le bonheur ? Ce livre t’a ouvert les yeux, tu peux commencer ta recherche du bonheur, toi ,qui as enfin compris, tu es A, tu veux comprendre et je suis ton maĂźtre , je te montre le chemin Ă  suivre . Ecrit 3 Non, je ne veux pas, je ne veux plus voir ton dĂ©plaisant reflet, il est devenu pour moi insupportable Ă  regarder, le seul fait de voir un trait de ton visage me rend fou, c’est pour cela que je suis obligĂ© de te tourner le dos. La lecture de ce merveilleux ouvrage t’a fait prendre conscience de la personne que tu es, et de la sociĂ©tĂ© qui t’entoure. Tu t’es rendu compte Ă  quel point tu Ă©tais une immonde crĂ©ature, qui n’accorde aucune importance Ă  autrui. De l’adjectif Ă©goĂŻste » tu Ă©tais le roi, Ă  prĂ©sent tu dois donc changer. Cet Ă©lĂ©ctrochoc ne peut ĂȘtre que bĂ©nĂ©fique pour toi et t’aider Ă  avancer dans cette vie compliquĂ©e que tu as toi-mĂȘme menĂ© pendant toutes ces annĂ©es. Tout cela t’arrive car tu as lu ce livre, ce livre magique posĂ© Ă  cĂŽtĂ© de toi. Ce bouquin a rĂ©ussi Ă  te remettre en question, le violent discours que le vieillard a tenu Ă  Bougainville t’as fait prendre conscience de tous tes sombres dĂ©fauts. Tu t’es mis Ă  la place de Bougainville, tu t’es reconnu en lui, toutes les insultes que le vieillard a prononcĂ©es t’ont touchĂ© personnellement, tu t’es senti blessĂ©, attaquĂ© par ces propos. Tu t’es finalement rendu compte que peut-ĂȘtre, tu ne valais pas mieux que ce bon vieux Bougainville, que toi aussi tu Ă©tais mĂ©prisant envers les autres qui t’entourent. Ecrit 4 LA PRISE DE CONSCIENCE FACE AU MIROIR Ce que tu viens de lire est un reflet de ta sociĂ©tĂ©. N’as-tu pas honte !? Te rends-tu compte de ce que tu es vraiment ? Ce livre a-t-il pu t’apprendre que ta sociĂ©tĂ© ne cherche qu’à dĂ©truire les autres ? Vous qui cherchez Ă  retrouver un endroit similaire Ă  un nouvel Eden .Vous recherchez aprĂšs la perfection mais vous la dĂ©truisez . Ces peuples n’attendent que de partager leur savoir et d’apprendre le vĂŽtre. Ne voudriez-vous pas vivre comme ces Otahitiens, vous qui rĂ©vez d’un paradis sur terre , vous-mĂȘme vous ne respectez pas votre religion, n’as-tu pas vu l’aumĂŽnier qui la trahit avec cette jeune Otahitienne. Tu peux te respecter tout en respectant les autres. Analyse et exploitation du travail d’écriture C’est en passant par le travail d’écriture d’invention que les Ă©lĂšves se sont vĂ©ritablement appropriĂ© cette idĂ©e que la structure d’une Ɠuvre, symbolique, parle et a du sens. C’est en cela qu’elle est efficace sur le lecteur, puisqu’elle l’oblige Ă  superposer sur le discours de l’Ɠuvre un discours propre. Les idĂ©es essentielles relatives au mĂ©canisme intellectuel effectuĂ© implicitement ont pu ĂȘtre mises Ă  jour explicitement dans une sĂ©ance de mise en commun j’avais sĂ©lectionnĂ© ces quatre extraits 1. La surprise, le choc – le dĂ©tour vers une autre image de soi-mĂȘme – la prise de conscience des illusions que l’on peut entretenir au profit d’une vĂ©ritĂ© plus exigeante – le dĂ©tour par l’autre pour finalement se comprendre soi-mĂȘme. Les Ă©lĂšves sont alors armĂ©s pour rĂ©pondre au sujet de dissertation suivant En quoi les Ɠuvres littĂ©raires permettent-elles de construire une rĂ©flexion efficace sur la condition humaine » ? 2. Les Ă©lĂšves ont ainsi pu passer d’une simple rĂ©flexion sur le sens des Ɠuvres Ă  la prise de conscience que cette rĂ©flexion a Ă©tĂ© vĂ©ritablement prĂ©parĂ©e par l’auteur grĂące Ă  l’architecture mĂȘme de l’Ɠuvre. Je voulais ainsi insister sur l’idĂ©e de construction, de tissage d’une Ɠuvre, qui sera utile par la suite pour toutes les autres Ɠuvres littĂ©raires. 3. Les Ă©lĂšves sont alors armĂ©s pour rĂ©pondre au sujet de dissertation suivant En quoi les Ɠuvres littĂ©raires permettent-elles de construire une rĂ©flexion efficace sur la condition humaine » ? 4. Prolongement avec la lecture du texte de l’Anthologie l’Homme qui te ressemble »
PersonnagesTemps Lieux RĂ©sumĂ© ThĂšme IdĂ©e principale. Chapitre 1. Le dialogue commence "in medias res" (formule qui dĂ©finit l'entrĂ©e dans une piĂšce de théùtre et qui nous Le SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville ou Dialogue entre A et B sur l'inconvĂ©nient d'attacher des idĂ©es morales Ă  certaines actions physiques qui n'en comportent pas, est un roman philosophique de Diderot. Écrit en 1772 et publiĂ© pour la premiĂšre fois en volume en 1796 Ă  titre posthume dans un recueil de d'Opuscules philosophiques et littĂ©raires, la plupart posthumes ou inĂ©dites. Intrigue[] Chapitre 1 Jugement du voyage de Bougainville[] Les deux personnage attendent que le brouillard se lĂšve pour continuer leur pĂ©riple. Le personnage B est train de lire le Voyage autour du monde de Bougainville. Le A, qui n'a pas lu cet ouvrage, pose des questions Ă  B sur la personnalitĂ© de Bougainville et sur son voyage, ce qui permet Ă  B de rappeler les grandes Ă©tapes de son pĂ©riple. Ensuite ils Ă©voquent les Ă©lĂ©ments naturels, les maladies, les dĂ©gĂąts matĂ©riels, la difficultĂ© d'avoir des secours, puis ils parlent de l'attitude colonisatrice des JĂ©suites au Paraguay et leur expulsion ; la remise en cause du gigantisme des Patagons, la prĂ©sentation d'Aotourou, l'OtaĂŻtien qui accompagna Bougainville Ă  Paris et des remarques sur la difficultĂ© de rendre compte des mƓurs europĂ©ennes tant elles diffĂšrent des leurs. Une fois le brouillard levĂ©, ils continuent de se balader. B propose Ă  A de lire le SupplĂ©ment du voyage. Chapitre 2 Les adieux du vieillard[] Un vieillard, figure emblĂ©matique de la sagesse, qui s'Ă©tait retirĂ© et enfermĂ© chez lui lors du sĂ©jour des EuropĂ©ens, sort lors de leur dĂ©part. Il s'adresse Ă  son peuple leur disant qu'il faut dĂ©plorer l'arrivĂ©e de ces envahisseurs et non leur dĂ©part. Puis, il blĂąme Bougainville le chef des brigands », avec mĂ©pris, lui reprochant d'avoir apportĂ© le vice. Il critique les mƓurs des EuropĂ©ens civilisĂ©s » et les compare Ă  celles, sages, des OtaĂŻtiens sauvages ». Enfin, il maudit Bougainville et son Ă©quipage, souhaitant que leurs navires fassent naufrage. A et B ne comprennent pas vraiment le discours du vieillard mais ils s'attardent Ă  justifier la vĂ©ritĂ© du discours. En effet, ce passage n'existe pas chez Bougainville et Diderot, pour donner de la crĂ©dibilitĂ©. Chapitre 3 Entretien de l'aumĂŽnier et d'Orou[] B raconte Ă  A, les Ă©vĂ©nements entre l'aumĂŽnier qui logea chez l'OtaĂŻtien Orou, ĂągĂ© de 36 ans, mariĂ© de trois fille Asto, Palli et Thia. Celui-ci offre Ă  son invitĂ© aprĂšs le repas, sa femme et ses trois filles dans le but que l'aumĂŽnier en choisisse une et la fasse devenir mĂšre selon les coutumes otaĂŻtiennes. Mais l'aumĂŽnier refuse en accord avec les principes de sa "religion", son "Ă©tat", ses "bonnes mƓurs" et son "honnĂȘtetĂ©". Les deux individus discutent alors des coutumes otaĂŻtiennes, des relations hommes/femmes, de la religion et de l'Etat de l'aumĂŽnier. Le lendemain, Orou en vient Ă  critiquer le mode de vie des EuropĂ©ens qui doivent obĂ©ir Ă  Dieu, aux magistrats et au prĂȘtres Ă  la fois, mais qui ne font pas et ne sont pas chĂątiĂ©s. Ensuite A et B Lisent en marge les qualitĂ©s d'une bonne femme fĂ©conde en OtaĂŻti. Enfin, A et B Ă©voquent l'histoire de Miss Polly Baker qui se retrouve enceinte pour la cinquiĂšme fois hors mariage. Suite Ă  son argumentation sur la culpabilitĂ© des hommes, elle Ă©chappe Ă  son amende. Chapitre 4 Suite de l'entretien de l'aumĂŽnier avec l'habitant d'OtaĂŻti[] L'aumĂŽnier et Orou continue d'en apprendre davantage sur la culture de l'autre. Ils discutent du libertinage, d'inceste, d'adultĂšre, de la valeur d'un enfant en OtaĂŻti et celle des biens en Europe, puis de la position de moine de l'aumĂŽnier. Orou critique celle-ci oĂč les moines se sont soumis Ă  des contraintes pour des raisons floues, serment qu'ils ne respectent pas. Enfin, l'aumĂŽnier raconte qu'il cĂšde aux trois filles et Ă  la femme d'Orou. Chapitre 5 Suite du dialogue entre A et B[] A et B comparent le mode de vie otaĂŻtien et europĂ©en et critiquent la sociĂ©tĂ© europĂ©ennes et ses lois sans fondement et contradictoires. Ils se demandent si le mariage, la galanterie, la coquetterie, la constance, la fidĂ©litĂ© et la pudeur sont des principes de la nature et finissent par s'interroger sur leur propre sociĂ©tĂ©. Ils se demandent si l'homme sauvage » n'est pas meilleur que l'homme des villes ». La conversation se poursuit sur les consĂ©quences dĂ©sastreuses des lois policĂ©es et sur un rĂ©quisitoire Ă  l'encontre des sociĂ©tĂ©s europĂ©ennes en refusant de suivre les lois de la nature, l'homme est devenu malheureux, il s'est imposĂ© des obstacles, il est la source mĂȘme de ses malheurs. Le chapitre se termine sur leur volontĂ© de revenir aux lois de la Nature. Puis, comme le brouillard est tombĂ©, ils prĂ©voient dĂ©jĂ  ce qu'ils feront aprĂšs dĂźner. Personnages[] A et B deux amis que le mauvais temps empĂȘche de sortir. B est celui qui a lu le rĂ©cit de Bougainville et le SupplĂ©ment Ă  ce rĂ©cit mise en abyme » le supplĂ©ment en question est celui que nous sommes en train de lire. Ce sont deux philosophes des LumiĂšres curieux, intĂ©ressĂ©s par les dĂ©couvertes scientifiques ou gĂ©ographiques. Ils aiment Ă  raisonner et Ă  dĂ©battre, se passionnent pour les diffĂ©rences entre civilisations, s’interrogent sur l’état de nature et le rĂŽle de la sociĂ©tĂ©. A semble d’abord en retrait par rapport Ă  B c’est lui qui pose les questions, qui n’a pas les connaissances de B qui dirige le dĂ©bat. Le Vieillard il apparaĂźt rĂ©ellement dans le rĂ©cit de Bougainville oĂč il se montre indiffĂ©rent Ă  l’arrivĂ©e des EuropĂ©ens, silencieux. Diderot va s’emparer de ce personnage pour en faire le porte-parole des adversaires de la colonisation. Ce personnage s’exprime avec toute l’éloquence d’un EuropĂ©en... L’humour de Diderot qui attribue cette aisance rhĂ©torique Ă  la traduction est ici bien prĂ©sent. Ce sont bel et bien les idĂ©es de Diderot que dĂ©fend ici le vieillard on retrouve cette accusation dans d’autres Ă©crits de l’auteur le compte-rendu qu’il avait fait du rĂ©cit de Bougainville ou dans Histoire des Deux Indes qu’il a Ă©crit ne collaboration avec l’abbĂ© de Raynal. L'AumĂŽnier il y avait effectivement un aumĂŽnier dans l’expĂ©dition menĂ©e par Bougainville mais celui du livre est une invention de Diderot. C’est un ĂȘtre simpliste, incapable de rĂ©sister Ă  l’éloquence d’Orou. Il est aussi comique dans son comportement mais il sait s’adapter Ă  la situation et ĂȘtre moine en Europe, sauvage en OtaĂźti » Orou ce personnage est sans doute inspirĂ© d’Aotourou, le Tahitien que Bougainville avait amenĂ© avec lui en Europe mais lĂ  encore, Diderot se sert d’une rĂ©alitĂ© pour imaginer tout autre chose. Ainsi Orou est, tout autant que le vieillard, un maĂźtre de la rhĂ©torique et lui aussi, dĂ©fend des idĂ©es de Diderot critique contre l’Église, la religion, dĂ©fense du bien gĂ©nĂ©ral qui doit l’emporter sur le bien particulier, plaidoirie pour l’état de nature, critique des prĂ©jugĂ©s, critique des contradictions de la sociĂ©tĂ© europĂ©enne. Mais contrairement au vieillard, c’est un homme de dialogue. Polly Baker ce personnage est inspirĂ© de Benjamin Franklin qui avait imaginĂ© cette femme afin de dĂ©fendre les jeunes filles sĂ©duites. Dans le livre, elle n’a qu’un rĂŽle secondaire mais montre que la loi qui condamne les filles-mĂšres en raison de leur mauvaise conduite » est mauvaise pour les individus autant que pour l’état, c’est Ă  nouveau une illustration du sous-titre. Son histoire permet d’autre part d’opposer la civilisation saine de Tahiti aux erreurs de la civilisation occidentale. ThĂšmes abordĂ©s[] LibertĂ© sexuelle, mariage et morale dĂ©bat dont on peut voir des exemples dans les romans libertins de ce siĂšcle Enfant et sociĂ©tĂ© ne pas oublier que l’intĂ©rĂȘt pour l’enfant en tant que personne et son Ă©ducation sont des sujets qui intĂ©ressent les hommes de cette Ă©poque, et c’est nouveau. PropriĂ©tĂ© et partage autre thĂšme qui intĂ©resse l’époque. MĂ©faits de la colonisation thĂšme lui aussi en dĂ©bat et que Diderot aborde dans l’Histoire des Deux Indes. Nature et sociĂ©tĂ© les avis sont partagĂ©s ; Voltaire estime que la sociĂ©tĂ© est utile Ă  l’homme ; Rousseau pense qu’elle le pervertit. Ici, Diderot met en Ă©vidence le caractĂšre paradoxal des lois qui s’imposent Ă  l’homme en sociĂ©tĂ©. Religion le SupplĂ©ment tend Ă  montrer que la religion et ses prĂ©ceptes sont nuisibles Ă  l’individu, Ă  la sociĂ©tĂ© et au bien en gĂ©nĂ©ral, parce qu’elle va Ă  l’encontre de la nature. Bonheur autre thĂšme important dans les dĂ©bats de l’époque Madame du ChĂątelet, Discours sur le bonheur, liĂ© ici Ă  l’état de nature et Ă  l’utopie de Tahiti alors que les lois contradictoires de l’Europe empĂȘchent l’homme d’ĂȘtre heureux. Le Bon Sauvage depuis Montaigne, thĂšme qui attire. VidĂ©othĂšque[] Mise de scĂšne de DaniĂšle IsraĂ«l au Théùtre de la Madeleine Troyes en 2011 Sources[] ↑ 1,0 et 1,1 PremiĂšre Ă©dition française - Notice BnF Navigation[] XVIIe◄ â–șXIXe ƒUVRES DU XVIIIe SIÈCLE Romans Français Candide 1759 ‱ Les Liaisons dangereuses 1782 ‱ Jacques le Fataliste et son MaĂźtre 1796 Nouvelles & Contes Français Zadig 1748 ‱ MicromĂ©gas 1752 ‱ SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville 1796 Théùtre Français Le Jeu de l'amour et du hasard 1730 ‱ Le Barbier de SĂ©ville 1775 ‱ Le Mariage de Figaro 1784 ‱ La MĂšre coupable 1792 Essais Français L'EncyclopĂ©die 1751-1772 RĂ©sumĂ© Les protagonistes du dialogue de Diderot, A et B, discutent du Voyage autour du monde du navigateur français Louis-Antoine de Bougainville rĂ©cemment paru (en 1771).B propose de parcourir un prĂ©tendu SupplĂ©ment qui remet en question certaines prĂ©tendues Ă©vidences Ă©noncĂ©es par Bougainville, premier Français ayant fait le tour du monde.. Deux passages de ce Les protagonistes du dialogue de Diderot, A et B, discutent du Voyage autour du monde du navigateur français Louis Antoine de Bougainville rĂ©cemment paru en 1771. B propose de parcourir un prĂ©tendu SupplĂ©ment qui en remet en question certaines soi-disant Ă©vidences Ă©noncĂ©es par Bougainville. Deux passages de ce supplĂ©ment sont enchĂąssĂ©s dans la discussion Les adieux du vieillard, et le long Entretien de l'aumĂŽnier et d'Orou. Chapitre 1 Jugement du voyage de Bougainville Au moment oĂč il commence, le dialogue a l'air d'ĂȘtre la suite d'une conversation. Les deux personnages attendent que le brouillard se lĂšve pour continuer leur pĂ©riple. B est en train de lire le Voyage autour du monde de Bougainville. A, qui n'a pas lu cet ouvrage interroge B sur la personnalitĂ© de Bougainville un homme curieux qui passe d'une vie sĂ©dentaire et de plaisirs au mĂ©tier actif, pĂ©nible, usant et dissipĂ© du voyageur » et sur son voyage, ce qui permet Ă  B de rappeler les grandes Ă©tapes de son pĂ©riple. Ensuite sont Ă©voquĂ©es les difficultĂ©s rencontrĂ©es les Ă©lĂ©ments naturels, les maladies, les dĂ©gĂąts matĂ©riels, la difficultĂ© d'avoir des secours. Puis ce sont des considĂ©rations sur des Ă©vĂ©nements particuliers l'attitude colonisatrice des JĂ©suites au Paraguay et leur expulsion ; la remise en cause du gigantisme des Patagons, tels que les avait dĂ©crits Magellan ; la sagesse et la qualitĂ© de vie des sauvages, tant que leur sĂ©curitĂ© n'est pas en danger ; la prĂ©sentation d'Aotourou, le tahitien qui accompagna Bougainville Ă  Paris et des remarques sur la difficultĂ© de rendre compte des mƓurs europĂ©ennes tant elles diffĂšrent des leurs. Le chapitre se termine par des considĂ©rations d'ordre mĂ©tĂ©orologique le brouillard s'est levĂ©, les deux compagnons vont pouvoir continuer leur balade. Devant la curiositĂ© de A, B l'encourage Ă  lire la suite du rĂ©cit de Bougainville ... tenez, lisez, allez droit aux adieux que fit un des chefs de l'Ăźle Ă  nos voyageurs ... ». Les meilleurs professeurs de Français disponibles4,9 70 avis 1er cours offert !5 85 avis 1er cours offert !4,9 117 avis 1er cours offert !5 39 avis 1er cours offert !4,9 56 avis 1er cours offert !5 38 avis 1er cours offert !4,9 17 avis 1er cours offert !5 111 avis 1er cours offert !4,9 70 avis 1er cours offert !5 85 avis 1er cours offert !4,9 117 avis 1er cours offert !5 39 avis 1er cours offert !4,9 56 avis 1er cours offert !5 38 avis 1er cours offert !4,9 17 avis 1er cours offert !5 111 avis 1er cours offert !C'est partiChapitre 2 Les adieux du vieillard Au moment du dĂ©part des EuropĂ©ens, le vieillard, celui qui s'Ă©tait retirĂ© et enfermĂ© dans un mutisme total Ă  l'arrivĂ©e des EuropĂ©ens, figure emblĂ©matique de la sagesse, adresse un discours, d'abord Ă  ses compatriotes il leur reproche de s'Ă©mouvoir du dĂ©part de ceux qu'il considĂšre comme des envahisseurs, leur rappelant que c'est plutĂŽt leur arrivĂ©e sur l'Ăźle qu'il faut dĂ©plorer. Il les met en garde contre leur Ă©ventuel retour, qui serait fatal pour chacun d'eux et il leur prĂ©voit un avenir sombre ... un jour, vous servirez sous eux, aussi corrompus, aussi vils, aussi malheureux qu'eux. » Puis il s'adresse Ă  Bougainville, le chef des brigands », avec mĂ©pris. Il le blĂąme de son influence nĂ©faste sur les Tahitiens et fait un portrait machiavĂ©lique des EuropĂ©ens qui ont eu pour seul but de dĂ©truire leur bonheur. TrĂšs rapidement le discours se transforme en un Ă©loge de la vie sauvage et un rĂ©quisitoire contre les EuropĂ©ens. Il Ă©numĂšre les diffĂ©rents mĂ©faits causĂ©s par l'expĂ©dition les dĂ©naturer, Ă©veiller en eux la jalousie et la rivalitĂ©, violer leur libertĂ©, voler leurs biens, ne pas les avoir respectĂ©s comme eux-mĂȘmes les avaient respectĂ©s, les pervertir et leur apprendre le mal. Par delĂ  cette accusation, on peut lire une satire de l'attitude des peuples dits civilisĂ©s qui ne sont que des empoisonneurs des nations ». Pour finir, il implore la malĂ©diction pour Bougainville et son Ă©quipage Va, et puissent les mers coupables qui t'ont Ă©pargnĂ© dans ton voyage, s'absoudre et nous venger en t'engloutissant avant ton retour. ». A et B ne commentent pas vraiment les propos du vieillard mais ils s'attardent Ă  justifier la vĂ©racitĂ© du discours. En effet, ce passage n'existe pas chez Bougainville et Diderot, pour donner de la crĂ©dibilitĂ©, feint de supposer que Bougainville a prĂ©fĂ©rĂ© ne pas retenir ce discours pour Ă©pargner les EuropĂ©ens. Comme dans les prĂ©cĂ©dents chapitres, le suivant est annoncĂ©. Enfin B fait rĂ©fĂ©rence Ă  l'aventure de BarrĂ©, cette jeune femme, maĂźtresse de Commerson, qui avait embarquĂ© Ă  Saint-Malo, dĂ©guisĂ©e en homme. Chapitre 3 Entretien de l'aumĂŽnier et d'Orou Le chapitre s'ouvre sur la prĂ©sentation des deux protagonistes Orou, l'hĂŽte, agĂ© de 36 ans, mariĂ© et pĂšre de trois filles Asto, Palli et Thia, et l'aumĂŽnier de l'expĂ©dition, du mĂȘme Ăąge que son hĂŽte. ConformĂ©ment au code de l'hospitalitĂ©, Orou offre une des quatre femmes Ă  l'aumĂŽnier pour agrĂ©menter sa nuit. Devant son refus au nom de sa religion, son Ă©tat, les bonnes mƓurs et l'honnĂȘtetĂ© » s'engage une conversation entre les deux hommes dans un premier temps, Orou invite l'aumĂŽnier Ă  se plier Ă  leurs mƓurs, et convaincu, le jeune jĂ©suite cĂšde Ă  la tentation et accepte de passer la nuit avec Thia, la plus jeune des filles qui n'a ni mari, ni enfants. Le lendemain, Orou demande Ă  l'aumĂŽnier de lui expliquer ce que signifie le terme religion ». Il expose la conception chrĂ©tienne du monde, Ɠuvre d'un Dieu tout-puissant, Ă©ternel et invisible et le code moral chrĂ©tien dictĂ© par Dieu, lĂ©gifĂ©rant ce qui est bien et ce qui est mal, ce qui est permis et ce qui est interdit. Orou, dans une longue rĂ©plique, dĂ©montre au jĂ©suite que les principes divins sont contraires Ă  la Nature et Ă  la Raison. Pour lui, l'homme n'appartient Ă  personne. Il remet en cause le fondement et l'existence des lois morales, sociales et juridiques. Orou fait preuve de bon sens et affirme n'avoir qu'un dessein faire le bien et respecter la nature. La discussion se poursuit, l'aumĂŽnier interroge Orou sur la question du mariage. La dĂ©finition qu'il en donne est en tout point conforme Ă  l'esprit de nature le consentement d'habiter une mĂȘme cabane, et de coucher dans un mĂȘme lit, tant que nous nous y trouvons bien ... ». Ce qui importe c'est le fruit de l'union et Orou explique avec enthousiasme le culte de la maternitĂ© et plus une fille a d'enfants, plus elle est convoitĂ©e. La vraie richesse de l'Ăźle, ce sont les enfants, et tout naturellement la conversion s'attarde sur les rituels des enfants avant qu'ils aient atteint l'Ăąge nubile, rituels diffĂ©rents selon qu'ils sont filles ou garçons. Ces rituels doivent ĂȘtre strictement observĂ©s sous peine d'ĂȘtre punis par la communautĂ©. A interrompt la soi-disant lecture linĂ©aire du livre de Bougainville pour s'attarder sur une note en marge du texte, un commentaire de l'aumĂŽnier sur la sagesse de cette conception du mariage qui respecte la libertĂ© de chacun. Comme dans le chapitre prĂ©cĂ©dent, Diderot feint de justifier la vĂ©racitĂ© des propos et prĂ©texte la censure de la bonne morale europĂ©enne pour justifier l'absence de ce passage dans le rĂ©cit du navigateur. A et B se livrent Ă  une digression et Ă©voquent une anecdote contemporaine, l'aventure malheureuse de Miss Polly Baker. Cette jeune fille, mĂšre hors du mariage est punie par la loi. B rapporte un extrait de sa dĂ©fense, mettant en Ă©vidence que son Ă©tat ne rĂ©sulte que de l'infamie des hommes qui profitent d'elle sans pour autant en assumer les consĂ©quences, en toute logique, ce sont eux qui devraient ĂȘtre punis. Chapitre 4 Suite de l'entretien de l'aumĂŽnier et l'habitant de Tahiti Ce chapitre reprend la conversation entre Orou et l'aumĂŽnier au point oĂč elle en Ă©tait restĂ©e juste avant la digression sur le cas de Miss Baker. La ponctuation mettait d'ailleurs en Ă©vidence cette interruption du discours " Tu l'as dit...." et tout Ă  fait logiquement Orou poursuit son tĂ©moignage sur la conception du mariage Ă  Tahiti et l'Ă©loge de la maternitĂ©. La libertĂ© sexuelle est telle que les notions d'inceste et d'adultĂšre n'existent pas. Si une fille trop laide n'a pas de mari, c'est un devoir pour son pĂšre de la rendre mĂšre. Si une mĂšre n'attire plus de prĂ©tendants, c'est lui rendre hommage et la respecter pour un fils que de partager son lit. L'aumĂŽnier interroge Orou sur le libertinage amoureux, c'est-Ă -dire sur les transgressions des rituels qui rĂ©gissent les attitudes et les devoirs des enfants avant l'Ăąge de la pubertĂ©. Les femmes sont identifiables Ă  la couleur de leur voile et chacune doit respecter les lois qui rĂ©gissent le voile, sinon, il y a sanction le voile blanc dĂ©signe la jeune fille vierge avant la pubertĂ©, si elle se laisse sĂ©duire, elle est mise Ă  l'Ă©cart dans la cabane paternelle ; le voile gris dĂ©signe la jeune fille momentanĂ©ment empĂȘchĂ©e de procrĂ©er ; le voile noir dĂ©signe les femmes qui ont passĂ© l'Ăąge de la mĂ©nopause. Si malgrĂ© tout elles s'adonnent aux plaisirs de l'amour, elles sont exilĂ©es ou elles deviennent esclaves. Ces pratiques insistent sur le fait que l'acte sexuel a pour but premier la procrĂ©ation. La fin de cet entretien est un jugement sans appel sur le ridicule d'autant plus qu'il n'est pas respectĂ© et le non sens du "vƓu de stĂ©rilitĂ©", contraire Ă  la nature, prononcĂ© par les religieux catholiques. Chapitre 5 Suite du dialogue entre A et B A et B approuvent les mƓurs tahitiennes et remettent en cause la civilisation qui assujettit les hommes Ă  des lois artificielles, arbitraires et contradictoires. Puis ils revisitent les conventions de la vie amoureuse instituĂ©es par le code civil et le code religieux au regard du code de la nature le mariage, la galanterie, la coquetterie, la constance, la fidĂ©litĂ©, la pudeur. La conversation se poursuit sur les consĂ©quences dĂ©sastreuses des lois policĂ©es et sur un rĂ©quisitoire Ă  l'encontre des sociĂ©tĂ©s europĂ©ennes en refusant de suivre les lois de la nature, l'homme est devenu malheureux, il s'est imposĂ© des obstacles, il est la source mĂȘme de ses malheurs. B rĂ©sume la misĂšre de la condition de l'homme civilisĂ© Il existait un homme naturel on a introduit au-dedans de cet homme un homme artificiel ; et il s'est Ă©levĂ© dans la caverne une guerre continuelle qui dure toute la vie. TantĂŽt l'homme naturel est le plus fort ; tantĂŽt il est terrassĂ© par l'homme moral et artificiel. ». La discussion entre A et B s'arrĂȘte avec le retour du beau temps, et la perspective de la poursuite de leur promenade. Introduction: Ce texte est extrait du ?supplĂ©ment? de l?oeuvre de Bougainville ?Voyage autour du monde? (1771) dans laquelle il raconte son voyage. Diderot le lit, et choquĂ© par les prĂ©jugĂ©s que ce carnet de bord contient, il dĂ©cide de publier un ?supplĂ©ment?, ce qui apparaĂźt comme une critique, sous entendant une insuffisance de l ÙˆŰ”Ù Ű§Ù„Ù†Ű§ŰŽŰ± DĂ©cryptez SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville de Denis Diderot avec l’analyse du !Que faut-il retenir du SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville, le conte philosophique qui a plongĂ© les lecteurs au coeur de Tahiti ? Retrouvez tout ce que vous devez savoir sur cette Ɠuvre dans une analyse complĂšte et trouverez notamment dans cette fiche ‱ Un rĂ©sumĂ© complet‱ Une prĂ©sentation des personnages principaux tels que A, B, le vieillard tahitien, Orou et l'aumĂŽnier‱ Une analyse des spĂ©cificitĂ©s de l’Ɠuvre les LumiĂšres et le mythe du bon sauvage, la nature et la culture, la morale sexuelle et le dialogue philosophiqueUne analyse de rĂ©fĂ©rence pour comprendre rapidement le sens de l’ MOT DE L’ÉDITEUR Dans cette nouvelle Ă©dition de notre analyse du SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville 2017, avec Fanny Normand, nous fournissons des pistes pour dĂ©coder ce dialogue philosophique qui confronte deux mondes trĂšs diffĂ©rents. Notre analyse permet de faire rapidement le tour de l’Ɠuvre et d’aller au-delĂ  des clichĂ©s. » StĂ©phanie FELTENÀ propos de la collection PlĂ©biscitĂ© tant par les passionnĂ©s de littĂ©rature que par les lycĂ©ens, est considĂ©rĂ© comme une rĂ©fĂ©rence en matiĂšre d’analyse d’Ɠuvres classiques et contemporaines. Nos analyses, disponibles au format papier et numĂ©rique, ont Ă©tĂ© conçues pour guider les lecteurs Ă  travers la littĂ©rature. Nos auteurs combinent thĂ©ories, citations, anecdotes et commentaires pour vous faire dĂ©couvrir et redĂ©couvrir les plus grandes Ɠuvres littĂ©raires. est reconnu d’intĂ©rĂȘt pĂ©dagogique par le ministĂšre de l’Éducation. Plus d’informations sur Commentaired'arrĂȘt de la cour de Cassation du 25 octobre 2007: la SAS. La SociĂ©tĂ© par Actions SimplifiĂ©e (SAS), introduite en droit français en 1994 est dĂ©crite comme la sociĂ©tĂ© « contractuelle » par excellence en raison de l’importance du rĂŽle jouĂ© par les statuts dans la dĂ©termination de ses conditions de fonctionnement.La chambre commerciale de la Cour de cassation a pu s Contactlescoursjulien SupplĂ©ment au voyage de Bougainville, le discours du vieillard », Diderot, 1796 Pleurez, malheureux Tahitiens! pleurez; mais que ce soit de l’arrivĂ©e, et non du dĂ©part de ces hommes ambitieux et mĂ©chants un jour, vous les connaĂźtrez mieux. Un jour, ils reviendront, le morceau de bois que vous voyez attachĂ© Ă  la ceinture de celui-ci, dans une main, et le fer qui pend au cĂŽtĂ© de celui-lĂ , dans l’autre, vous enchaĂźner, vous Ă©gorger, ou vous assujettir Ă  leurs extravagances et Ă  leurs vices; un jour vous servirez sous eux, aussi corrompus, aussi vils, aussi malheureux qu’eux. Mais je me console; je touche Ă  la fin de ma carriĂšre; et la calamitĂ© que je vous annonce, je ne la verrai point. O Tahitiens! mes amis! vous auriez un moyen d’échapper Ă  un funeste avenir; mais j’aimerais mieux mourir que de vous en donner le conseil. Qu’ils s’éloignent, et qu’ils vivent. » Puis s’adressant Ă  Bougainville, il ajouta Et toi, chef des brigands qui t’obĂ©issent, Ă©carte promptement ton vaisseau de notre rive nous sommes innocents, nous sommes heureux; et tu ne peux que nuire Ă  notre bonheur. Nous suivons le pur instinct de la nature; et tu as tentĂ© d’effacer de nos Ăąmes son caractĂšre. Ici tout est Ă  tous; et tu nous as prĂȘchĂ© je ne sais quelle distinction du tien et du mien. Nos filles et nos femmes nous sont communes; tu as partagĂ© ce privilĂšge avec nous; et tu es venu allumer en elles des fureurs inconnues. Elles sont devenues folles dans tes bras; tu es devenu fĂ©roce entre les leurs. Elles ont commencĂ© Ă  se haĂŻr; vous vous ĂȘtes Ă©gorgĂ©s pour elles; et elles nous sont revenues teintes de votre sang. Nous sommes libres; et voilĂ  que tu as enfoui dans notre terre le titre de notre futur esclavage. Tu n’es ni un dieu, ni un dĂ©mon qui es-tu donc, pour faire des esclaves? Orou! toi qui entends la langue de ces hommes-lĂ , dis-nous Ă  tous, comme tu me l’as dit Ă  moi, ce qu’ils ont Ă©crit sur cette lame de mĂ©tal Ce pays est Ă  nous. Ce pays est Ă  toi! et pourquoi? parce que tu y as mis le pied? Si un Tahitien dĂ©barquait un jour sur vos cĂŽtes, et qu’il gravĂąt sur une de vos pierres ou sur l’écorce d’un de vos arbres Ce pays appartient aux habitants de Tahiti, qu’en penserais-tu?
 Tu n’es pas esclave tu souffrirais la mort plutĂŽt que de l’ĂȘtre, et tu veux nous asservir! Tu crois donc que le Tahitien ne sait pas dĂ©fendre sa libertĂ© et mourir? Celui dont tu veux t’emparer comme de la brute, le Tahitien est ton frĂšre. Vous ĂȘtes deux enfants de la nature; quel droit as-tu sur lui qu’il n’ait pas sur toi? Tu es venu; nous sommes-nous jetĂ©s sur ta personne? avons-nous pillĂ© ton vaisseau? t’avons-nous saisi et exposĂ© aux flĂšches de nos ennemis? t’avons-nous associĂ© dans nos champs au travail de nos animaux? Nous avons respectĂ© notre image en toi. Laisse nous nos moeurs; elles sont plus sages et honnĂȘtes que les tiennes; nous ne voulons plus troquer ce que tu appelles notre ignorance contre tes inutiles lumiĂšres. Tout ce qui nous est nĂ©cessaire et bon, nous le possĂ©dons. Sommes-nous dignes de mĂ©pris, parce que nous n’avons pas su nous faire des besoins superflus? Lorsque nous avons faim, nous avons de quoi manger; lorsque nous avons froid, nous avons de quoi nous vĂȘtir. Tu es entrĂ© dans nos cabanes, qu’y manque-t-il, Ă  ton avis? Poursuis jusqu’oĂč tu voudras ce que tu appelles les commoditĂ©s de la vie; mais permets Ă  des ĂȘtres sensĂ©s de s’arrĂȘter, lorsqu’ils n’auraient Ă  obtenir, de la continuitĂ© de leurs pĂ©nibles efforts, que des biens imaginaires. Si tu nous persuades de franchir l’étroite limite du besoin, quand finirons-nous de travailler? Quand jouirons-nous? Nous avons rendu la somme de nos fatigues annuelles et journaliĂšres la moindre qu’il Ă©tait possible, parce que rien ne nous paraĂźt prĂ©fĂ©rable au repos. Va dans ta contrĂ©e t’agiter, te tourmenter tant que tu voudras; laisse-nous reposer ne nous entĂȘte ni de tes besoins factices, ni de tes vertus chimĂ©riques. » Exemple d’un plan de commentaire avec introduction et conclusion du passage le discours du vieillard » dans supplĂ©ment au voyage de Bougainville de Diderot, 1796. Ceci n’est pas un modĂšle, mais un exemple. Votre rĂ©flexion personnelle peut Ă©videmment mener Ă  d’autres pistes de lecture Introduction La parution du livre est posthume en 1796. Diderot a entrepris l’écriture du SupplĂ©ment au voyage de Bougainville suite au succĂšs du rĂ©el rĂ©cit de voyage de l’explorateur, Voyage autour du monde 1771. Le livre, comme l’indique le titre complet, se prĂ©sente sous la forme d’un dialogue entre deux personnages A et B, qui se rĂ©fĂšre Ă  l’oeuvre de Bougainville pour mieux interroger le lecteur sur la colonisation et la vision europĂ©enne portĂ©e sur ces terres Ă©loignĂ©es. accroche avec remise dans le contexte A l’intĂ©rieur de ce dialogue philosophique, frĂ©quent dans l’oeuvre du philosophe Entretien avec la MarĂ©chale de
, ou Jacques le faliste, deux rĂ©cits sont enchĂąssĂ©s l’entretien de l’aumonier et Orou, et les adieux du vieillard. Ce dernier se situe au dĂ©but, dans le deuxiĂšme chapitre. Un vieil homme, respectĂ© pour sa sagesse, et semblant ĂȘtre le chef de la tribut des OtaĂŻtiens, dĂ©taille avec colĂšre les mĂ©faits des colons, et l’injustice de la colonisation dans un long discours. prĂ©sentation du texte Quel regard est portĂ© sur la civilisation europĂ©enne dans cet extrait par le philosophe ? problĂ©matique Nous montrerons dans un premier temps que ce texte est un discours argumentatif, puis nous analyserons la portĂ©e philosophique du propos, notamment dans la comparaison effectuĂ©e entre les deux mondes. annonce de plan introduction en quatre parties avec une accroche, une prĂ©sentation du passage, une problĂ©matique, et une annonce de plan. I- Un discours polĂ©mique. phrase d’introduction avec rappel du thĂšme lors de la rĂ©daction a Les marques du discours. s’adresse directement Ă  Bougainville Puis s’adressant Ă  Bougainville ». Seconde personne du singulier tout au long du texte Et toi », tu ne peux » , marque d’un manque de respect pour le colonisateur. il parle au nom de son peuple Nous suivons », et Ă  son peuple, qui avec Bougainville, constitue son auditoire. PrĂ©sence de procĂ©dĂ©s oratoires comme de multiples questions rhĂ©toriques. b Une tonalitĂ© polĂ©mique. le vieillard ne dĂ©bat pas avec Bougainville. Il est Ă©nervĂ© ponctuation expressive et tu veux nous asservir ! », impĂ©ratif Laisse-nous ». formulations insultantes Ă  plusieurs reprises chef des brigands », brute ». colĂšre du vieillard devant les comportements des Occidentaux dĂ©crits en termes violents fĂ©roce », vous vous ĂȘtes Ă©gorgĂ©s pour elles ». c Un discours argumentatif. un discours structurĂ© malgrĂ© la colĂšre tout d’abord, la situation initiale, le vaisseau proche de la rive. Ensuite, seconde Ă©tape sur la propriĂ©tĂ© Ici tout est Ă  tous », puis la libertĂ© Nous sommes libres », enfin, le second paragraphe expose plus en dĂ©tail le mode de vie des Thaitiens, tu es entrĂ© dans nos cabanes ». utilisation d’un prĂ©sent de vĂ©ritĂ© gĂ©nĂ©rale, qui ne souffre pas de contestation Tu n’es ni un dieu, ni un dĂ©mon », Tout ce qui est nĂ©cessaire et bon, nous le possĂ©dons ». connecteurs logiques et » rĂ©pĂ©titions dans le texte », donc », Lorsque ».. convaincre par l’exemple, et la logique du raisonnement, persuader par la tonalitĂ© polĂ©mique. phrase de conclusion/transition lors de la rĂ©daction de la partie II- Un discours des LumiĂšres. phrase d’introduction de la partie avec rappel du thĂšme lors de la rĂ©daction a Un blĂąme de la colonisation. description pĂ©jorative de la colonisation. Un vol Ce pays est Ă  nous. Ce pays est Ă  toi ! Et pourquoi ? Parce que tu y as mis le pied ? ». La colonisation est montrĂ©e comme une appropriation illĂ©gitime, faite par la violence, par la force. La violence vous enchaĂźne, vous Ă©gorge », mise en avant du symbole de la supĂ©rioritĂ© guerriĂšre des EuropĂ©ens le fer qui pend au cĂŽtĂ© de celui-lĂ  », cette lame de mĂ©tal », l’épĂ©e. La privation de libertĂ© le titre de notre futur esclavage », esclaves », tu veux nous asservir », dĂ©fendre nitre libertĂ© ». un vol violent et un asservissement pour des buts nĂ©fastes vous assujettir Ă  leurs extravagances et Ă  leurs vices », aussi corrompus, aussi vils, aussi malheureux qu’eux », Ă©numĂ©ration insistant sur le caractĂšre nocif de la civilisation europĂ©enne. b L’utopie tahitienne. principe de tolĂ©rance en mettant en avant les caractĂ©ristiques de la civilisation thaĂŻtienne. PrĂ©sent de vĂ©ritĂ© gĂ©nĂ©rale pour dĂ©crire leur Ă©tat, leur vie Nous sommes innocents, nous sommes heureux », Nous sommes libres ». Bonheur et libertĂ© sont acquis. Le nous » inclus tous les habitants ; sociĂ©tĂ© Ă©galitaire. Pas de besoins, apparence d’une sociĂ©tĂ© sans manques Tout ce qui nous est nĂ©cessaire et bon, nous le possĂ©dons ». pas de propriĂ©tĂ© Ici, tout est Ă  tous. », pas de mariage Nos femmes et nos filles sont nous sont communes ». IdĂ©e d’une communautĂ© utopique. c Une vision typique de Diderot. matĂ©rialisme athĂ©e de Diderot mis en avant pas de liens familiaux sacrĂ©s, insistance sur les conditions de vie, refus de la propriĂ©tĂ©. Vie et bonheur qui suivent les lois naturelles Nous suivons le pur instinct de la nature », parallĂ©lismes simples pour exprimer une vie simple Lorsque nous avons faim, nous avons de quoi manger
 ». Travail et progrĂšs sont vues comme des valeurs nĂ©gatives rien ne nous parĂźt prĂ©fĂ©rable au repos », tes inutiles lumiĂšres », tes besoins factices ». retournement de situation par rapport au clichĂ© de l’indigĂšne sauvage et peu dĂ©veloppĂ©, et de l’EuropĂ©en progressiste et savant. phrase de conclusion de la partie lors de la rĂ©daction Conclusion La forme du texte est celle du discours, qui permet Ă  la fois de faire passer des sentiments de colĂšre contre la colonisation europĂ©enne, et un raisonnement logique qui nous montre les dĂ©sordres créés par la colonisation dans les sociĂ©tĂ©s indigĂšnes. Le discours interroge aussi le lecteur sur la lĂ©gitimitĂ© des EuropĂ©ens Ă  s’accaparer des terres Ă  l’autre bout du monde. De plus, Diderot pose ,par une comparaison habile entre une civilisation europĂ©enne corrompue et une civilisation thaĂŻtienne heureuse et Ă©panouie, les principes de sa philosophie proche de la nature, et Ă©galitaire. rĂ©ponse Ă  l’annonce de plan La colonisation europĂ©enne est vue comme une malĂ©diction terrible, qui opprime les peuples indigĂšnes. Elle ment sur sa lĂ©gitimitĂ©, sur la promesse de progrĂšs qu’elle avance, car les EuropĂ©ens ne peuvent apporter le bonheur Ă  une civilisation qui le possĂšde dĂ©jĂ . rĂ©ponse Ă  la problĂ©matique Ce texte nous renseigne une nouvelle fois sur la proximitĂ© philosophique de Diderot et de Rousseau quant aux lois naturelles, et Ă  la vision du travail et du progrĂšs. Les deux philosophes souhaitent un retour des civilisĂ©s » Ă  une vie primitive, dĂ©liĂ©e des besoins superflus, et surtout sans propriĂ©tĂ©, comme l’expose aussi Rousseau dans le mythe du bon sauvage. ouverture conclusion en trois parties avec reprise des conclusions partielles, rĂ©ponse Ă  la problĂ©matique, et ouverture contactlescoursjulien
\n \n\n\nsupplément au voyage de bougainville résumé par chapitre
Malheuraux Tahitiens prĂ©sents, et Ă  tous les Tahitiens Ă  venir, du jour oĂč tu nous as visitĂ©s ! ». Denis Diderot, SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville, 1772. (chapitre 2) [1] Assujettir : rendre esclave. [2] CarriĂšre = existence. [3] Orou : un des tahitiens qui comprend la langue française et sert d’interprĂšte. [4] Entendre

SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville ou Dialogue entre A et B sur l’inconvĂ©nient d’attacher des idĂ©es morales Ă  certaines actions physiques qui n’en comportent pas conte philosophique de Denis Diderot. RĂ©sumĂ© Les protagonistes du dialogue de Diderot, A et B, discutent du Voyage autour du monde du navigateur français Louis Antoine de Bougainville rĂ©cemment paru en 1771. B propose deparcourir un prĂ©tendu SupplĂ©ment qui remet en question certaines Ă©vidences Ă©noncĂ©es par Bougainville. Deux passages de ce supplĂ©ment sont insĂ©rĂ©s dans la discussion Les adieux du vieillard, et le long Entretien de l’aumĂŽnier et d’Orou. Chapitre 1 Jugement du voyage de Bougainville Au moment oĂč il commence, le dialogue a l’air d’ĂȘtre la suite d’une conversation. Les deux personnagesattendent que le brouillard se lĂšve pour continuer leur pĂ©riple. B est en train de lire le Voyage autour du monde de Bougainville. A, qui n’a pas lu cet ouvrage interroge B sur la personnalitĂ© de Bougainville un homme curieux qui passe d’une vie sĂ©dentaire et de plaisirs au mĂ©tier actif, pĂ©nible, usant et dissipĂ© du voyageur » et sur son voyage, ce qui permet Ă  B de rappeler les grandes Ă©tapes deson pĂ©riple. Ensuite sont Ă©voquĂ©es les difficultĂ©s rencontrĂ©es les Ă©lĂ©ments naturels, les maladies, les dĂ©gĂąts matĂ©riels, la difficultĂ© d’avoir des secours. Puis ce sont des considĂ©rations sur des Ă©vĂ©nements particuliers l’attitude colonisatrice desJĂ©suites au Paraguay et leur expulsion ; la remise en cause du gigantisme des Patagons, tels que les avait dĂ©crits Magellan ; la sagesse et laqualitĂ© de vie des sauvages, tant que leur sĂ©curitĂ© n’est pas en danger ; la prĂ©sentation d’Aotourou, le tahitien qui accompagna Bougainville Ă  Paris et des remarques sur la difficultĂ© de rendre compte des mƓurs europĂ©ennes tant elles diffĂšrent des leurs. Le chapitre se termine par des considĂ©rations d’ordre mĂ©tĂ©orologique le brouillard s’est levĂ©, les deux compagnons vont pouvoir continuer leurbalade. Devant la curiositĂ© de A, B l’encourage Ă  lire la suite du rĂ©cit de Bougainville 
 tenez, lisez, allez droit aux adieux que fit un des chefs de l’üle Ă  nos voyageurs 
 ». Chapitre 2 Les adieux du vieillard [modifier] Au moment du dĂ©part des EuropĂ©ens, le vieillard, celui qui s’était retirĂ© et enfermĂ© dans un mutisme total Ă  l’arrivĂ©e des EuropĂ©ens, figure emblĂ©matique de lasagesse, adresse un discours, d’abord Ă  ses compatriotes il leur reproche de s’émouvoir du dĂ©part de ceux qu’il considĂšre comme des envahisseurs, leur rappelant que c’est plutĂŽt leur arrivĂ©e sur l’üle qu’il faut dĂ©plorer. Il les met en garde contre leur Ă©ventuel retour, qui serait fatal pour chacun d’eux et il leur prĂ©voit un avenir sombre 
 un jour, vous servirez sous eux, aussi corrompus,aussi vils, aussi malheureux qu’eux. » Puis il s’adresse Ă  Bougainville, le chef des brigands », avec mĂ©pris. Il le blĂąme de son influence nĂ©faste sur les Tahitiens et fait un portrait machiavĂ©lique des EuropĂ©ens qui ont eu pour seul but de dĂ©truire leur bonheur. TrĂšs rapidement le discours se transforme en un Ă©loge de la vie sauvage et un rĂ©quisitoire contre les EuropĂ©ens. Il Ă©numĂšre lesdiffĂ©rents mĂ©faits causĂ©s par l’expĂ©dition les dĂ©naturer, Ă©veiller en eux la jalousie et la rivalitĂ©, violer leur libertĂ©, voler leurs biens, ne pas les avoir respectĂ©s comme eux-mĂȘmes les avaient respectĂ©s, les pervertir et leur apprendre le mal. Par delĂ  cette accusation, on peut lire une satire de l’attitude des peuples dits civilisĂ©s qui ne sont que des empoisonneurs des nations ». Pour finir, ilimplore la malĂ©diction pour Bougainville et son Ă©quipage Va, et puissent les mers coupables qui t’ont Ă©pargnĂ© dans ton voyage, s’absoudre et nous venger en t’engloutissant avant ton retour. ». A et B ne commentent pas vraiment les propos du vieillard mais ils s’attardent Ă  justifier la vĂ©racitĂ© du discours. En effet, ce passage n’existe pas chez Bougainville et Diderot, pour donner de la


ƒuvrepolĂ©mique, le SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville pose les bases d'une sociĂ©tĂ© dans laquelle le respect de la nature se rapproche du mythe du bon sauvage. Il ne faut pas y voir, cependant, le modĂšle unique prĂŽnĂ© par le philosophe. Le SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville est composĂ© de cinq parties. ï»ż- critiquer la sociĂ©tĂ© occidentale regard Ă©loignĂ© - dĂ©finir un idĂ©al Critique de la civilisation occidentale Quatre points de vue contribuent Ă  cette critique ceux du vieux tahitien, d'Orou, de Polly Baker et de B. Quelle direction prend cette critique ? Critique politique colonialisme et esclavage v vieux tahitien et colonialisme des occidentaux v missions des jĂ©suites et esclavage des indiens au Paraguay - Travail forcĂ© "travail assidu", "s'abreuvait de leur sueur", "un fouet Ă  la main" - DĂ©nonciation des jĂ©suites dĂ©signĂ©s par une pĂ©riphrase "ces cruels Spartiates en jaquettes noires" - Critique implicite de la religion utilisĂ©e Ă  des fins politiques pour les maintenir en esclavage "sous l'abrutissement de la superstition" ĆŸ deux points de vue convergents contre le colonialisme Critique religieuse Dialogue entre Orou et l'aumĂŽnier. Pas d'Ă©vocation d'une religion des tahitiens reprĂ©sentation du matĂ©rialisme athĂ©e de Diderot ne croire qu'Ă  la nature, au monde physique. Deux aspects principaux sont critiquĂ©s v La conception mĂ©taphysique de Dieu, les superstitions et la Bible Diderot se moque de la Bible Ă  laquelle Orou fait allusion - p. 59 "un jour on te dirait tue
" allusion ironique aux 10 commandements et aux interdits alimentaires - dĂ©bat sur l'inceste Orou rappelle qu'il y en a forcĂ©ment eu au dĂ©but Adam et Eve - Ironie et dĂ©monstration par l'absurde contradiction dogme moral ≠ texte biblique v Les couvents - moines et nonnes oisifs et inutiles socialement "Que faite vous donc?" "Rien." - vƓux de chastetĂ© contre nature, rebaptisĂ© ironiquement "vƓux de stĂ©rilitĂ©" DĂ©noncĂ©s dans leurs consĂ©quences - non respect de la loi le moine y est-il bien fidĂšle?" ĆŸ introduit l'hypocrisie - destruction de l'individu "sĂšchent de douleur, pĂ©rissent d'ennui" Critique des lois Cette critique est au cƓur de l'ouvrage. "Nous parlerons contre les lois insensĂ©es jusqu'Ă  ce qu'on les rĂ©forme" ThĂ©orie des trois codes naturel, civil et religieux Les sources de ces trois lois - code religieux dieu Ă  travers la Bible, mais aussi le dogme des prĂȘtres et des thĂ©ologiens - code civil les magistrats pouvoir politique et judiciaire - code naturel la nature Contradiction entre ces trois codes qui entraĂźnent le malheur Lois religieuses et civiles infondĂ©es Elles sont faites dans l'intĂ©rĂȘt de quelque uns et ne seraient pas en contradiction si elles n'Ă©taient pas arbitraires. DĂ©chirement interne de l'homme Les actes considĂ©rĂ©s comme des crimes point de vue civil ou des pĂ©chĂ©s point de vue religieux sont autorisĂ©s par la nature. ĆŸ Mise en Ă©vidence de la contradiction entre les lois occidentales et la loi naturelle qui engendre la souffrance. Il peut aussi y avoir contradiction entre les lois civile et religieuse. Loi du mariage et rĂ©pression de la sexualitĂ© Passage virulent qui dĂ©nonce le caractĂšre insensĂ© des lois. Utilisation du style coupĂ©, accumulation et Ă©numĂ©ration. Tableaux qui dĂ©noncent les effets de la condamnation de la sexualitĂ© - l'interdit engendre la transgression en le rendant plus dĂ©sirable ĆŸ dĂ©bauche et libertinage - la clandestinitĂ© introduit le mensonge et l'hypocrisie - crimes non nĂ©gligeables infanticides et abandons d'enfants illĂ©gitimes ĆŸ Paradoxe car la loi, censĂ©e rendre les gens vertueux, gĂ©nĂšre le vice et la corruption Chapitre V point de vue de B convergent avec les critiques ci-dessus Les trois lois se contredisent "Or comment voulez-vous que des lois s'observent quand elles se contredisent ?" Solution dĂ©duite par A - suppression de la loi religieuse "peut-ĂȘtre superflue" - "la loi civile ne doit ĂȘtre que l'Ă©nonciation de la loi de la nature" ĆŸ Invitation Ă  la rĂ©forme Conflit et dĂ©chirement, dualitĂ© chez l'homme artificiel = homme moral Trois points de vue convergent B ; Orou et Polly Baker Illustration par le conte de l'aumĂŽnier, homme de religion Incarne la loi religieuse et morale - il est "naif" et l'homme du prĂ©jugĂ© - il critique le libertinage - conception de le sexualitĂ© comme un crime, un pĂ©chĂ© ExcĂšs verbal et vocabulaire hyperbolique "des crimes, des crimes Ă©normes !" ĆŸ reflet du fanatisme religieux Reste dans la rĂ©pĂ©tition et refuse le raisonnement "tu m'embarrasses, et tu as beau dire [
] et parlons d'autre chose" Incarne le conflit interne Conflit illustrĂ© par une sorte de comĂ©die Ă  56 - scĂšne de tentation "aussi pressante tentation" RĂ©pĂ©tition comique "et mon Ă©tat, et ma religion" convention religieuse Son corps trahit son dĂ©sir et exprime la nature dans une sorte de pantomime "il s'agitait, il se tourmentait ; il dĂ©tournait ses regards" ĆŸPersonnage ridicule, contradiction propos/corps RĂ©futation par l'exemple du vƓu de chastetĂ© Le prĂȘtre finit par cĂ©der quatre fois. Evolution du personnage. "naĂŻf aumĂŽnier" ĆŸ "bon aumĂŽnier" Conversion Inversion ironique c'est le prĂȘtre qui est convertit, d'abord sur son point de vue sur la sociĂ©tĂ© occidentale puis dans l'acte sexuel. "cela ressemble" "je craint bien que ce sauvage n'ait raison" jugement de A sur l'aumĂŽnier "poli" rĂ©fĂ©rence Ă  la politesse de Tahiti, qui n'a pas le mĂȘme sens en occident. Ă  La vraie honnĂȘtetĂ© est de s'adonner Ă  l'acte sexuel. Renversement des valeurs et attribution Ă  la nature des traits de la civilisation. L'utopie tahitienne Monde idĂ©al, utopie en particulier dans le domaine des relations amoureuses. LibertĂ© sexuelle Cela rĂ©pond aux lois de la nature - Principe d'utilitĂ© procrĂ©ation, enrichit la nation - Principe de plaisir "l'homme a besoin la nuit d'une compagne Ă  son cĂŽtĂ©" ĆŸ Conforme Ă  la fois au bonheur individuel et Ă  l'intĂ©rĂȘt collectif, contrairement Ă  la sociĂ©tĂ© occidentale qui ne concilie pas ces deux aspects. Orou - "Tu est en dĂ©lire, si tu crois qu'il y ait rien [
] qui puisse ajouter ou retrancher aux lois de la nature" - "Sa volontĂ© Ă©ternelle est que le bien soit prĂ©fĂ©rĂ© au mal et le bien gĂ©nĂ©ral au bien particulier" CaractĂ©ristiques de la sociĂ©tĂ© tahitienne Elles sont les consĂ©quences de la libertĂ© sexuelle. Valorisation de la fĂ©conditĂ© car intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, donc valorisation de l'enfant - richesse pour la nation, bonheur pour la famille et la sociĂ©tĂ© - consacre aux enfants 1/6 de leur PIB - enfant reprĂ©sente une dot pour la mĂšre - sĂ©paration des Ă©poux partage Ă©quitable des enfants ĆŸ Perspective nataliste DĂ©finition de la beautĂ© tahitienne - beautĂ© utilitaire "VĂ©nus fĂ©conde" - femme belle = femme capable de donner des enfants robustes Le mariage tahitien DĂ©finition "consentement d'habiter une mĂȘme cabane et de coucher dans un mĂȘme lit tant que nous nous y trouverons bien" ĆŸ durĂ©e dĂ©finie par le bonheur des Ă©poux union libre Des limites qui semblent logiques car proches de la loi naturelle - de durĂ©e pour une question de paternitĂ© "d'une lune Ă  l'autre" ou si la femme est enceinte - d'Ăąge celui de la pubertĂ© et de la nubilitĂ© rĂŽle social du vĂȘtement Lors de l'atteinte de la pubertĂ©, sorte de fĂȘte, d'Ă©mancipation du jeune. Exaltation euphorique de la nuditĂ© et dĂ©valorisation de la pudeur. Autre contrainte choix des Ă©poux - "l'un peut solliciter [
] accepter ou refuser les caresses" Certaine libertĂ© de choix, mais limite car les parents jouent un rĂŽle en les conseillant sur leur choix. B dĂ©finit deux critĂšres de choix - physiologique fĂ©conditĂ© - physique mais ramenĂ© Ă  utilitaire LibertĂ© amoureuse qui va jusqu'Ă  l'inceste et fait tomber un tabou occidental Pas de prohibition de l'inceste cf. - argument biblique - principe d'utilitĂ© cas de la mort de la mĂšre ou du pĂšre logique de procrĂ©ation Restriction lĂ©gitime au nom de la procrĂ©ation Pas interdit mais rare loi de la nature "la disparitĂ© d'Ăąge" Au nom de la nature attirance pour quelqu'un de plus ĂągĂ© peut ĂȘtre naturel Utopie dans le domaine de l'Ă©conomie et de la sociĂ©tĂ© - rĂ©duction de leurs besoins Ă  l'essentiel - valeurs inverses de la sociĂ©tĂ© de consommation occidentale ĆŸsociĂ©tĂ© occidentale qui valorise la peine et le travail ĆŸsociĂ©tĂ© tahitienne qui valorise le repos et le plaisir - absence de la notion de propriĂ©tĂ© "tout est Ă  tous" les femmes et les biens - sorte de communisme primitif "les travaux et les rĂ©coltes s'y faisaient en commun" ĆŸpas de tensions ou conflits internes, de guerres civiles ĆŸpas de guerre avec les autres pays pour des raisons Ă©conomiques Ă  Dimension pacifique. La base de la richesse tahitienne est les enfants en occident marchandises et biens "criculation d'hommes, de femmes, d'enfant ou de bras" Utopie car sociĂ©tĂ© heureuse qui fonctionne bien, grĂące Ă  deux principes - communisme primitif tous les biens sont en communs - hĂ©donisme plaisir au premier plan Remise en cause de l'idĂ©al tahitien Diderot ne donne pas la sociĂ©tĂ© tahitienne comme modĂšle d'une sociĂ©tĂ© idĂ©ale, ironie permanente. AmbiguĂŻtĂ© dans la sociĂ©tĂ© Il rĂšgne Ă  Tahiti le code de la nature, une libertĂ© amoureuse qui va jusqu'Ă  l'autorisation de l'inceste mais tout les ĂȘtres y ont-ils droits ? La libertĂ© de l'amour est-elle absolue? Retour de l'interdit Trois types de voiles dĂ©signant les femmes interdites Ă  l'amour invention de Diderot - voile blanc jeunes filles non nubiles - voile noir stĂ©rilitĂ© de naissance ou d'Ăąge - voile gris menstruations "maladie pĂ©riodique" Punition qui suit cet interdit, chĂątiment quand on soulĂšve son voile - blĂąme - esclavage ou exil - emprisonnement Ăš L'interdit concerne les femmes en Ă©tat de stĂ©rilitĂ©. La libertĂ© amoureuse n'est donc pas totale puisque le plaisir sexuel est assujetti Ă  la procrĂ©ation. Libertinage = gaspiller son Ă©nergie sexuelle en dissociant le plaisir de la procrĂ©ation Pas tellement diffĂ©rent du mariage chrĂ©tien sauf dans la notion de pĂ©chĂ©. RĂ©ification des femmes et des enfants rĂ©ifier= rĂ©duire Ă  l'Ă©tat d'objet Les femmes sont une propriĂ©tĂ© Rien n'est dit de la stĂ©rilitĂ© des hommes, quasi soumission des femmes au dĂ©sir masculin. "Nos femmes nous sont communes" propriĂ©tĂ© collective mais la rĂ©ciproque n'est pas vraie hospitalitĂ© tahitienne = offrir une fille Contradiction libertĂ© de mƓurs mais obligation pour les femmes. "Elles m'appartiennent et je te les offre" Orou entre en contradiction avec lui-mĂȘme pas de droit de propriĂ©tĂ© sur les ĂȘtres Les enfants sont rĂ©duits Ă  des objets Marchandise qu'on Ă©change et partage "objet d'intĂ©rĂȘt et de richesse" Il est une dot pour la mĂšre.
SupplĂ©mentau voyage de Bougainville par Denis Diderot RĂ©sumĂ© Deux personnages discutent : B – le porte-parole de l’auteur – rapporte avec enthousiasme Ă  A les singularitĂ©s du Voyage
Acheter SupplĂ©ment au voyage de Bougainville de Denis Diderot d'occasion. chez Flammarion Genre LittĂ©rature 186 pages Paru en 1972 dans cette collection EAN 9782080702524 C'est en 1772, un an aprĂšs la parution du Voyage autour du monde du baron de Bougainville que l'auteur de Jacques le Fataliste imagine de lui donner ce supplĂ©ment», sous la forme d'un dialogue plaisant et malicieux, non dĂ©pourvu d'audace philosophique . On y voit notamment l'aumĂŽnier de l'expĂ©dition invitĂ© par le Tahitien Orou, son hĂŽte, Ă  choisir entre sa femme et ses trois filles celle avec qui il lui plaira de passer la nuit. S'ensuit un vif Ă©change oĂč l'Ă©tat de nature et la libertĂ© des moeurs triomphent aisĂ©ment de nos Conventions. L'affirmation des droits de la Raison, la passion de la connaissance et des dĂ©couvertes, la hardiesse des hypothĂšses philosophiques et morales de l'Ă©crivain, font de ce dialogue Ă©tincelant et allĂšgre un des sommets de la littĂ©rature et de la pensĂ©e des LumiĂšres. Source Le Livre de Poche

Résumé Les protagonistes du dialogue de Diderot, A et B, discutent du Voyage autour du monde du navigateur français Louis Antoine de Bougainville récemment paru (en 1771).B propose de parcourir un prétendu Supplément qui remet en question certaines prétendues évidences énoncées par Bougainville, premier français ayant fait le tour du monde.. Deux passages de ce

SupplĂ©ment au voyage de Bougainville le mode de vie des Tahitiens comme modĂšle des LumiĂšres Nous vous proposons ici un voyage vers des contrĂ©es caressĂ©es par les alizĂ©s avec l’esprit critique de Denis Diderot 1713-1784. En effet, dans ce RĂ©sumĂ© de SupplĂ©ment au voyage de Bougainville, vous dĂ©couvrirez que le philosophe des lumiĂšres est critique quant Ă  ce qu’il a pu lire du Voyage autour du monde de l’explorateur et navigateur français Louis-Antoine de Bougainville 1729-1811, paru en 1771. Ce journal de bord relate la circumnavigation de Bougainville entre 1766 et 1769. Dans son SupplĂ©ment au voyage de Bougainville, Denis Diderot met en scĂšne deux protagonistes nommĂ©s A et B. B souhaite prĂ©senter un soi-disant supplĂ©ment au rĂ©cit de Bougainville remettant en question certains faits. Cinq chapitres dĂ©veloppent cet argumentaire. Chapitre 1 Amorce du rĂ©cit et considĂ©rations gĂ©nĂ©rales sur le voyage de Bougainville Dans ce premier chapitre du SupplĂ©ment au voyage de Bougainville, les deux personnages attendent que le brouillard disparaisse afin de pouvoir continuer leur cheminement. Dans cette attente, B lit le Voyage autour du monde du cĂ©lĂšbre navigateur ainsi qu’un soit-disant supplĂ©ment Ă  ce rĂ©cit. A n’a jamais lu ledit ouvrage et questionne son compagnon sur la nature de l’auteur. B rĂ©sume ainsi les grandes Ă©tapes de ce pĂ©riple autour du monde. B aborde les difficultĂ©s rencontrĂ©es par les deux navires de l’expĂ©dition La Boudeuse et L’Etoile lutte contre les Ă©lĂ©ments naturels, avaries, maladies, rationnement, etc. La navigation n’était pas chose aisĂ©e mĂȘme au SiĂšcle des LumiĂšres. Puis B Ă©voque certains faits relatĂ©s dans divers autres rĂ©cits de voyage l’expansionnisme colonial des JĂ©suites du Paraguay et leur expulsion, la rumeur des gĂ©ants vivants en Patagonie, la sagesse et la qualitĂ© de vie des habitants des Ăźles du Pacifique ou encore l’histoire du Tahitien, Aotourou, qui accompagna Bougainville jusqu’en mĂ©tropole. A dĂ©montre un vif intĂ©rĂȘt pour ce SupplĂ©ment au voyage de Bougainville. B l’encourage alors dans la lecture de ce rĂ©cit complĂ©mentaire. Dans le chapitre suivant, notre RĂ©sumĂ© de SupplĂ©ment au voyage de Bougainville prĂ©sente un supposĂ© extrait du SupplĂ©ment dont B faisait l’éloge Ă  A. Chapitre 2 L’hostilitĂ© du vieux Tahitien Ă  l’encontre de Bougainville Dans la suite du SupplĂ©ment au voyage de Bougainville, Denis Diderot donne la rĂ©plique Ă  un vieillard indigĂšne qui reproche aux habitants de l’üle d’ĂȘtre tristes du dĂ©part des Français. En tant que figure de sagesse, les propos du vieillard sont forts. Il considĂšre les voyageurs comme des envahisseurs. Leur visite ne doit pas ĂȘtre un sujet de joie mais d’inquiĂ©tude. Quand ils reviendront, ils corrompront son peuple avec leurs mƓurs divergentes et mauvaises. Dans ce passage du SupplĂ©ment au voyage de Bougainville, le vieillard s’adresse directement Ă  Bougainville qu’il nomme chef des brigands ». L’influence de son Ă©quipage est mauvaise pour les Tahitiens. Le bonheur Ă©dĂ©nique » de ces derniers est troublĂ©. Le lecteur est littĂ©ralement plongĂ© dans un rĂ©quisitoire pour dĂ©fendre la vie sauvage des insulaires face Ă  la prĂ©tendue civilisation europĂ©enne. Le vieux Tahitien va jusqu’à souhaiter la mort de Bougainville et de son Ă©quipage sur le chemin du retour. Ainsi garderont-ils secrĂšte la dĂ©couverte de Tahiti. Dans son SupplĂ©ment au voyage de Bougainville, Denis Diderot affirme que Bougainville a vraiment vĂ©cu cette entrevue avec le vieux Tahitien mais qu’il n’a pas voulu la retranscrire en raison de son hostilitĂ©. Dans la suite de notre RĂ©sumĂ© de SupplĂ©ment au voyage de Bougainville, nous verrons que Diderot offre Ă  son lecteur un prĂ©tendu passage du SupplĂ©ment que lit B. Chapitres 3 et 4 du livre de Diderot l’entretien entre un Tahitien et un jĂ©suite Deux personnages sont introduits. Orou, un hĂŽte ĂągĂ© d’une trentaine d’annĂ©es qui est mariĂ© et pĂšre de trois filles. Un aumĂŽnier jĂ©suite du mĂȘme Ăąge qu’Orou. Un fait Ă©tonnant mais Ă©tabli dans les mƓurs tahitiennes, l’hĂŽte offre une de ses quatre Ă©pouses Ă  l’aumĂŽnier pour la nuit. L’Occidental refuse au nom de sa religion. Une conversation s’amorce entre les deux hommes. Orou souhaite que le religieux s’accommode des mƓurs tahitiennes. Le jĂ©suite cĂšde et passe la nuit avec la plus jeune des filles d’Orou, qui se nomme Thia. Un siĂšcle plus tard, le peintre Paul Gauguin 1848-1903 n’aura pas Ă  se faire prier pour passer des moments voluptueux avec de jeunes tahitiennes. Au matin suivant, Orou souhaite savoir ce que signifie la religion ». Un discours thĂ©ologique s’amorce alors dans ce SupplĂ©ment au voyage de Bougainville . Le JĂ©suite devise sur la conception chrĂ©tienne du cosmos. Tout ce qui existe est l’Ɠuvre de Dieu, le Tout-Puissant. Il est Ă©ternel et insaisissable. La question du Bien et du Mal est posĂ©e. Le religieux prĂ©sente le Dieu chrĂ©tien enfermĂ© dans un rĂŽle moralisateur. C’est lui qui dicte ce qui est bon et mauvais pour l’homme. Pour Orou, cette vision est inconcevable. Il dĂ©montre au jĂ©suite que sa vision d’un Dieu moralisateur n’est ni conforme Ă  la Nature, ni Ă  la Raison. Denis Diderot expose lĂ  une problĂ©matique chĂšre aux philosophes des LumiĂšres. Pour Orou, les lois qui rĂ©gissent la civilisation occidentale n’ont aucun sens. Les injonctions morales, sociales et juridiques ne signifient rien. Continuons notre RĂ©sumĂ© de SupplĂ©ment au voyage de Bougainville en abordant le point du de vue d’Orou sur bien des sujets qui opposent la civilisation europĂ©enne et la civilisation polynĂ©sienne. Selon le Tahitien, dans une union, le culte de la maternitĂ© prĂ©vaut. La richesse d’une communautĂ© rĂ©side dans les enfants. Enfin, l’importance des rituels est primordiale pour la cohĂ©sion du groupe. Le RĂ©sumĂ© de SupplĂ©ment au voyage de Bougainville se poursuit avec le chapitre 4 qui est une continuitĂ© de l’entretien entre Orou et le jĂ©suite. Ce dernier a du mal Ă  saisir la notion de libertinage amoureux tant rĂ©pandu chez les Tahitiens. En effet, pour les insulaires la procrĂ©ation est au centre de tous les rituels de la communautĂ©. Les transgresser, c’est tabou », pour reprendre le terme exacte qui est dĂ©veloppĂ© longuement par Herman Melville dans son ouvrage TaĂŻpi 1846. Ce rĂ©cit autobiographique se dĂ©roule sur une des Ăźles de l’archipel des Marquises. Diderot profite de cet Ă©change pour fustiger les vƓux de chastetĂ© du clergĂ© catholique. Ce vƓu est contraire Ă  la nature et donc Ă  la raison. Dans la suite de notre RĂ©sumĂ© de SupplĂ©ment au voyage de Bougainville, nous reprendrons le dialogue entre nos deux protagonistes d’origine, A et B. Chapitre 5 Suite et fin du dialogue entre A et B A et B continuent d’échanger Ă  propos des mƓurs tahitiennes. Bien entendu, ils les approuvent. Denis Diderot leur fait dire que la civilisation occidentale a asservi les hommes avec des lois artificielles et contraires Ă  la nature. Pour le philosophe des LumiĂšres, les sociĂ©tĂ©s europĂ©ennes ont tort de ne pas vouloir laisser les hommes vivre selon les lois de la nature. La morale et la religion sont prĂ©sentĂ©es comme les sources du malheur de l’EuropĂ©en. Il a perdu sa nature Ă©dĂ©nique, pourrait-on dire. Au3K44v.